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Cette rubrique regroupe le collectage des deux danses qui représentent Acigné :

  • l'Aéroplane d'Acigné et le Moulinet d'Acigné.
  • Un bonus "la Valse à Roger" (Valse écossaise)
  • Les vidéos réalisées par Alfred BERTIN et Michel LELIEVRE du Vidéo Club de Cesson en 2014.

Clic sur Vidéo Aéroplane par Christian Hamon. L' "Aéroplane" est une danse en cortège de couples. Les hommes sont placés à gauche de leur cavalière. Les mains droites se tiennent non pas dans le dos de la cavalière mais au-dessus de son épaule droite.Cette position rappelle les ailes d'un avion! d'où le nom de la danse parfois annoncées  "Aréolplane"...et qui peut être jouée façon "jâze". Important : on part du pied droit. Ne pas confondre avec l'autre "Aéroplane de Saint-Péran".

N'hésitez pas à aller sur www.nozbreizh.fr pour découvrir 4 variantes musicales de l'"Aéroplane d'Acigné" 

Clic sur Vidéo Moulinet par Termen (Thierry, Martine, Thierry, Roger et Hubert)

Clic sur Vidéo Moulinet chanté par Dans'Meize (Daniel, Didier et Gilles)

Le "Moulinet" est une contredanse, sans doute partie d'un quadrille...

On danse par 8, 2 couples face à 2 couples. Par couples on ne se tient pas les mains. L'homme est à gauche et la femme à droite.

  • Première partie : avant-quatre : 8 temps, tout le monde avance et recule au pas marché; 8 temps, on traverse en se croisant épaule droite et en se retournant sur la droite; 2 temps d'arrêt. A faire 2 fois.
  • Deuxième partie : chanteur : "Moulinet pour les hommes (ou les femmes, les coeffs', etc...) qui viennent au milieu en s'accrochant 2 par 2 en se donnant la main droite. On tourne en 16 temps en marchant avec la main gauche sur la hanche. Chanteur "Accrochez": les femmes (ou les hommes) accrochent un cavalier (ou cavalière) en passant leur bras droit dans le bras gauche. 16 temps.
  • Troisième partie : Chanteur "Balançez" on se met en couple avec son partenaire du moulin et on tourne, position valse, en pas de polka.
  • Quatrième partie : Chanteur "A vos places" temps d'arrêt musical : les danseurs retrouvent leur place de départ; on continue de même....

Vidéo de la "Valse à Roger" par Termen  (Valse écossaise)

Video complète : Moulinet/Aeroplane/Valse à Roger

     1 - La Bretagne au temps des "Carolingiens" et de Nominoë/Erispoë au IXème siècle, Alain Barbetorte au Xème siècle

     2 - Pierre Mauclerc au XIIIème siècle et les "Hermines bretonnes"et 1379 Jean IV "An Alarc'h"

     3 - François II, la Bataille de St Aubin du Cormier (1488) et le devenir d'Anne de Bretagne

   4- Acigné et la Duchesse Anne de Bretagne

     5 - La "Malédiction" du château d'Acigné, enquête avec des hypothèses

     6 - La légende du roi Arthur  et "Les légendes arthuriennes : une histoire politique du XIIè siècle" 

          Fabliaux,  Chrétien de Troyes, le Roman de Renart, la Chanson de Roland - Centre de l'Imaginaire Arthurien/Comper 56

          

                                                                                                     -=0&0=-

                                                            Périodes transitoires entre Romains et Royaume de Bretagne (383 à 690). L'ARMORIQUE après l'invasion des Romains 52 av JC (Jules César, ...) : version la plus "élargie" des hypothèses issues de 5 sources, Goeffroy de Monmouth, Pierre de Baud, Alain Bouchard, Bertrand d'Argentré et Dom Morice:     Conan Mériadec 383-421, Gradlon 392-405 ou 435-445, Salomon Ier 405-435, Aldrien 445-464, Erec ou Guérec 464-472, Eusébius 472-490, Budic 422-509, Hoël le Grand 448-545 (.../...), Hoël II 505-560, Alain Ier 547-560,    Hoël III 593-640, Judicaël ou Salomon II 612-660, Alain II Le Grand (ou Long) 638-690       

  Doutes sur la généalogie selon des écrits du XIè siècle, Dol de Bretagne, précisant seulement les noms de Riwal, Gradlon, Daniel Drem Rud, Judicaël et l'Abbaye de Landévennec : Riwall, Gradlon. Conan Mériadec n'y est pas cité mais il est attesté comme neveu d'Octavius dans Historia regum Britanniae. 

     septembre 851 : création du Royaume de Bretagne par Erispoë , fils de Nominoë, suite à la bataille de JENGLAND (Beslé, à l'est de Redon).

     863/867 : Nominoë s'étant déjà aventuré dans le Loir-et-Cher pour y mourir en 851, Salomon agrandira la Bretagne avec l'apport de l'Anjou, l'Avranchin, le Cotentin, le Maine et la Touraine (Traités d'Entrammes et Compiègne avec Charles le Chauve).

     952 : à la mort du dernier roi de Bretagne, Alain Barbe-Torte, on assiste à une anarchie durant deux siècles entre Nantes, Rennes et Cornouaille.

  1166 : les Anglo-Normands Plantagenets, dont Henri II époux d'Aliénor d'Aquitaine, Richard Coeur de Lion, ... seront les maîtres de la Bretagne jusqu'en 1213 (Mauclerc). Guerre de Succession, Traité de Guérande en 1365, Jean IV puis son fils Jean V le Sage en 1399 ". 

    1491 : Anne, fille du dernier duc de Bretagne, épouse Charles VIII, roi de France. Leurs quatre enfants ne survivent pas et le roi se tue accidentellement à 28 ans. 1499 : Anne épouse Louis XII, roi de France. Sur quatre enfants, seule leur fille Claude survit, laquelle épousera en 1514 François d'Angoulême, le futur François Ier.

     1532 : le 13 août, l'Edit d'Union au Royaume de France est ratifié par le Parlement de Vannes. 1536, mort du dauphin, fils de François Ier et de Claude de France, dernier duc couronné de Bretagne sous le nom de François III. On parle ensuite d'une longue période dite de l'"âge d'or" jusqu'en 1675. "Pendant cette période florissante la Bretagne était la seule province française où l'on pouvait changer n'importe quelle somme de numéraire, dans n'importe quel village. Plus de la moitié de la richesse mobilière française était aux mains des Bretons, marchands ou banquiers, Vitréens ou Léonards, opérant à l'étranger; notamment sur la péninsule ibérique gorgée de l'or des Amériques. Le Duc de Bretagne, François II, et la famille de Rohan, héritière du richissime Olivier de Clisson, étaient l'un comme l'autre plus riche que le roi de France." Claude Champaud "A jamais la Bretagne" 

Territoires et limites géographiques : selon Pierre de BAