1 - La Bretagne au temps des "Carolingiens" et de Nominoë/Erispoë au IXème siècle, Alain Barbetorte au Xème siècle

     2 - Pierre Mauclerc au XIIIème siècle et les "Hermines bretonnes"et 1379 Jean IV "An Alarc'h"

     3 - François II, la Bataille de St Aubin du Cormier (1488) et le devenir d'Anne de Bretagne

   4- Acigné et la Duchesse Anne de Bretagne

     5 - La "Malédiction" du château d'Acigné, enquête avec des hypothèses

     6 - La légende du roi Arthur  et "Les légendes arthuriennes : une histoire politique du XIIè siècle" 

          Fabliaux,  Chrétien de Troyes, le Roman de Renart, la Chanson de Roland - Centre de l'Imaginaire Arthurien/Comper 56

          

                                                                                                     -=0&0=-

                                                            Périodes transitoires entre Romains et Royaume de Bretagne (383 à 690). L'ARMORIQUE après l'invasion des Romains 52 av JC (Jules César, ...) : version la plus "élargie" des hypothèses issues de 5 sources, Goeffroy de Monmouth, Pierre de Baud, Alain Bouchard, Bertrand d'Argentré et Dom Morice:     Conan Mériadec 383-421, Gradlon 392-405 ou 435-445, Salomon Ier 405-435, Aldrien 445-464, Erec ou Guérec 464-472, Eusébius 472-490, Budic 422-509, Hoël le Grand 448-545 (.../...), Hoël II 505-560, Alain Ier 547-560,    Hoël III 593-640, Judicaël ou Salomon II 612-660, Alain II Le Grand (ou Long) 638-690       

  Doutes sur la généalogie selon des écrits du XIè siècle, Dol de Bretagne, précisant seulement les noms de Riwal, Gradlon, Daniel Drem Rud, Judicaël et l'Abbaye de Landévennec : Riwall, Gradlon. Conan Mériadec n'y est pas cité mais il est attesté comme neveu d'Octavius dans Historia regum Britanniae. 

     septembre 851 : création du Royaume de Bretagne par Erispoë , fils de Nominoë, suite à la bataille de JENGLAND (Beslé, à l'est de Redon).

     863/867 : Nominoë s'étant déjà aventuré dans le Loir-et-Cher pour y mourir en 851, Salomon agrandira la Bretagne avec l'apport de l'Anjou, l'Avranchin, le Cotentin, le Maine et la Touraine (Traités d'Entrammes et Compiègne avec Charles le Chauve).

     952 : à la mort du dernier roi de Bretagne, Alain Barbe-Torte, on assiste à une anarchie durant deux siècles entre Nantes, Rennes et Cornouaille.

  1166 : les Anglo-Normands Plantagenets, dont Henri II époux d'Aliénor d'Aquitaine, Richard Coeur de Lion, ... seront les maîtres de la Bretagne jusqu'en 1213 (Mauclerc). Guerre de Succession, Traité de Guérande en 1365, Jean IV puis son fils Jean V le Sage en 1399 ". 

    1491 : Anne, fille du dernier duc de Bretagne, épouse Charles VIII, roi de France. Leurs quatre enfants ne survivent pas et le roi se tue accidentellement à 28 ans. 1499 : Anne épouse Louis XII, roi de France. Sur quatre enfants, seule leur fille Claude survit, laquelle épousera en 1514 François d'Angoulême, le futur François Ier.

     1532 : le 13 août, l'Edit d'Union au Royaume de France est ratifié par le Parlement de Vannes. 1536, mort du dauphin, fils de François Ier et de Claude de France, dernier duc couronné de Bretagne sous le nom de François III. On parle ensuite d'une longue période dite de l'"âge d'or" jusqu'en 1675. "Pendant cette période florissante la Bretagne était la seule province française où l'on pouvait changer n'importe quelle somme de numéraire, dans n'importe quel village. Plus de la moitié de la richesse mobilière française était aux mains des Bretons, marchands ou banquiers, Vitréens ou Léonards, opérant à l'étranger; notamment sur la péninsule ibérique gorgée de l'or des Amériques. Le Duc de Bretagne, François II, et la famille de Rohan, héritière du richissime Olivier de Clisson, étaient l'un comme l'autre plus riche que le roi de France." Claude Champaud "A jamais la Bretagne" 

Territoires et limites géographiques : selon Pierre de BAUD, aumônier de la Duchesse Anne de Bretagne au XVème siècle: "La Bretagne a ses limites immuables car enracinées dans l'immémorial, ses frontières naturelles déterminées par les fleuves du Couesnon, de Sélune (Nota : vers St Hilaire-du-Harcouêt Manche), de Mayenne et de Loire au-delà desquels le Breton est en exil."

     ERISPOE, fils de NOMINOE, se nommera en 851 "Prince de Bretagne et jusqu'au fleuve de Mayenne". Nos deux romanciers Balzac et Hugo désignent les départements de l'Ouest sous le nom de "Vendée". Dans les "Chouans", Balzac : "...Marche-à-Terre, du Pays des gars... en étendant sa rude et large main vers Ernée, là est le Maine, et là finit la Bretagne..."Victor Hugo : 1836 lettre : "il y a dix villes comme cela en Bretagne , Vitré, Sainte-Suzanne, Mayenne, Dinan, Lamballe, (Lassay) etc."Quatre-Vingt Treize" : "Passer la Loire était impossible à la Vendée. Elle pouvait tout, excepté cette enjambée... Passer la Loire tue La Rochejaquelein".  Il faut aussi noter avec Balzac "le secret de la guerre des chouans,les haies et les échaliers: construire ces clôtures formidables dont les permanents obstacles rendent le pays imprenable, et la guerre des masses impossible.  Alors se révèle l'insuccès nécessaire d'une lutte entre des troupes régulières et des partisans; car cinq cents hommes peuvent défier les troupes d'un royaume....c'était des Sauvages qui servaient Dieu et le roi, à la manière dont les Mohicans font la guerre."

     1 - La Bretagne au temps des "Carolingiens" et de NOMINOE/ERISPOE - Alain BARBETORTE au Xè siècle

     Au début du IXè siècle le Carolingien Louis Le Pieux, "lassé de ne pouvoir contenir les Bretons", "s'appuie" sur le comte de Vannes Nominoë, prince inconnu alors, en le nommant "missus" en 825. A la mort de l'Empereur en 840 le Royaume franc est partagé entre l'aîné Lothaire et Charles, né d'un second mariage.Les querelles des deux frères profitent à Nominoë qui se sent dégagé de son serment et décide de faire "cavalier seul" en Bretagne et au-delà. A compter de 843, Charles le Chauve, roi de Francie occidentale, monte trois vaines expéditions contre les Bretons.

 Nominoë et les Rois de Bretagne, une série  réalisée par Olivier Caillebot, conseiller scientifique Jean-Jacques Monnier

  • Episode 1Nominoé et les rois de Bretagne 
  • Episode 2. Cap sur Redon et son abbaye. Bains-sur-Oust : futur mémorial avec Georges Migaud Délégué de la fondation du Patrimoine pour le Pays de Redon, Louis Appéry Président de “Pouellgor gouel Ballon”, John Morzadec et Antoine Martel “Frériens”.
  • Episode 3. Dans ce troisième volet, l'Historien Frédéric Morvan et Georges Migaud délégué du patrimoine du pays de Redon, mettent en lumière la gouvernance de la Bretagne au 10 ème siècle.
  • Episode 4Ce quatrième épisode nous entraîne près d'Auxerre, à Fontenoy-en-Puisaye, lieu de la bataille qui déclencha la partition en trois entités de l'Empire de Charlemagne avec des répercussions sur l'équilibre des forces en Bretagne.

 Parmi celles-ci le 22 août 845 : la bataille de Ballon, lieu situé en Bains-sur-Oust (marais de Baen) au nord de Redon (Ros ou Roton); d'après la "Chronique de Réginon de Prüm. L'alliance de Charles Le Chauve et de son frère Louis Le Germanique explique la présence de mercenaires saxons sur la première ligne du front.

     "Les Bretons prennent les armes,violent les frontières du royaume des Francs et s'avancent jusqu'aux environs de Poitiers, semant partout le meurtre, le pillage, l'incendie, puis rentrent chez eux chargés d'un immense butin. Pour réprimer cette insolente audace, Charles à la tête d'une grande armée entre en Bretagne et livre bataille aux Bretons. Les troupes saxonnes, que le roi avait soudoyées pour soutenir les attaques rapides et les retours à l'improviste de la cavalerie bretonne, sont placées en première ligne. Mais dès la première charge des Bretons et dès leur première volée de javelots, les Saxons vont se cacher derrière les autres troupes.

     Les Bretons, selon leur coutume et montant des chevaux dressés à ce genre de combat, courent de côté et d'autre. Tantôt ils donnent impétueusement, avec toutes leurs forces, dans la masse serrée des bataillons francs et les criblent de leurs javelots; tantôt ils font mine de fuir, et les ennemis lancés à leur poursuite n'en reçoivent pas moins leurs traits en pleine poitrine. Accoutumés à combattre de près lance contre lance, les francs restent immobiles, frappés d'étonnement, effrayés de ce nouveau péril qui leur était inconnu; ils ne sont point équipés pour poursuivre ces troupes légères, et s'ils les attendent rangés en ligne serrée, ils n'ont contre leurs coups aucun abri.

     La nuit interrompit la bataille. Les Francs avaient beaucoup de morts, un plus grand nombre de blessés, une foule énorme de chevaux hors de combat. Le jour suivant, la lutte recommence et s'achève pour les Francs par un désastre encore pire. Ecrasé par une immense terreur, le roi s'enfuit au milieu de la nuit à l'insu de son armée, laissant là son pavillon, sa tente, tous ses ornements royaux.

     Le lendemain matin, en apprenant la fuite du roi, l'armée est prise de panique et ne songe qu'à l'imiter. Les Bretons se jettent sur les Francs avec de grands cris, envahissent le camp tout pleins de richesses et y font un grand butin. En même temps ils poursuivent les fuyards, tuent ou font prisonniers tous ceux qu'ils peuvent rejoindre; les autres se sauvent à toutes jambes. Ainsi enrichis des dépouilles des Francs et munis de leurs armes, les Bretons rentrent dans leurs foyers."

Nota : BALLON "Pays Gallo" : acte fondateur de la Bretagne indépendante... De nos jours l'association "Poellgor Gouel Ballon" souhaite ériger un mémorial sur le lieu de bataille. Les plans d'une oeuvre d'art, imaginée par Jean-Pierre BAUDU de l'agence Fouet Cocher, sont prêts. Des sponsors se sont engagés (dont les frères Guillemot de Carentoir, le Conseil régional, ...) 

    Après la mort soudaine de Nominoë à Vendôme  le 7 mars 851 son fils Erispöé inflige à Charles le Chauve (le 22 août) une nouvelle défaite à Jengland, sur la rive gauche de la "Vilaine" après trois jours de bataille acharnée. Erispoë se nommera "prince de la Bretagne et jusqu'au fleuve de Mayenne" avec cette phrase en breton : "Doué zo en nenv,ha tiern é breizh" (il y a Dieu au ciel, et un chef en Bretagne). En septembre 851 la rencontre d'Angers scelle la paix entre Erispoë et Charles le Chauve. "On peut considérer ce traité comme l'acte de naissance de la Bretagne", selon l'historien brestois Joël Cornette. Ancien territoire "Pictons",  le sud Loire "Pays de Retz" est rattaché à la Bretagne.

     "L'an 857, Erispoë fut tué par Salomon et Alcmar, Bretons comme lui, avec lesquels il était en désaccord. Ils l'attaquèrent lâchement et, usant de ruse, ils le tuèrent sur l'autel tandis qu'il invoquait la protection de Dieu. Salomon, saisissant la couronne, objet de son ambition criminelle, la plaça sur sa tête." Annales de Saint Bertin

     En 874, la conspiration de son gendre Pacweten et Gurvant ,gendre d'Erispoë, aboutira à la mort de Salomon. Période d'instabilité avec les raids des pirates Vikings, dits Normands/"Northmen".En cette fin de siècle Alain le Grand, dernier Roi de Bretagne, réunira la Bretagne "celtique" avec la "marche" d'Armorique de langue romane (888 - 908).

    Alain BARBETORTE ou Al Louarn (le renard) en breton. Ce Comte du Poher fut le premier Duc de Bretagne en 936 et jusqu'à sa mort en 952. Il était aussi le petit-fils d'Alain Le Grand.

     Au début du Xème siècle les VIKINGS (ou pirates normands) changent de stratégie : les raids avec pillages sont remplacés par des "principautés" en Angleterre, en Irlande . En Normandie, le Traité de St-Clair-sur-Epte de 911 avec le roi de France Charles le Simple donnera la ville de Rouen au chef viking Rollon qui deviendra le premier Duc de Normandie. Le fait le plus marquant est la destruction de l'abbaye bretonne de Landévennec en 913. S'en suivra l'exil de l'aristocratie bretonne jusqu'en 935, date à laquelle Alain Barbetorte débarquera près de Dol-de-Bretagne avec une troupe d'exilés bretons (ainsi que des anglais), et chassera les Vikings jusqu'à Nantes dont il fera sa capitale de Bretagne.

     La grande victoire majeure sur les Vikings n'interviendra cependant que le 1er août 939 à Trans, sur les bords du Couesnon, avec l'appui des comtes de Rennes et du Mans. Cette date du 1er août deviendra la "Fête nationale des Bretons". La Bretagne ducale indépendante : 1er août 939 - 1532 rattachement à la France.

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     Les Rois Mérovingiens et Carolingiens considéraient le royaume non comme un Etat, mais comme un "domaine" dont ils étaient les propriétaires. D'où partage à peu près équitable entre les fils à la mort du père, sans souci géographique. Jusqu'au Xè siècle, chaque fois que la France est entre les mains d'un seul Roi, c'est que celui-ci est fils unique ou que la mort, naturelle ou provoquée, de ses frères, lui a permis de reconstituer l'unité du "domaine". Les premiers Capétiens, très modestes propriétaires, sentirent la nécessité de léguer le "domaine" à leur seul aîné. D'où des conflits et la coutume des "apanages" pour dédommager les cadets.Ainsi, au VIè siècle, Paris était une parcelle de l'héritage de Caribert.A sa mort, la ville avait été partagée en trois parts, mais aucun des frères ne devaient y entrer sans le consentement des deux autres.On peut signaler le Roi mérovingien CHILPéRIC Ier, petit-fils de Clovis qui, au VIè siècle, avait une personnalité curieuse avec des goûts artistiques, composant des vers latins, des hymnes, féministe pour que la femme ait droit à la succession du mari défunt, contraire à la loi salique, linguiste par de nouveaux caractères des sons germaniques que n'exprime pas l'alphabet latin, théologien...Il sera assassiné vers 584.

          Généalogie de Clovis (481 - 511) ; 4 fils reconnus : Thierry, Clodomir, Childebert I et le sucesseur Clotaire I (511 - 561). Le partage entre fils donnera Caribert roi de Paris et la Gaule Ouest et Gontran roi d'Orléans et un morceau de Provence. Intéressons nous aux deux autres fils Sigebert roi d'Austrasie (Est de la Francie, Auvergne et autre morceau de Provence) (561 - 575) avec son sucesseur Childebert II (575 - 597) puis partage Théodebert et Thierry; puis allons en Neustrie (Nord Ouest de la Francie, de la Somme à la Basse-Loire) avec le roi CHILPéRIC I  (561 , assassiné en 584) , son sucesseur sera  le jeune CLOTAIRE II qui n'a que 4 mois! Enfin nous aurons le très célèbre DAGOBERT I qui régnera de 629 à 639.

 

     Le "DUC" ou la "DUCHESSE" : à l'origine, sens latin de "chef militaire", équivalent au mot d'origine germanique "marquis" ou "margrave", qui commande plusieurs "Comtés". C'est un emploi et non un titre de noblesse.Peu à peu l'usage s'établit de confier au "Duc" les régions frontières.

 

            1066 Les "NORMANDS" (ou Franci/Galli) envahissent l'ANGLETERRE avec la fameuse bataille d' HASTINGS remportée contre le roi saxon Harold par le normand Guillaume le Conquérant , descendant du viking Rollon. Grâce à la fortune de son épouse Mathilde de Flandre, Guillaume Le Conquérant dispose de 1 000 navires et 8 OOO hommes qui débarquent dans le Sussex fin septembre 1066. Le tiers de l'effectif était originaire de Bretagne et occupèrent l'aile gauche à la bataille. Sur ces 2 à 3.000 combattants Bretons la provenance était située entre Lamballe, Loudéac, Gaël en remontant vers Châteaugiron, Vitré et Fougères ...Sur la Tapisserie de Bayeux, tous les combattants sont appelés "Franci (Français) car les Normands étaient épaulés de Bretons, Français d'Ile-de-France, Angevins, Flamands, Bourguignons, Aquitains et même Lombards ou Grecs...Les chroniques latines parlent de "Galli (Gaulois).  Après la victoire d'Hastings le 14 octobre, Guillaume distribue les terres. Ainsi les fils du comte de Penthiève recevront le comté de Richmond. Plus de soixante-cinq mille normands, bretons, angevins, picards, ... franchissent la Manche pour s'installer dans l'Angleterre peuplée alors d'un million deux cent mille habitants. L'Ecosse aura pour Grand Intendant un Fitzalan (Fils d'Alain) ou une reine Stuart, deux familles originaires de Dol-de-Bretagne. Guillaume Le Conquérant décède en 1087 à Rouen.

     Son troisième fils, Henry, âgé de 19 ans se fait alors proclamer roi d'Angleterre, avec le nom de "Beauclerc"; c'était un prince fort instruit. Il récuperera la Normandie à son frère Robert, revenu des Croisades. Sous son règne naîtra l'anglo-normand puis le "roman" appelé à devenir le "françoys" et prononcé le "franswé".

     Après sa mort en Normandie en 1135, notons l'important règne de Henry II  Plantagenêt né dans le Maine-Anjou, parti étudier à 9 ans en Angleterre le latin et les armes. En 1153, à 20 ans, il devient roi d'Angleterre et seigneur d'Irlande, duc de Normandie, comte d'Anjou, du Maine et de Touraine. Le mariage avec Aliénor d'Aquitaine lui apportera le titre de duc d'Aquitaine et dix ans de régence de Bretagne (1166, fiançailles entre son fils Geoffroy,âgé de huit ans, et Constance, âgée de quatre ans,princesse héritière) ; ainsi que huit enfants dont Richard (surnommé Coeur de lion) et Jean (Sans Terre). Sur 35 ans de règne, Henri II en passera seulement quatorze en Angleterre. Il sera enterré à l'Abbaye de Fontevraud en 1189. Bien que né en Angleterre, son fils Richard (surnommé Coeur de lion) n'y vivra que six mois sur dix ans de règne. Il sera élevé en Aquitaine et Poitou par sa mère Aliénor. Lettré et polyglotte il compose des chansons en langue d'oc (doc) et encourage les troubadours occitans.

     Si les ducs résidaient à Nantes, c'est à Rennes qu'ils recevaient leur investiture : le futur duc s'arrêtait hors des murs, puis prêtait serment en jurant de défendre les droits et privilèges de la Bretagne. Il franchissait alors les "PORTES MORDELAISES" PortesMordelaises et, le lendemain, était couronné dans la cathédrale Saint-Pierre. Situées aux bas de la place des Lices, ces portes comportaient deux pont-levis précédés d'un boulevard et présentaient une double porte piétonne et charretière. Elles étaient encadrées par deux tours symétriques, rehaussées de mâchicoulis. Les Lices, extérieurs à la ville fortifiée, servaient aux manifestations médiévales. A l'est, on y avait dressé le pilori qui ne disparut qu'au XIXème siècle. Suite à l'épidémie de peste de 1622, on y plaça le marché le samedi matin. Les enchères de 1658 permirent d'y construire d'immenses maisons de bois et des hôtels de pierre pour y loger les parlementaires rennais. Le 23 décembre 1720, le centre de la ville est en feu : "à un quart de lieue les charbons allumés tombaient gros comme le poing". 845 maisons à pans de bois sont ravagées.  Mais dès 1752 un observateur note que la ville se pare d'arcades en granite aux rez-de-chaussée, d'étages en tuffeau et de toits d'ardoises, pour devenir "l'une des plus jolies capitales que nous ayons dans nos provinces".

     Au XII ème siècle l'aristocratie bretonne s'exprime en français ou en latin, excepté en Basse-Bretagne. Alain IV Fergant (1084 - 1112) fut le dernier duc bretonnant.

    Langues française, anglo-roman, franco-normand : la langue française est en train de perdre de son influence au profit de l'anglo-américain. Pourtant, notre langue aurait pu devenir mondiale au fil des conquêtes et des mariages royaux entre la France et l'Angleterre. Depuis le milieu du XVè siècle l'hégémonie de l'anglais est incontestable dans le monde. Elle est devenue la langue véhiculaire à travers l'économie, l'informatique, la science, l'audiovisuel et le sport. Toutefois, il s'en est fallu de peu pour que la langue anglaise ne soit jamais parlée à la cour d'Angleterre. En effet, à la bataille d'Hastings en 1066, qui voit la victoire de Guillaume sur son rival Harold le saxon dont il s'empare du trône, la langue française - qu'on appelle alors le franco-normand - devient la langue du royaume d'Angleterre et de la noblesse anglo-normande. Une suprématie qui durera pratiquement jusqu'à la victoire de Jeanne d'Arc en 1429 sur les troupes anglaises. Pendant près de trois siècles de conquête française, lois et édits sont publiés en saxon pour le peuple et en français pour l'aristocratie. Mais, après la guerre de Cent Ans, un terme sera mis à l'usage du français à la cour d'Angleterre : il ne sera plus utilisé de façon officielle vers 1450.

                     

2 - Pierre MAUCLERC au XIIIème siècle et Jean IV 1379 "An Alarc'h"

     L'arrière-petit-fils du roi de France capétien Louis Le Gros - Pierre de Dreux - s'installa en Bretagne suite à son mariage avec la duchesse Alix, et sur ordre de Philippe Auguste qui "pensait" s'approprier le duché.Il entreprit de combattre tout d'abord les seigneurs du Finistère Nord et s'opposa au clergé breton, lui qui avait renoncé à la prêtrise, ce qui lui valut le surnom de MAUCLERC (clerc qui a mal tourné). Il fut excommunié quelques temps.Sous la régence de Blanche de Castille il complota contre le jeune Louis XI et s'allia avec le roi d'Angleterre Henri III.

     "Politique habile dans le détail des affaires et le maniement des hommes, chevalier vaillant, beau donneur de coups d'épée, capable d'inspirations très généreuses, très lettré, poète à ses heures, Pierre de Dreux avait de grandes qualités, mais il était entièrement dépourvu de modération et d'esprit de suite, et avec cela très entêté. Comme tous les Capétiens, il avait la passion de l'accroissement indéfini de son pouvoir" 

     La bataille de Châteaubriant (1222) : "Philippe Auguste avait donné la châtellenie de Ploërmel à un seigneur français Maurice de Craon. A la mort de celui-ci, Pierre de Dreux la revendiqua, à juste titre, comme partie inaliénable du domaine ducal. Amaury de Craon, héritier de Maurice, leva une forte armée composée de Manceaux, de Normands et d'Angevins, et pénétra en Bretagne. Pierre de Dreux menait une campagne contre les princes du Léon. Amaury, après avoir pris La Guerche et Châteaubriant, se retrancha derrière ces deux forteresses, faisant incendier et piller le pays environnant par ses troupes, attendant la diversion favorable que les princes du Léon lui avaient promise.

     A la suite des ravages exercés par les envahisseurs, la querelle personnelle de Mauclerc avec Amaury fit place à une lutte de caractère national pour sauvegarder le pays contre les étrangers. Les Bretons, oubliant les griefs qu'ils avaient contre Mauclerc, vinrent se ranger autour de lui. Pierre de Dreux s'avança vers Châteaubriant. Une bataille se livra dans les environs, à Béré, sur un terrain couvert de vignobles. L'armée d'Amaury, avec sa forte cavalerie, ne put manoeuvrer facilement dans les vignes. Les Bretons avaient au contraire, une quantité de gens combattant à pied dont l'arme favorite était l'arc et qui savaient s'en servir. Voyant cette grosse cavalerie empêtrée dans les vignes, ils lancèrent des flèches à plaisir, s'attaquant surtout aux chevaux. Avec les lourdes armures de l'époque, un chevalier jeté à terre ne pouvait se remettre seul sur pied. Les Normands, les premiers, se lassèrent de servir de cible aux Bretons et s'enfuirent. Les archers bretons profitèrent de cette défection pour pénétrer dans la ligne de bataille et prendre de flanc les autres escadrons. Bientôt, ce fut une déroute générale." LA BORDERIE.

     A la fin de sa vie Mauclerc partit pour la croisade en Egypte  - sous le nom de Pierre de Braine - où il combattit vaillamment. Il mourut au retour en 1250. Il laissa une Bretagne pacifiée à son fils marié avec l'héritière de Navarre.Les "hermines bretonnes" sur les armoiries de Bretagne furent introduites sous son ministère, car il portait un quartier d'hermine dans les siennes.BannirePierreDreux

     

 Pierre MAUCLERC et les seigneurs d'Acigné : Le baron de Vitré avait cédé le territoire d'Acigné à son fils Renaud en 1010. Le premier château d'Acigné - route de Servon en sortant du bourg - date de cette époque. On l'appelait en 1240 "La Motte d'Acigné". En 1234, ce château a été détruit par Pierre Mauclerc (Comte de Rennes), afin de punir Alain d'Acigné d'avoir pris parti pour Saint-Louis, qui était contre lui. Il a alors brûlé le château. De nos jours on a une rue Saint-Louis et sa statue y trône à l'extérieur de l'église. Depuis des temps lointains on y fêtait la "Saint-Louis" à la fin des battages troisième semaine d'août. Cette grande fête populaire, célébrée trois jours de rang, fut arrêtée en 1990.  

Initiateur des "Hermines bretonnes", Pierre Mauclerc aura laissé pour trace celles-ci sur le  blason des "d'Acigné"   avec, quand même, un rang de trois fleurs de lis (ou lys) du Roi de France..Mouchetures dhermines

        Jean IV 1379 : le célèbre chant "An Alarc'h" (le cygne), popularisé par Alan Stivell, Gilles Servat ou Tri Yann, raconte le retour du duc Jean IV d'Angleterre pour chasser les troupes du roi de France qui avaient envahi le duché. Ce chant du "Barzhaz Breizh" était considéré comme une pure invention par certains, jusqu'à la publication des cahiers de collectes d'Hersart de la Villemarqué sur le site du CRBC (Centre de recherche bretonne et celtique). Il a été collecté sous le titre "Gwai gwenn alar" (oie blanche cygne). An Alarc'h désigne l'espèce bien connue de l'oie cygnoïde, c'était un des emblêmes du roi d'Angleterre Edouard III, protecteur du duc de Bretagne en exil, d'où le surnom donné à Jean IV. Le mot alarc'h, identique en gallois, était donc encore connu au XIXè siècle. Jean IV est magnifié par ce chant :"Le seigneur Jean est un solide gaillard,  habile et léger sur ses deux pieds. Quand il joue de l'épée, il est si vif qu'il coupe en deux homme et cheval, son armure brille au combat et éblouit le regard de tous." Avec un tel chef, les troupes bretonnes sont galvanisées contre l'armée de mercenaires du roi de France. Les chercheurs Donatien Laurent et Christian Souchon attestent de l'authenticité de ce chant historique, très peu remanié par Hersart de la Villemarqué. O.F Bernez Rouz

3 - FRANCOIS II , LA BATAILLE de ST AUBIN DU CORMIER  (1488) et le devenir d'Anne de Bretagne

    1485 : fin de l'époque du trésorier général Pierre Landais, roturier vitréen. "Landais fut un grand ministre: c'est à lui que l'on doit rapporter toutes les mesures favorables au commerce, à la marine, à l'industrie, à l'agriculture, au développement des institutions municipales, et à lui, enfin, pour une grande part, la prospérité de la Bretagne pendant la seconde moitié du XVè siècle. Ardent et fidèle Breton, il combattit pendant vingt-cinq ans pour le salut de la patrie et mourut à la peine." La Borderie

     Anne de Beaujeu, fille de Louis XI,assurait la régence de Charles VIII et soudoyait nombre de seigneurs bretons avec force pensions pour affaiblir le duché de Bretagne de François II. Pour assurer sa succession celui-ci avait anticipé avec la réunion des Etats de Bretagne qui assurait les droits à ses filles Anne et Isabeau. Il conforta son duché par des alliances avec l'Angleterre et l'Autriche mais également avec le duc d'Orléans, ennemi de la régente Anne de Beaujeu qui s'appuyait sur la haute noblesse bretonne : Rieux, Rohan et Avaugour.

     Depuis le traité d'Arras de 1482, Charles VIII était fiancé avec Marguerite d'Autriche âgée de 5 ans, lui en avait 14.Le duché de Bretagne était très convoité : Anne aura connu sept prétendants...

     Louis d'Orléans entreprit de lever une armée avec le soutien des anglais et de Maximilien d'Autriche, père de Marguerite, ainsi que nombre de bretons mécontents. Anne de Beaujeu réagit vivement en 1487, une troupe française occupe Ancenis, Châteaubriant, Ploërmel puis Redon et Vannes et se porte alors sur Nantes.Mais le petit peuple se lève en masse pour défendre sa capitale : marins du Croisic, de Guérande, de Cornouaille, paysans, petite noblesse, bourgeoisie, .... reprend Vannes et tient bon face aux Rohan à Guingamp. En 1488, l'armée d'Anne de Beaujeu ne contrôlait que Clisson, La Guerche, Vitré et St Aubin du Cormier.

    Sous le commandement de La Trémoille, les français se rassemblent en une seule armée puissante et à partir d'avril 1488 les villes sont reprises: Ancenis, Châteaubriant, Dinan, St Malo,....Vint le tour de Rennes : après délibération dans la cathédrale il fut déclaré : "Ne pensez pas que vous soyez déjà seigneurs en Bretagne, le roy n'a aucun droit en cette duchée. Sachez qu'en cette bonne ville de Rennes il y a quarante mille hommes dont les vingt mille sont de telle résistance que moyennant la grâce de Dieu, si le seigneur de La Trémoille et son armée viennent l'assiéger autant y gagneront-ils que devant Nantes; nous ne craignons ni le roi, ni toute sa puissance. Partant retournez au seigneur de La Trémoille et lui faites part de la joyeuse réponse que nous avons faite car n'aurez d'autre chose." Les français se retirèrent des lieux, ne voulant répéter le siège de Nantes.

     La bataille déterminante de Saint-Aubin-du-Cormier : 28 juillet 1488 : le rôle majeur de l'artillerie française.

    Ignorant que Fougères avait capitulé le 19 juillet , une armée bretonne quitta Rennes avec les princes d'Orange et d'Orléans pour la secourir. La rencontre avec l'armée française eut lieu à mi-chemin à Saint-Aubin-du-Cormier. Le Maréchal de Rieux, reconverti à la cause bretonne, en était avec 12.000 hommes, dont seulement 300 archers anglais. Rieux fit revêtir à 2.000 des 6.400 bretons un hoqueton orné d'une croix rouge des archers anglais. En face, l'armée de La Trémoille disposait de 15.000 hommes avec de l'artillerie. La cavalerie était aux ordres du napolitain GALIOTA. Les ROHAN étaient présents sauf le sire de Léon, fils aîné,qui était avec l'armée bretonne.

     A deux heures de l'après-midi l'artillerie fit des ravages dans l'infanterie bretonne. Les lansquenets (fantassins mercenaires) allemands se replièrent derrière une colline ce qui donna le signal d'attaque de la cavalerie française et permit de percer l'armée bretonne qui tint quatre bonnes heures pour protéger une retraite ducale. Il y eut cinq à six mille morts dans le camp breton et mille quatre cents tués chez les français. 

      François II se sentit seul, abandonné de ses alliés, avec nombre de villes tombées. Il demanda la paix qui fut accordée avec promesse - par le traité du Verger (château en Anjou)- "de ne pas marier ses filles sans le consentement du roi".Une réplique fut célèbre : "Il plairait au duc que cette guerre se terminât..." - Soit... mais dites bien à votre maître qu'il m'a déplu, à moi, qu'elle commençât". François II mourut de chagrin le 9 septembre 1488.

François II était né au château de Clisson en 1435. Fils aîné de de Richard, Comte d'Estampes, lui-même fils du Duc de Bretagne, Jean IV, et frère de Jean V et d'Artur III. Sa mère est Marguerite, fille du duc d'Orléans. François II , élevé à la cour de France, succéda à son oncle, le célèbre Artur, Comte de Richemont, Connétable de France, qui ne régna qu'un an à l'âge de 64 ans, car empoisonné...  

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  NOTA : Saint-Aubin du Cormier , le site "Koad Sav Pell", à 300 mètres derrière le "Mémorial aux Bretons" (route menant à Sens de Bretagne). Jean-Louis Le Cuff, président du MAB (créé en 2003, 22 adhérents et une centaine de membres SCI), dispose d'un site de landes de 4,5 ha avec déjà 300 menhirs dressés, dont 17 forment un cercle avec, au centre, une table dolmen à la manière de Stonehenge (Angleterre). 50 fraîchement arrivés attendent d'être piqués debout. L'objectif de MAB est de faire connaître l'Histoire de la Bretagne et son identité. Il constate que les musées nationaux abordent très peu la période avant 1532, évoquant la bataille de Saint-Aubin (1488) et autres conflits. Marc SIMON, sculpteur local, grave le granit sur le terrain de "Koad Sav Pell". Après un dernier menhir, en 2018, en souvenir des morts bretons de 1914-18, c'est aux souverains bretons Nominoë et Alain Barbetorte qu'il s'attelle. Ainsi surgissent de terre une à deux sculptures par an. Jean-Louis Le Cuff rêve de voir les 56 ducs, princes et rois de Bretagne sculptés. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 

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     Anne - dont la mère est moitié espagnole, moitié béarnaise - n'a que 12 ans et reçoit sa couronne ducale dans la cathédrale de Rennes le 10 février 1489. Elle dispose d'un duché affaibli avec une large partie de sa grande noblesse assujettie au royaume de France. Non résignée et forte de caractère,et en déni du traité, Anne décide d'épouser Maximilien d'Autriche ,par procuration, à 14 ans.Le mariage fut "consommé" par l'entremise de l'ambassadeur d'Autriche qui dénuda sa jambe et la glissa sous les draps où reposait Anne...Vive réaction du roi Charles VIII qui occupe Nantes en mars 1491 et s'unit six mois plus tard par un mariage sans faste avec Anne - et la Bretagne - au château de Langeais. Après 7 années aux côtés d'un roi malade et fade, celui-ci décède.

NOTA : 1491 - 1911: on commémora à Rennes l'union de la Bretagne à la France royaliste avec une sculpture si offensante que les indépendantistes la firent exploser en 1932 (1532/1932). 1532 : François Ier prend une décision unilatérale avec un "édit" proclamant l'union de la Bretagne à la France. Il ne s'agissait pas d'un véritable "traité" signé par les deux parties.

     Le "CATHOLICON" de 1464 prouve le dynamisme culturel et technique de la Bretagne. On aura tout d'abord eu vers 1450 l'invention de notre "Gutenberg". Jean Brito de Pipriac, au nord de Redon, donne naissance à l'imprimerie et permet à un plus grand nombre de communiquer et obtenir des savoirs. Vint ensuite le "Catholicon": le chanoine de Tréguier aura demandé à Jehan Lagadeuc de rédiger le premier dictionnaire mondial trilingue  (breton, françois et latin) qui sortira de l'imprimerie Jehan Calvez en 1499.

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     Vint alors une période plus heureuse avec un nouveau mariage à 23 ans entre Anne et l'ancien duc d'Orléans qui règne sous le nom de Louis XII. Il lui laisse une relative liberté d'action dans son duché. Cela rejaillira dans de nombreux domaines intellectuels et artistiques et la notoriété de la Bretagne mais aussi près du peuple qui lui fera un triomphe en 1505 sur les routes menant de Nantes à Vannes, Quimper, Tréguier, Saint-Brieuc, Dinan et Vitré.

     Le 19 août elle est venue prier au pardon du Folgoët (Finistère), accueillie dans la basilique par un "Veni Creator" chanté en latin (créé au IXème s.) et également en breton, oeuvre de son confesseur né à Plouvorn, près du Folgoët, et futur évêque de Rennes en 1507. Il serait à l'origine du poème officiel écrit en lettres d'or sur la grande scène où trônait le portrait de Brutus, chef mythique troyen devenu premier roi des Bretons! On croyait à l'époque que les Bretons descendaient de ce peuple de la Grèce antique.... Brutus s'exprime en breton : "moi et ma femme, de partir en douce du pays grec, afin de conquérir sans coup férir cette ci-devant Bretagne. Mes descendants parlent la vraie langue de Troie, laquelle restera en usage jusqu'à la fin des temps." Bernez Roux

     Le "Tour de Bretagne" très populaire de juin à septembre 1505 va l'immortaliser. Cependant, il convient aussi de savoir qu'Anne aura quitté le duché à 14 ans et que pendant 23 ans de règne elle n'y aura résidé que 6 à 8 mois dont ce fameux "Tour"! Morte en 1514, à 36 ans, Anne de Bretagne restera jusqu'à nos jours la "bonne duchesse" intelligente et obstinée à défendre sa province. Elle fut aussi autoritaire, pieuse austère, et portée vers le faste avec 24 maîtres d'hôtel, 25 commis de cuisines et 48 valets.

     Adolphe ORAIN, de Bain-de-Bretagne, écrivait en 1899 : "il y a des noms tellement gravés dans la mémoire des paysans bretons que, ni la lecture des journaux qui pénètrent aujourd'hui dans les plus humbles chaumières, ni les soucis du présent, ni les préoccupations de l'avenir ne parviennent à les effacer. On ne parle qu'avec respect de la bonne duchesse, la brette (femme bretonne) de Louis XII, comme on l'appelle. toutes les voies romaines sont des chemins de la reine Anne...."

     Anne de Bretagne avait effectivement beaucoup d'atouts pour être la "coqueluche" des petites gens. Avec ses sabots, elle n'était pas fière! chanson :

" C'était Anne de Bretagne,

  Duchesse en sabots,

  revenant de son domaine,

  En sabots mirlitontaine,

  Ah!Ah!Ah!Ah!Ah!Ah!Ah!

  Vive les sabots de bois!

  Revenant de son domaine,

  Avec ses sabots,

  rencontre trois capitaines,

  En sabot mirlitontaine, etc...

Les trois capitaines saluèrent leur duchesse et lui offrirent un pied de verveine en lui prédisant que, s'il fleurissait, elle serait reine. La verveine fleurit et la duchesse devint Anne de France.

  

  4 - ACIGNE et la Duchesse Anne

En 1490 la Bretagne est un petit Pays convoité par les Grands d'Europe. A sa tête une gamine de 14 ans entourée de conseillers ambitieux, prétentieux et sans scrupules, soucieux de leurs intérêts.Tantôt Bretons,tantôt Français, tantôt Anglais, tantôt Espagnols. Treize prétendants essaient depuis quelques années de demander la main de la petite duchesse à son père - François II - dernier des ducs de Bretagne,mort en 1488 après la défaite de St Aubin du Cormier. Parmi eux, le roi de France Charles VIII, déjà fiancé à la fille de Maximillien d'Autriche, lequel vient d'épouser par procuration en décembre la petite Anne de Bretagne.

     Au printemps 1491 les troupes françaises occupent la Bretagne et nombreuses sont les villes défaites. Les troupes bretonnes chargées de protéger la duchesse qui réside à Rennes stationnent entre autres à Acigné, bourgade sise à trois lieues de la capitale.Les soldats se comportaient parfois en soudards désoeuvrés et la population vit dans la crainte d'exactions. Anne de Bretagne leur envoie ce message : "Ordre aux gens de guerre étant à la Motte d'Acigné et à Châteaugiron de ne pas contraindre à la bêche les paroissiens d'Acigné, Noyal sur Vilaine, Brécé, Servon et Broons, ni de les contraindre à leur porter ou bailler vivres ou ustensiles sans les payer raisonnablement..."

     Arrive l'été 1491. Nantes est livrée au roi de France par un conseiller de la jeune duchesse (Alain d'Albret) et l'armée française vient camper à Bain de Bretagne avant de s'établir en août entre Voeuvre (Chevré) et Vilaine, c'est à dire à Acigné! Trois autres corps d'armée prennent ensuite position à St Sulpice la Forêt, Vern et Liffré pour cerner Rennes qui "devient un îlot parmi les villes prises et parties ébranlées". Louis d'Orléans (futur Louis XII) qui avait pourtant combattu du côté des Bretons à St Aubin du Cormier en 1488, arrive à Rennes pour convaincre Anne de Bretagne d'épouser Charles VIII. 
     Devant la misère, la faim, les récoltes anéanties et les exactions des soldats, elle se bute puis se résigne à épouser le fils de Louis XI pour sauver son peuple. "Elle fut tant persuadée par remontrances et grandes raisons (de son entourage) qu'à la fin elle se laissa induire à prendre ce parti..."

     Charles VIII est à Rennes. Prétextant des dévotions à Notre Dame de Bonne Nouvelle (aujourd'hui place Ste Anne) il se présente au logis des ducs, rue des Dames. Il y trouve la duchesse "tant belle, gracieuse, bénigne et humble et bien servie de corps". Les fiançailles ont lieu à la chapelle des Jacobins de Rennes en novembre, puis le mariage est célébré le 6 décembre 1491 à 8H du matin au château de Langeais. Anne de Bretagne devient ainsi reine de France. Sept ans plus tard Charles VIII meurt en heurtant un linteau de porte basse au château d'Amboise. Anne de Bretagne épousera Louis d'Orléans à Nantes en janvier 1499. Elle sera reine une seconde fois.

     En 1513 le nouveau pape Léon X accorde des privilèges à Anne de Bretagne, à sa fille Claude et à cinquante dames et gentilshommes de son choix. Anne choisit pour cette liste Jean VI d'Acigné, Gilette de Coëtmen sa femme, et leurs trois enfants : Louis, Pierre et Marie d'Acigné...

     Nous commémorons en ce mois de janvier 2014 le 500 ème anniversaire de la mort d'Anne de Bretagne. Je ne sais si elle portait des sabots, si elle aimait les pieds de verveine ou autres légendes plus ou moins farfelues. Par contre le nom d'Acigné ne lui était pas indifférent!

Philippe MOUAZAN (Association "Acigné Autrefois")

5 - LA MALEDICTION DU CHATEAU D'ACIGNé :

     aux confins des forêts de Rennes et de Chevré, le bourg d'Acigné, situé à une dizaine de kilomètres à l'est de la capitale bretonne, s'est édifié sur les coteaux qui bordent un large méandre de la Vilaine. Bourgade paisible de quelques milliers d'âmes, on y coule des jours tranquilles, bercés au rythme d'une rivière qui s'étire sage et monotone le long des berges. Gare, pourtant! Car on ne saurait trop se fier à l'apparente nonchalance des eaux un rien brunâtre de la rivière. Ici, comme nulle part ailleurs, des crues torrentielles peuvent soudain déferler et tout anéantir sur leur passage. Les déluges peuvent s'abattre sur la ville et réveiller les eaux endormies de la Vilaine, provoquant ainsi d'impétueuses et dévastatrices inondations...

     C'est du moins ce qui, en des temps reculés, se produisit à Acigné. Mais quand était-ce exactement? Et qui s'en souvient encore? Dans cette histoire extraordinaire, de nombreux détails font défaut, et certaines incohérences ou l'intervention de forces occultes laissent planer un doute sur la véracité des événements qui se sont déroulés. Et pourtant, la légende demeure.

     Sans remonter à l'époque du paléolithique, période au cours de laquelle Acigné et ses environs étaient peuplés de vaillants chasseurs simplement habillés de peaux de bête, un retour de quelques siècles en arrière s'impose pour camper le décor.

     Au début du XIè siècle, Rivalon, dit le "Vicaire", est un puissant seigneur qui règne sur un fief important incluant Vitré, Marcillé-Robert et Acigné. Vers 1010, il va structurer ses terres en seigneureries vassales à la tête desquelles il place ses fils. Renaud, son troisième garçon, deviendra ainsi le premier seigneur d'Acigné. C'est sur un îlot de la Vilaine que le nouveau seigneur décide de faire construire une motte, c'est-à-dire une butte artificielle fortifiée de remparts très hauts et sur laquelle on édifie un château flanqué de tours imposantes : "le fort de la Motte". Plus tard, sur un autre îlot proche, on fera ériger une chapelle. De ces deux constructions féodales, il ne reste plus rien aujourd'hui, si ce n'est une motte de terre et une vieille légende...

     Plus de trente descendants illustres portèrent le titre de seigneur d'Acigné, jusqu'à la Révolution française, où leurs traces se perdent. "Ils ne craignent pas même les monstres" : cette devise attachée à leur nom en dit long sur leur bravoure et leur valeur au combat. Prenant les armes contre Richard Coeur de Lion, afin d'obtenir la libération de Constance, la duchesse de Bretagne, contre Jean Sans Terre, pour venger l'assassinat du duc Arthur de Bretagne, ou encore lors de la bataille de Nicopolis, les seigneurs d'Acigné étaient de vaillants chevaliers, ce qui leur conférait une juste renommée en Bretagne. Toutefois, ils ne se montrèrent pas tous preux, honnêtes et sans reproche.

     Ainsi, l'un d'eux avait eu deux fils. Le premier, fier et digne descendant de cette haute lignée, était de caractère doux et aimable, bon époux et bon père de famille. Le second, au contraire, d'un tempérament méchant et envieux, sournois et querelleur, menait une vie trouble et dissolue : quelque peu sorcier, il était craint et unanimement détesté aux alentours. Pour le vieux seigneur fatigué qui avait passé sa vie sur les champs de bataille et qui déjà se voyait déclinant, il n'y avait plus à tergiverser : le château et l'administration du domaine iraient à l'aîné, tandis que le cadet n'aurait pour héritage que quelques fermes et terres sans valeur. C'était pour lui l'assurance que le glorieux blason ne serait pas terni. Le cadet, révolté par l'injustice qui lui serait bientôt faite, n'attendait que son heure pour agir.

     A la mort du vieux seigneur, les biens furent partagés comme convenu : l'aîné hérita de tout et le second du reste, autrement dit, de rien ou presque. Tandis que le premier régnait sur la châtellenie et demeurait au château en compagnie de sa femme et de ses deux enfants, le frère se résolut à quitter les lieux en se jurant qu'il y reviendrait un jour en maître. La haine éprouvée pour le père qui l'avait dépossédé se tournait désormais vers son frère aîné et sa famille. Car tout bien calculé, il ne suffisait pas que le seigneur d'Acigné décède pour qu'il puisse hériter à son tour, mais bien qu'aucun de ses descendants ne lui survécussent. Son plan se tramait et, doté de certains pouvoirs maléfiques, il ne lui fut pas difficile de le mettre à éxécution. Seule un peu de patience lui serait nécessaire pour parvenir à ses fins.

     C'est ainsi qu'il confectionna quatre petites poupées de cire, représentant chacun des membres de la famille abhorrée. Chaque jour, il faisait fondre un peu de cire, la juste quantité pour que le sortilège puisse agir. Chaque jour, la santé de son frère, de sa femme et des deux enfants se déteriorait davantage. Tous les médecins appelés au chevet des malades y perdirent leur latin; aucune potion, aucun remède ne vinrent les soulager, on ne pouvait les guérir ni déceler l'origine de ce mal incurable. Il fallait s'y résoudre, ils allaient tous mourir.

     Plein d'une affection feinte et d'une sollicitude hypocrite, le frère cadet ne manquait pas de prendre régulièrement des nouvelles de la famille et de s'interroger à voix haute sur l'étrange et terrible mal qui les frappait. Un tel revirement dans son attitude ne pouvait qu'alerter le seigneur d'Acigné. Trop tard, pourtant : le sortilège opérait, et avançait même à grands pas; il n'y eut bientôt plus de cire sur les figurines. C'est ainsi que le jeune seigneur, son épouse et ses enfants s'éteignirent.

     L'assassin n'attendit pas que la dernière poignée de terre fut jetée sur la tombe de ses victimes pour s'installer au château. Plus que satisfait par l'accomplissement de ses sombres desseins, il hérita enfin des biens auxquels il aspirait tant et devint à son tour seigneur d'Acigné. Mais au village, en ce temps-là, vivait saint-Martin. Cet homme pieux et charitable était vénéré dans toute la région. Il était venu de Tours pour convertir les païens et les mener sur le chemin du Christ et de la foi. Alentour, on lui prêtait maints pouvoirs. Capable d'invoquer la foudre et l'orage, saint-Martin avait en outre le don de guérir les malades, de rendre la vue aux aveugles et la parole aux muets. Mais le plus grand de tous ses pouvoirs était de ressuciter les morts. Il n'accomplit aucun miracle de la sorte pour le jeune seigneur d'Acigné qui venait de périr avec les siens. En revanche, il décida de détourner la malédiction vers l'assassin. Peu de temps avant de mourir, le seigneur d'Acigné, convaincu que la maladie qui l'emportait n'était pas naturelle, pensa qu'il avait été ensorcelé. L'étrange conduite de son frère le lui prouvait de manière indiscutable. Il était donc allé voir saint Martin, lui avait fait part de ses soupçons et l'avait prié de le venger. Ce dernier, qui toute sa vie durant avait pourchassé les démons, avait accepté.

     Une nuit, alors que tous dormaient au château, saint Martin invoqua la foudre et l'orage, qui bientôt s'abattirent en pluies diluviennes sur le fort de la Motte. Après plusieurs jours d'un déluge comme on n'en vit jamais plus dans le pays, la Vilaine bouillonnante se remplit, quitta son lit et se transforma en un torrent d'une violence inouïe qui emporta tout sur son passage. Les deux îlots d'Acigné furent submergés, et rien ne résista à la puissance de la vague. Du château, du seigneur assassin et de ses serviteurs, il ne restait plus rien. Seuls les deux îlots mis à nu refirent surface après la décrue.

     La chapelle fut également engloutie par le torrent. On raconte cependant que tous les ans, à Noël, résonne encore aux douze coups de minuit, une cloche sous les eaux de la Vilaine. Et gare à celui qui l'entend, car c'est l'annonce de sa mort prochaine...

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Analyse des faits et hypothèses AG :

- en 1010, le baron de Vitré, Rivallon le vicaire (ou "vicomte"), également seigneur de Marcillé-Robert et Acigné, avait cédé le territoire d'Acigné à son troisième fils RENAUD. Il aura alors fait ériger un "château" avec des palissades en bois sur une motte érigée sur un îlot route de Servon, en quittant le bourg. Ce fut effectivement le premier "seigneur d'Acigné" du fort de la "Motte". Venant de Mayenne, la "Vilaine" agrémente le site qui sera positionné avec, en amont,  les moulins du "Gué" en Servon-sur-Vilaine, de Brécé et de "Moncorps" en Noyal-sur-Vilaine et, en aval, le moulin d'Acigné. Un second îlot accueillera une chapelle, en 1240.

Enquête en 3 temps : qui étaient le seigneur et ses deux fils de la légende?

- Concernant les deux fils du seigneur de la légende, le bon et le sorcier, on notera que parmi les trente descendants on évoque les combats contre Richard Coeur de Lion (1157 - 1199) et Jean sans Terre (1166 - 1216). Richard, poète et écrivain, est élevé dans les régions occitanes, parmi les troubadours. Il s'exprime avec la langue d'oc (doc) et, bien que Roi d'Angleterre, il ne parlera jamais l'anglais et n'y séjournera que quelques mois. Alain 1er d'Acigné avait pris les armes contre lui pour faire libérer la duchesse de Bretagne,Constance, en 1198. La duchesse ne voulait pas épouser l'ami de Richard Coeur de Lion, le comte de Chester! Cinquième et dernier fils du roi Henri II d'Angleterre, descendant des Plantagenets normands et d'Aliénor d'Aquitaine, Jean n'était pas destiné à monter sur le trône. Il fut donc surnommé "Sans terre" par son père.  Mais la révolte ratée de ses frères aînés vers 1173/74 en fit le fils préféré d'Henri II. Il devra cependant attendre la mort de ses trois frères  Geoffroy, Guillaume et Henri puis une compétition avec le neveu Arthur (assassinat évoqué) pour accéder au pouvoir à la mort de Richard en 1199. Ses contemporains présentaient Jean comme un tyran, un personnage cruel, repris ensuite par Shakespeare et les aventures de "Robin des Bois". A nouveau, Alain 1er d'Acigné reprendra les armes en 1203, contre Jean sans Terre cette fois-ci, pour venger l'assassinat du jeune duc Arthur de Bretagne, avec pour devise "Necque terrent monstra" ("ils ne craignent pas même les monstres"... qu'on peut retrouver jusque sur des vitraux de l'église de Marcillé-Robert).

     On a alors la trame du père Henri II, les deux fils, l'un bon (Richard) et l'autre méchant (Jean le sorcier). Cette version serait trop belle pour être crédible, Acigné n'a que le droit d'y rêver.

     Revenons alors à la généalogie d'Augustin du Paz : il indique la lignée des premiers seigneurs d'Acigné avec, pour père du seigneur Rivallon d'Acigné, Martin de Rennes le "puîné"!, fils  de Juhaël Béranger, comte de Rennes et frère de Conan l'aîné dit le "Tort" (parce qu'il boitait). Ce Conan était quand même duc de Bretagne! Martin de Rennes reçu en héritage les seigneureries de Vitré, Marcillé-Robert et Acigné... Son fils, Rivallon le vicaire, partagea ses terres en 1010 entre Tristan (ou Triscan) l'aîné, qui reçut Vitré; Robert le cadet Marcillé et Renaud le plus jeune la seigneurerie d'Acigné qui devait être bien modeste. Mais, on le verra, la lignée sera récompensée, après des parcours en France et hors de France, pour s'achever au début du XVIIème siècle en marquisat.

     Dans cette descendance de Renaud d'Acigné qui nous intéresse, un seigneur avait eu deux fils, l'un bon et l'autre auteur d'un crime. On ne peut que supposer :

- Hervé, témoin du duc en 1031,mort en 1060. Descendance non connue.

- Geoffroy 1er, témoin d'une donation en 1087. Descendance non connue.

- Raoul 1er, caution du baron de Vitré en 1107. Descendance non connue.

- Hervé II, époux de Mayence de Dol. Descendance non connue.

On écarte : Pierre 1er car il eut trois fils et pas deux comme dans la légende. Tout comme Péan (ou Payen), père de quatre enfants ou Pierre III, père du seul Jean 1er.

Alors quel est ce père qui n'aura eu que deux fils avérés? :

- On peut désigner Alain 1er, vaillant combattant contre Richard Coeur de Lion et Jean sans Terre. Il eut bien deux fils : Adam et surtout Alain II qui devint seigneur d'Acigné et participa à la bataille de Chateaubriant en 1222. C'est lui qui fit construire la chapelle de la "Motte"d'Acigné en 1240. Aurions-nous Alain II "le bon" et Adam le "sorcier? Ce prénom d'Adam rejoint également l'histoire d'Adam qui pêcha avec Eve. Et cela nous arrange bien... Ajoutons que le successeur de Alain II fut Pierre II d'Acigné qui y demeurait en 1263, toujours sous le règne de saint-Louis. Il aurait du s'appeler Alain III. Ou alors serait-il le fils de Adam d'Acigné, le deuxième fils d'Alain Ier qui aurait pris le pouvoir en éliminant son frère Alain II? Ce qui crédibiliserait la solution à cette affaire mêlée de "légende dissimulatrice" émise après "Nicopolis".

- pour l'allusion à "Nicopolis", il faut s'en aller en Bulgarie, en 1396, où Jean II d'Acigné participa à une bataille contre les Turcs. Ayant perdu avec une coalition, parmi lesquels des Français ou Hongrois, le seigneur d'Acigné fut relaché après rançon ainsi que deux autres chevaliers bretons.

                 La réponse de Alain RACINEUX, historien local :

                   "Je pencherais plutôt pour le destin des deux fils de Jean II d'Acigné.       L'aîné, Pierre, mourut mystérieusement à Marseille, et son frère cadet lui succéda en 1403, année de la mort du père Jean II, et décida de s'appeler Jean III. A cette époque, il décida de quitter Acigné et de s'installer chez sa femme au manoir de "Fontenay" en Chartres-de-Bretagne en 1408. Il n'y vécut pas longtemps puisqu'il y mourut en 1410. Tout cela est propice aux soupçons évoqués dans la légende.

     A la fin du XVème siècle, l'historien Pierre Le Baud, qui fréquentait la cour du seigneur de Châteaugiron, écrivit pour la première fois la "légende de l'engloutissement de la ville d'Ys". On y trouve les mêmes ingrédients que dans la légende d'Acigné : recours au paganisme, châtiment divin par engloutissement de la ville, dont on entend parfois les cloches sonner sous la mer lors de certaines marées. Il se peut alors que c'est Pierre Le Baud qui a inventé la légende d'Acigné."

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- Notons le parcours très original de Pierre d'Acigné, frère cadet de Jean II : vaillant et adroit aux armes, on le surnomma, avant Bayard, "chevalier sans peur et sans reproche". Il suivit Louis d'Anjou, frère du roi Charles V, dans les guerres qu'il eût en Guyenne et Poitou contre les Anglais, puis lors de la conquête du comté de Provence. Après la mort du duc, il servit son fils Louis II d'Anjou, à la conquête de Naples. Très satisfait de ses services, Louis II, duc d'Anjou, comte de Provence et roi de Sicile, nomma Pierre d'Acigné "Grand sénéchal de Provence" et lui accorda diverses seigneureries dont celle de SAINT-TROPEZ! cela méritait d'être relevé.

    Le dernier seigneur d'Acigné, Jean VIII, était marié à Jeanne du Plessis. Il mourut en 1573. Son portrait peut se voir sur un tableau dans la salle du conseil municipal d'Acigné. Sa fille, Judith d'Acigné, épousa  en 1579 Charles de Cossé, duc de Brissac, gouverneur de Paris, maréchal de France, qui, pour fait historique, décida d'ouvrir les portes de la capitale à Henri IV en 1594. En récompense, la seigneurerie d'Acigné fut érigée en marquisat en 1609.

 - Quant à Saint-Martin de Tours "vivant à Acigné", on est bien loin du décor et de l'espace Temps mais cette présence évoquée librement en rajoute à l'intérêt porté par le lecteur ou l'auditeur de la légende! Vénéré à Acigné, l'église lui est dédiée, mais il est décédé vers 396/400. Notons alors la mémoire du peuple et le bon souvenir des disciples du saint. 

 - Le "château"/fort de la "Motte"de Alain II, seigneur d'Acigné, ou plus précisément son "manoir" a bien été détruit par des soudards au printemps 1234 sur ordre de Pierre dit "Mauclerc", Duc de Bretagne, pour avoir pris le parti de Saint Louis. Le bourg et le (s) moulin (s) furent également incendiés. Ayant perdu cette guerre, Pierre de Dreux fit dédommager les habitants d'Acigné. La chapelle fut construite à la "Motte" en 1240 et un mariage y fut célébré en 1636. Ses ruines ont été détruites au XIXè siècle par le fermier de la Basse Motte. La lignée des seigneurs d'Alain II obtint du roi trois fleurs de lys de France sur son blason. Remerciant envers Louis IX (1214/1270), les acignéens ont gardé la mémoire de Saint-Louis en le représentant avec une statue positionnée de nos jours à l'extérieur de l'église. Une grande fête en son honneur se déroula fin août depuis des temps éloignés. La dernière eut lieu en 1990.

- Des inondations importantes étaient régulières sur le territoire d'Acigné. De nos jours 3 barrages en amont vers Vitré  retiennent les excès des crues de la "Vilaine". Ces faits répétés sont en lien avec des "pluies diluviennes et un déluge".

- Pour indice de l'importance d'une troupe locale, on peut signaler l'aide apportée par Jean IV d'Acigné, qualifié de "capitaine", qui participera au siège de Pouancé en janvier/février 1432 avec 20 hommes d'armes et 20 hommes de trait.

En conclusion, on  peut présenter cette légende avec un fait avéré, 1234 et la destruction du château/manoir, le souvenir d'une lignée de seigneurs valeureux, le report de personnages sur ces frères Richard et Jean ou Adam,  Alain II, Jean II, ... le tout avec Saint-Martin, Saint-Louis et une bonne dose de pluviométrie et sorcellerie du Bas Moyen-Age. Situons le récit après l'évocation de Nicopolis de 1396, très probablement écrit par Pierre le Baud.

     Notre historien local, Alain Racineux : "les châteaux d'Acigné et Chevré furent détruits sur ordre du duc de Bretagne, de nuit et à la faveur d'une trève. Cet épisode était peu glorieux pour tout le monde : pour les seigneurs rebelles, susceptibles d'être accusés de félonie envers leur suzerain; et pour le duc, susceptible d'être accusé de fourberie et mesquinerie. Aussi, certains entreprirent-ils d'effacer ce mauvais souvenir en inventant une légende pour créer une diversion et faire oublier la véritable histoire. Puisque les châteaux avaient été détruits par le feu, la légende, pour brouiller les pistes, raconta qu'ils avaient été tous les deux submergés par les eaux. Et, comme le duc de Bretagne, puissance terrestre, s'en était mêlé, la légende fit intervenir, à la place, des puissances invisibles : le diable et le bon dieu.

     Dans la seconde légende, le château de Chevré, autrefois appelé château de Gannes, était un château fort avec des murs et de grandes tours en pierres. Mais son seigneur, très riche, se comportait trop comme un païen. La nuit de Noël, il avait organisé un grand bal au lieu d'aller à la messe de minuit, et il s'était enivré de cidre. Aussi le châtiment divin vint-il le frapper sous la forme de la foudre et d'un orage démesuré qui engloutit le château et tous les danseurs dans un gouffre. A sa place se forma un grand lac aux eaux sombres. Pour rajouter un peu de piment à la légende, ses auteurs ont raconté qu'à chaque nuit de Noël, on entend de la musique et des cris provenant de l'étang de Chevré.

     Pour le récit de la "Motte" d'Acigné, plus troublante est l'allusion aux deux frères. Nous savons que Pierre, fils ainé de Jean II, décéda inopinement à Marseille, où il fut enterré dans l'église saint-Louis. Son frère cadet prit donc à sa place la sucession de la seigneurerie d'Acigné, sous le nom de Jean III. C'est celui-là même qui déplaça la résidence seigneuriale d'Acigné à Fontenay en Chartres de Bretagne, et qui mourut prématurement en 1410, deux ans après son mariage. Ces faits offrent des coïncidences symboliques avec la légende. Alors faut-il y voir un récit malveillant ou au contraire une vérité cachée? "Histoire d'Acigné et de ses environs", 1999, pages 47/48.

 

6 - La légende du Roi Arthur : Xavier de Langlais (1906 Sarzeau - 1975 Rennes)

     En 1975, Langleiz (Xavier de Langlais) publie la version bretonne du Roi Arthur, un classique de la littérature bretonne. Arthur, roi de la Petite et de la Grande Bretagne (Breizh-Vihan, Breizh-Veur) méritait un ouvrage en breton à la hauteur de sa réputation. Son "Romant ar roue Arzhur" publié en 1975 est un modèle de clarté et de limpidité lexicologique qui en fait un grand classique de la littérature bretonnante.

     Langleiz sait ciseler par des mots simples les célèbres aventures du roi comme celle de l'épée enlevée de l'enclume "Tous le virent s'agenouiller devant l'enclume, et prenant le pommeau de l'épée les mains jointes comme pour prier, il enleva sans difficulté la lame de sa gangue de fer". Par une recherche précise dans le vocabulaire guerrier, il restitue les batailles dans leur férocité médiévale : "le roi et ses compagnons fendirent la foule comme un bloc, laissant derrière eux des rangées d'hommes et de chevaux culbutés à terre comme par la main d'un géant."

     La légende du roi Arthur, c'est aussi l'amour qui le lie à Guenevièvre et qui enflamme les cours seigneuriales du Moyen-Age : "ils s'étreignirent et échangèrent un baiser si doux et si savoureux qu'ils n'oublieraient pas de sitôt". Arthur ne serait rien sans Merlin l'enchanteur : "Merlin qui commande aux orages, à la pluie, à la grêle et à la neige au nom des quatre piliers sacrés du monde : la terre, l'eau, le feu et le ciel". C'est aussi Merlin qui invente la table ronde qui réunit les chevaliers dignes de chercher le Graal, une quête spirituelle que Langleiz raconte dans cinq romans publiés en français. Un travail rigoureux salué par tous les spécialistes." Bernez Roux O.F. 13/5/18

A lire également du même auteur "L'île sous cloche".

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   Les Légendes Arthuriennes: une histoire politique du XIIè siècle"

 

      par Yannick Lecerf

 

   Le mythe arthurien est assurément celui qui marque encore les générations actuelles. A peine ensommeillées au fin fond de la forêt de Brocéliande, les fables de Merlin, des fées de la cité d'Avalon, du chevalier Lancelot, renaissent sans cesse et encore sous l'égide d'associations et certains cultes forestiers. Regardons cela de plus près par le prisme des données historiques et archéologiques :

         
    MERLIN : Il était une fois... deux jeunes filles vivant dans une petite maison au bord de la forêt. L'une, débauchée, menait grand train dans les tavernes des villages environnants. L'autre, la douce Maëlle, dans une vie rangée, tenait la maison. Très pieuse, sans espoir de ramener sa dévergondée grande soeur vers les préceptes d'une vie ordonnée, elle se confiait à son confesseur le Père Blaise. Une nuit où elle sommeillait seule dans la petite maison, elle fut visitée par un esprit d'Avalon venu de la cité au fond du lac. Très perturbée, à son réveil, elle se précipita chez son confesseur afin d'être rassurée de cet étrange trouble nocturne. Quelques mois plus tard naissait un petit garçon baptisé MERLIN. Par sa mère, Merlin reçu une stricte éducation chrétienne. Le Père Blaise, devenu son père spirituel, était un ancien DRUIDE converti au christianisme. Si ce dernier inculqua au jeune Merlin toutes les recommandations de la religion monothéiste, il ne manqua pas de l'initier également aux cultes de la forêt et aux divinités du PANTHéON DRUIDIQUE.Très tôt, le jeune MERLIN prit conscience de ses pouvoirs extraordinaires. Le Père Blaise lui apprit comment contrôler ces dons hérités des Dieux de la Nature. Merlin pouvait voyager dans le temps, lire l'avenir, ... Il était aussi Roi d'AHèS (la cité d'Avalon) où se trouvait gardée l'épée magique EXCALIBUR  .

 

    UTHER PANDRAGON  : Ce Roi guerrier voulait réunifier tous les clans en conflit dans un grand royaume de concorde : le Royaume de LOGRES dont la cité de "CAMELOT" aurait été un idéal de paix. Pour parvenir à ses fins il devait guerroyer contre de nombreux chefs de clan trop attachés à leur indépendance. Impliqué dans ce beau projet, son ami MERLIN lui avait confié EXCALIBUR. Si l'épée magique lui assurait des victoires, son fourreau protégeait le Roi des blessures. Tantôt brèves, parfois plus âpres, les guerres de voisinage se succèdaient. Celle qui opposa UTHER PENDRAGON au puissant seigneur GORLOIX semblait s'éterniser au-delà du raisonnable.

 

  GORLOIX : Ce Roi chrétien de la grande cité de TINTAGEL mène simultanément plusieurs conflits. Il combat des cultes druidiques afin d'imposer le christianisme et tient tête aux assauts d'UTHER PENDRAGON. Dans cette guerre qui éreinte les deux clans, les rois bélligérants décident d'une trève de plusieurs jours. Grand seigneur, GORLOIX organisant une chasse suivie d'un grand banquet, y invite son ennemi UTHER PENDRAGON. Après les battues dans les forêts avoisinantes tous se retrouvent autour de grandes tablées parmi lesquelles circulent jongleurs et ménestrels. La Reine IGRAINE (ou IGERNE) marque le banquet de sa présence...

 

    IGRAINE ou IGERNE : IGRAINE et GORLOIX ont deux filles : MORGANE et MORGAUSE. Parée de ses plus beaux atours la Reine IGRAINE, placée entre son époux GORLOIX et UTHER PENDRAGON, rayonne de sa grande beauté. Ebloui par tant de charme UTHER PENDRAGON s'éprend de la dame des lieux. Mais celle-ci refuse obstinément les avances réitérées de l'invité. Alors, n'y tenant plus, le soupirant éconduit sollicite son ami MERLIN pour l'aider à conquérir le coeur de la Reine. Après quelques réticences, MERLIN accepte de donner à UTHER PENDRAGON les traits de GORLOIX, mais seulement pour une seule et unique nuit. Grâce à ce subterfuge UTHER peut ainsi rejoindre la couche d'IGRAINE. Peu de temps passe pour que naisse un petit garçon baptisé ARTHUR. Dès sa naissance le nourisson est emporté par MERLIN pour être confié aux FéEs d'AVALON qui se chargeront de son éducation. Dans sa grande colère, GORLOIX, qui vient de découvrir sa déconvenue et le fait que la Reine est très proche du culte druidique des FéES d'AVALON, renie son épouse et l'enferme dans une geôle du château.

 

    ARTHUR : le jeune et futur Roi ARTHUR est donc le fils d'UTHER PENDRAGON et d'IGRAINE. Il est aussi le demi-frère des FéES MORGANE et MORGAUSE. Quand arrivera le temps de succéder à son père il deviendra ce puissant Roi époux de GUENIEVRE. C'est encore lui qui présidera à la grande TABLE RONDE où prennent place les preux chevaliers du ROYAUME de LOGRES.

 

   Les 9 Dames ou Fées d'AVALON  :  ARGANTE la "Blanche" ou ausssi nommée le "Corbeau". Elle peut voyager sous divers aspects et à travers le temps. MORGANE est la gardienne d'EXCALIBUR dans la cité des Brumes d'AVALON. MORGAUSE, la seconde demi-soeur d'Arthur. VIVIANE, amoureuse de MERLIN. RAGNELLE, épouse de GAUVAIN. Le soir venu elle devient la plus belle femme du Royaume. CUNDRY guide les chevaliers dans leur quête du GRAAL. GANéDA qui voit l'avenir. DINDRENE dont le sang a des vertus curatives. KERIDWENN la gardienne du chaudron magique.

   

     LE GRAAL : le Saint Calice apparaît pour la première fois au XIIè siècle dans le roman de Perceval ou la Quête du GRAAL sous la plume de Chrétien de Troyes. Cette coupe, utilisée lors de la Cène (Communion et dernier repas de Jésus avec les apôtres), aurait permis de receuillir le sang du supplicié sur la croix. Elle aurait été taillée par SIMON Le Lépreux dans un cristal de roche tombé du ciel. Puis confiée par Dieu à Joseph d'Arimathie pour avoir accepté d'accueillir le Christ dans son tombeau après sa descente de croix. A sa mort Joseph d'Arimathie l'aurait donné à son fils prénommé également Joseph. Ce dernier, fuyant les persécutions en Palestine, l'aurait égarée lors de sa fuite vers la BRETAGNE INSULAIRE.

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     La Saga Arthurienne débute au Moyen-Age au XIè et début du XIIè siècle: l'invasion de l'Angleterre par des Normands et un tiers de Bretons en 1066/ Sucession de GUILLAUME Le Conquérant, Henri I "Beauclerc"; une "Empeuresse Mathilde" et la commande d'une généalogie à Geoffroy de MONMOUTH, avec aussi des écrits inventant "MERLIN, Camelot, l'épée Excalibur, ..."

     

     Au XIè siècle la transmission de l'information se réduisait au colportage d'histoires confiées aux trouvères et troubadours, seuls la noblesse et le haut clergé pouvaient espérer être éclairés des décisions du Royaume.Le clergé régulier concentrait l'essentiel des érudits et savants et la noblesse guerrière ne se distinguait pas par une grande culture et le nombre de ses lettrés, d'où une situation propice à générer une Histoire revisitée mise au service de leurs ambitions.

 

    Personnage central Guillaume Le Conquérant et son long règne de 21 ans : 1066 (invasion de l'Angleterre) jusqu'à 1087 avec l'unification et l'expansion de son Royaume. Au cours des treize années de la succession Guillaume Le Roux poursuit la même politique que son père de 1087 à 1100.

 

   1100 : Henri I "Beauclerc" , fils cadet de Guillaume Le Conquérant. Dans ses 35 années de pouvoir, il s'appliquera à la stabilisation de son Royaume. Ce grand souverain aura deux épouses : Mathilde d'Ecosse et Adélaïde de Louvain. Trois enfants naîtront de la première union : deux fils décédés en 1120 et une fille Mathilde. Ayant eu un grand nombre de maîtresses et concubines, ce Roi a reconnu 35 enfants adultérins. Grand seigneur, il asssurera leur vie par des positions et des titres en leur octroyant une place dans la noblesse d'Angleterre. N'ayant plus de fils héritier, un réel problème se pose alors dans une Angleterre médiévale où seuls les hommes peuvent régner. Soucieux de l'avenir de sa fille Mathilde, il décide d'organiser sa succession en convoquant ses grands barons. Il demande de prêter serment d'allégeance à Mathilde pour être reconnue "Empeuresse".

     Comme justificatif à sa décision, il commande la rédaction d'une généalogie des Rois d'Angleterre à

 

Geoffroy de MONMOUTH (1095 - 1155). Cet évêque, chroniqueur, historien au service de Henri I va donc écrire, selon les directives royales, l'HISTOIRE DES DYNASTIES D'ALBION. Les 12 volumes sous le titre "Historia regum Britanniae" paraîtront avant l'année 1135. Cette imposante compilation sera suivie de deux rédactions : "PROPHETIA MERLINI" (les Prophéties de Merlin) et de "VITA MERLINI" (la Vie de Merlin).

 

     Lorsque HENRI I BEAUCLERC meurt en 1135, ses funérailles à peine achevées, les grands barons du Royaume s'opposent à l'avènement de Mathilde. Reniant leur serment, il leur apparaît inconcevable d'accepter un pouvoir féminin. Des prétendants assez inattendus se présentent. Ainsi le Comte Robert de Gloucester, fils aîné adultérin du feu Roi, vient s'inscrire dans la course au pouvoir. Parmi ses atouts, outre sa filiation naturelle, il fait valoir que l'un des deux romans de la plume de Geoffroy de MONMOUTH lui est dédié. Loin de rallier les barons récalcitrants, cette candidature ne reçoit que très peu de soutien.

 

         Alors les barons se tournent vers ETIENNE de Blois (petit-fils de Guillaume Le Conquérant). Celui-ci, sous l'insistance, acceptera de porter la couronne d'Angleterre en 1135. Hélas, très vite il se révèlera un piètre souverain avec des hésitations et faiblesses. Ce sera une longue période de 19 ans d'instabilité connue sous l'appellation "l'ANARCHIE"! Certains historiens supposent que l'un des deux écrits sur MERLIN aurait été commandé par Etienne d'Angleterre dans le but d'affermir sa gouvernance. Miné par la maladie, Etienne d'Angleterre meurt en 1154. L'espoir renaît chez le Comte de Gloucester qui, de nouveau, tente d'accéder au pouvoir. Mais, devant un prétendant plus légitime - le Comte HENRI d'ANJOU - le fils bâtard d'HENRI I s'efface très vite pour se ranger sous la bannière de ce concurrent porté par une large majorité des barons.

 

       En l'An 1154, le Comte d'ANJOU est couronné sous le nom d'Henri II PLANTAGENET. A la tête d'un puissant Royaume auquel se joignent des provinces amies, sinon soumises, comme la NORMANDIE, l'AQUITAINE, l'ANJOU et la BRETAGNE, ce souverain aura de nombreux conflits avec son "petit voisin" LOUIS VII, Roi de France ainsi que son successeur PHILIPPE AUGUSTE.Cet antagonisme de caractère commercial et territorial se trouvera exacerbé par la rivalité autour d'une femme. En effet, en 1152, après avoir fait annuler par le Pape son mariage de 1137 avec LOUIS VII, ALIéNOR D'AQUITAINE épouse le Comte HENRI d'ANJOU. La fuite d'ALIéNOR d'AQUITAINE qui avait déjà trois enfants avec le Roi de France est vécue comme une trahison. D'autant qu'en recevant l'Aquitaine le Roi d'Angleterre agrandit considérablement son territoire.

     Cependant, malgré ses faiblesses, LOUIS VII se réfère dans tous ses actes à l'ascendance prestigieuse héritée de CHARLEMAGNE. Se voulant son égal, HENRI II PLANTAGENET va commander à Robert WACE le complément des écrits imaginés par Geoffroy De MONMOUTH. Robert WACE (1100 - 1178/83?), poète Normand né à Jersey, va compléter la généalogie première des dynasties anglaises puis rédiger deux romans : "Le ROMAN de BRUT" et le "ROMAN de ROU". Ces documents suffiront au monarque anglais pour se hisser au niveau des Rois de France.

 

     Puis apparaît un troisième personnage (après Geoffroy De MONMOUTH et Robert WACE), sans doute le plus connu : Chrétien de Troyes (1130 - 1190), érudit, écrivain et clerc éduqué dans un monastère de Champagne. S'étant écarté de la vie monastique, ce lettré au service du Comte de Flandre est mis à disposition du Comte de Champagne pour venir compléter la SAGA ARTHURIENNE. On peut être surpris de voir s'immiscer dans le conflit entre les deux souverains des acteurs apparemment éloignés des préoccupations territoriales, économiques et privées à l'origine des rivalités du moment. Cependant, on découvre que l'épouse du jeune Comte de Champagne est MARIE d'AQUITAINE. Mariée à l'âge de 19 ans avec le Comte qui n'en avait que 13, MARIE est la fille d'ALIéNOR et de LOUIS VII. En se rangeant au parti de sa mère et de son beau-père, elle s'écarte des visées expansionnistes de son père le Roi de France. Par ailleurs le jeune Comte de Champagne, très épris de son épouse, lui laisse diriger la commande faite à Chrétien de TROYES. Très productif, le nouvel intervenant va rédiger une suite de récits chevaleresques invraisemblables, mais parfaitement dans la mode du temps. Ainsi pourra-t-on lire : "ERIC et ENIDE", "LANCELOT ou la Chevalier de la Charrette", "YVAIN ou le Chevalier au lion", "PERCEVAL ou le conte du GRAAL" ...

 

 Un quatrième et dernier auteur viendra compléter les romans ARTHURIENS: Robert de BORON (ou BORRON), clerc très probablement Chevalier de BORON, originaire de Franche-Comté. Ayant vécu fin du XIIè au début du XIIIè siècle, son oeuvre traitée en vers autour de l'histoire du GRAAL marque une évolution du MYTHE ARTHURIEN. A ce moment de l'Histoire il faut satisfaire aux grandes réformes grégoriennes lancées au cours du XIè siècle par le Pape GRéGOIRE VII. Reprenant les écrits de ses prédécesseurs ce dernier auteur apporte une très présente christianisation dans la légende.

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     ARTHUR, personnage central de cette longue saga, n'est pas le fruit du hasard. La narration montre un Roi soucieux de créer un grand Royaume de "CONCORDE". Ses auteurs ont pu s'inspirer du grand BRIAN BORU, ce Roi Irlandais qui, dans la seconde moitié du Xè siècle guerroie pour rassembler tous les clans opposés. Par ailleurs, un autre grand Roi combattant du nom d'ARTHUR est cité dans les légendes du IXè siècle...

   

     Plus tard, comme pour assurer à son fils né en 1187 la meilleure position à l'accès au trône d'Angleterre, la Duchesse Constance de BRETAGNE, jeune veuve de Geoffroy PLANTAGENET, nommera leur enfant du nom d'ARTHUR. Ainsi, ce petit-fils de HENRI II aurait pu succéder à Richard COEUR de LION si Jean SANS TERRE, soucieux d'accaparer le pouvoir, ne l'avait assassiné de ses propres mains dans son château à Rouen en 1203.

 

     Si la localisation du MYTHE ARTHURIEN semble aujourd'hui liée à la "Forêt de BROCéLIANDE" en Bretagne armoricaine ce fait, très rarement évoqué au Moyen-Age, apparaît clairement affirmé à partir du XVIIIè siècle.

 

     Cette affirmation est à joindre aux élucubrations et données improbables avancées comme prétendues preuves de la réalité d'un discours celtique aujourd'hui battu en brèche par l'afflux des données archéologiques. Ainsi, comme on peut le lire ici, les légendes n'ont pas nécessairement besoin d'une trame de réalité pour se substituer à l'Histoire. Aussi belles soient-elles, elles ne restent que des convictions auxquelles certains se rattachent sans aucune autre démonstration que leurs certitudes.

 

         par Yannick LECERF

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      Compléments de Jean-Pierre Tusseau, Université du Québec : les plus prestigieux chevaliers qui ont bercé les rêves d'enfance sont les Chevaliers de la Table Ronde, réunis autour du Roi Arthur. Depuis Chrétien de Troyes, leurs exploits ont inspiré bien des romanciers, dramaturges ou poètes avec de nombreux remaniements ayant abouti au grand cycle "LANCELOT-GRAAL" mais aussi "MERLIN" de Robert de Boron au XIIè siècle, la "Mort d'Arthur" de Thomas Malory à la fin du XVè siècle, les "Chevaliers de la Table ronde" de Creuzé de Lesser en 1813, les "Idylles du roi" de Tennyson en 1842, "King Arthur" de George Bulwer-Lytton en 1848, "The Waste Land" de T.S Eliot en 1922, les "Chevaliers de la table ronde" de Jean Cocteau en 1937, le "Roi pêcheur" de Julien Gracq en 1948 ... L'univers arthurien a également été source d'inspiration pour des musiciens : "King Arthur" de Purcell en 1691, "Parsifal" de Wagner en 1877, "Viviane" et "le Roi Artus" de Ernest Chausson en 1903... Nombreux sont aussi les cinéastes qui ont donné leur vision.

 

     Chrétien de Troyes : les prouesses des chevaliers vont bien au-delà des exploits terriblement physiques des chevaliers de chansons de geste. Le combat qui oppose Yvain, le Chevalier au lion, à Harpain (chap. IX) se termine par une série de comparaisons de boucherie : trancher une grillade, tailler dans le lard, arracher un gigot, tremper la lance dans le sang comme dans une sauce. Cependant le roman ne manque pas d'humour : lorsqu' Yvain, devenu invisible, observe les chevaliers qui enragent de ne pas le trouver; de la magie avec l'onguent de la jeune fille qui le guérit de sa folie, un peu d'irrévérence lorsque Chrétien de Troyes nous dit qu'avant un combat Yvain a bien confiance en Dieu ... mais ne néglige pas son lion pour autant! enfin, quelques réflexions sur l'inconstance des femmes que l'on ne peut manquer de remarquer dans ce roman courtois qui fait pourtant la part belle à la "dame". Les personnages se forgent un destin personnel contrairement aux chansons de geste avec un destin tragique dans l'univers féodal. Yvain ne lutte pas pour la grandeur du royaume ou de la chrétienté ou pour maintenir sur le trône un roi légitime à l'autorité contestée. C'est par attrait de l'aventure et de sa plénitude (seigneur de la fontaine merveilleuse).Yvain épousera la fée Laudine avant d'être mûr pour le mariage et devra accomplir une lente maturation personnelle pour reconquérir la dame. Parcours d'équilibre entre amour et chevalerie en triomphant du guerrier surnaturel Esclados. On y ajoute une ambiance de légende et de mythologie avec des dragons qui crachent du feu, des monstres engendrés par des divinités diaboliques auxquels on paie chaque année un tribut de trente jeunes filles, des géants... La forêt de BROCéLIANDE ne tire-t-elle pas son nom de "Bréchéliant" qui signifie en langue celtique "forteresse de l'Autre Monde"? Deux mondes cohabitent : celtique, plus mystérieux, et chrétien, plus rationnel où le christianisme s'approprie des lieux celtiques, comme cette chapelle située près de la fontaine occupée par une divinité des eaux.

     L'"amour courtois" inspire les romans de Chrétien de Troyes à partir du "Conte de la Charrette".

 

     Pour la critique de la Société de l'époque: qui veut enseigner les bonnes manières, fait implicitement le procès des mauvaises! Ainsi le "Livre des manières" d'Etienne de Fougères, évêque de Rennes de 1168 à 1178, nous offre le point de vue d'un prélat qui, pour avoir longtemps sacrifié aux plaisirs du siècle, n'en était que plus qualifié pour en formuler la critique, à l'heure tardive du repentir. Rutebeuf, lui, réserve ses flèches à une catégorie bien déterminée, les femmes, les bourgeois et les vilains.

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Fabliaux et Contes choisis du Moyen-Age

A la fin du xIIè siècle le veine héroïque des chansons de geste est épuisée. A côté de la poésie lyrique, idéaliste et romanesque, aristocratique et raffinée, qui va fleurir, commence à se développer une poésie plus réaliste, celle des "fabliaux" et du "roman de renart". Le premier fabliau (forme picarde ayant prévalu au françois fableau) connu est de 1159; le genre va prospérer au XIIIè siècle, pour s'éteindre au début du XIVè. Nous avons conservé à peu près 150 fabliaux, dont les "dits moraux" ou les "lais sentimentaux" mais aussi des contes merveilleux et de pieuses légendes. Le fabliau est un "CONTE court à RIRE", destiné à être récité, non chanté. Il n'utilise guère le surnaturel, est ironique et frondeur, sans être proprement satirique.

     L'INDE aurait été le berceau des contes : tous nos fabliaux en viendraient, ayant passé par les diverses littératures orientales (arabes, juives, syriaques, persanes) pour être traduites en latin et enfin en langue "vulgaire" par nos conteurs. D'autres nous seraient parvenus par la voie orale de Byzance et les Croisades. Mais il y en a qui ne peuvent être nés qu'en France, avec un jeu de mots, un trait de moeurs bien français. Ils se sont surtout développés en Artois, Flandres et Picardie avec des jongleurs errants, des trouvères, des clercs lettrés et même des gens d'église et des seigneurs.Les personnages préférés du fabliau sont les gens de classe moyenne : bourgeois, marchands, prêtres et moines, chevaliers de petite noblesse avec les traits  de cupides ou brutaux, querelleurs ou gourmands, trompeurs ou trompés, quelques fois généreux et sages; mais la ruse et la sottise font plus rire que la sagesse avec une dose de vices et et de ridicules pointés du doigt.

     Le "ROMAN de RENART" est un immense recueil d'histoires d'environ 30 000 vers répartis en 27 branches, composées depuis la fin du XIIè jusqu'au milieu du XIIIè siècle par différents auteurs. Ces aventures mettent aux prises le goupil RENART et son compère le loup YSENGRIN. On ne connait que trois auteurs, Pierre de Saint-Cloud, Richard de Lison et le "prêtre de la Croix-en-Brie". Les branches furent écrites en langue d'oïl, sur un secteur de Normandie à la Brie et l'Artois. Une petite partie le fut aussi en dialecte franco-italien. Ces histoires ont été pratiquées à partir d'oeuvres latines contant des aventures d'animaux ou des fabulistes anciens Esope, Phèdre, Babrius. Il faut aussi noter l'influence des fables de Marie de France, des Ysopets, des chansons de geste et des romans arthuriens en pleine vogue à la fin du XIIè siècle. Pour égayer son public le trouvère insère une incongruité exactement comme le fera Rabelais trois siècles plus tard. La Fontaine nous touchera plus que nos vieux trouvères parce qu'il s'est mis lui-même dans ses fables.

     Renart sera présenté comme un goupil terreur des basses-cours, mais aussi comme un personnage rusé, hardi, insolent, dénué de scrupules, menteur et larron,également plein de resources, beau parleur et perdant rarement courage dans les pires situations. Son compère Ysengrin, parfois appelé son "oncle" est au contraire borné, brutal, vorace mais il n'est pas incapable de bons mouvements.

     La "CHANSON de ROLAND"

Première oeuvre de littérature écrite en ancien français, et non en latin, vers 1100, c'est la plus célèbre de nos chansons de geste. Le mot "chanson" n'a pas le sens moderne de petite pièce divisée en couplets accompagnés d'un refrain. Les trouvères ont donné ce nom à de grandes compositions, à de longs poèmes qui étaient chantés. Le mot "geste" (du latin gesta, verbe gerere : faire, accomplir) est à prendre avec le sens d'actions mémorables comme la "geste du roi Charlemagne". La "Chanson de Roland" a rendu célèbre le personnage durant tout le moyen âge jusqu'au début de la Renaissance et ce daOlifantns tous les pays d'Europe. 

     Le moine bénédictin Guillaume de Malmesbury prétendit dans la première partie de son Histoire d'Angleterre (Gesta regum Anglorum) écrite au début du XIIè siècle, qu'elle fut chantée par les Normands à la bataille d'Hastings, en 1066. Cependant le texte fut délaissé progressivement et considéré comme perdu. C'est seulement en 1832 qu'un élève de l'Ecole Normale Supérieure, Henri Monin, signala l'existence à la Bibliothèque Royale (maintenant Nationale) de deux manuscrits relatant "un roman fort curieux... intitulé le Roman de Roncevaux". En 1837, Francisque Michel publia une édition d'un manuscrit conservé à la Bibliothèque Bodléienne d'Oxford, qui contenait une version plus ancienne que les manuscrits de Paris. Puis parurent des études sur d'autres manuscrits à Venise, Châteauroux, Lyon, Cambridge, ... Durant tout le Moyen Age, le poème fut remanié pour satisfaire le goût du jour. Aussi les manuscrits ne sont pas tous de la même importance (la version Oxford compte 4 002 vers, celle de Paris plus de 12 000). Le récit se divise en trois parties :

- la trahison de Ganelon; depuis sept ans Charlemagne lutte contre les Sarrasins d'Espagne; il a conquis tout le pays, sauf Saragosse où règne le roi Marsile, las de la guerre. L'ambassade envoyée à Charlemagne est chargée de faire de mensongères propositions pour obtenir la paix. Le neveu Roland ne croit pas à la sincérité de Marsile et craint un piège. Mais Ganelon conseille de conclure le traité. Le messager désigné par Roland sera son beau-père Ganelon qui en est fort irrité. Il s'engage avec les Sarrasins à le faire mourir en le plaçant à l'arrière-garde de l'armée.

- le désastre du défilé de Roncevaux (situé le 15 août 778) et la mort de Roland (préfet des Marches de Bretagne) : Roland par trois fois refuse de donner du cor pour appeler à l'aide Charlemagne. Son armée succombera sous le nombre et, seul survivant, il défendra son épée Durendal pour qu'elle ne tombe pas aux mains de l'ennemi. Mais frappant par dix fois un rocher celle-ci ne s'ébrèche pas.

- la vengeance de Charlemagne sur les Sarrasins et Ganelon : Charlemagne poursuit les assaillants et les tue. Marsile appelle en renfort l'émir de Babylone. Une bataille a lieu dans une plaine où Charlemagne est sauvé par saint Gabriel. De retour à Aix-la-Chapelle un combat avec jugement de Dieu fait condamner Ganelon attaché à quatre chevaux et écartelé. 

Et la réalité historique? 

Il se pourrait que cette bataille fut une très grosse défaite pour Charlemagne contre des "Gascons"! : malgré le silence voulu des clercs soixante ans après on connaissait encore le nom des chefs qui y avaient été tués. Selon une version, on était dans une période de crise dynastique qui enlevait le pouvoir aux Carolingiens en 987, après la mort de Louis V, pour le donner à Hugues Capet. On essaya avec cette Chanson de glorifier la Maison de Charlemagne. Une autre version fit jour avant la seconde croisade, vers 1146, pour servir les plans du prêcheur saint Bernard et la lutte contre les Sarrasins. Enfin, il existe une version anglo-normande vers 1158 pour appuyer la politique d'Henri Plantagenêt, comte d'Anjou, duc de Normandie et d'Aquitaine et depuis 1154 roi d'Angleterre, avec en ligne de mire le Royaume de France.

Alain RACINEUX, historien local :

     "Ce ne sont pas des Sarrasins mais des Vascons, alias les Basques, qui ont tué Roland pour venger le sac de Pampelune : selon la "Vita Karoli Magni", une oeuvre écrite entre les années 829 et 836 par Eginhard, moine et chroniqueur, les Vascons massacrèrent Roland et toute son armée au cours de la bataille de Roncevaux. Le roi Charles Ier, futur Charlemagne, conduisit effectivement ses troupes à Saragosse en Espagne à la demande du wali de la ville Soliman ibn al-Arabi. Mais ce dernier ayant été remplacé entre-temps, Charles trouva les portes de la ville closes. Pour compenser cet échec l'aile occidentale de l'armée franque, conduite par le roi, s'en prit à la ville navarraise de Pampelune qui avait pourtant résisté à la pression musulmane, mais dont les Francs rasèrent les défenses. Le 15 août 778, en représailles, des Vascons rattrapèrent et anéantirent l'arrière-garde de l'armée du roi Charles, lourdement armée, alors qu'elle progressait dans une vallée encaissée depuis Roncevaux. Roland et quelques autres nobles y trouvèrent la mort, ainsi que le comte du palais Anselme le preux. Et les Vascons reprirent le butin de Pampelune.

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    Avant l'expédition de Roncevaux en 778, Roland fut Préfet de la "Marche de Bretagne". La péninsule armoricaine, occupée par des Bretons très guerriers, se devait d'être surveillée par un homme de confiance.   

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                             C'est aussi le Pays du conteur musicien appelé Bruno ...CHEMIN!!!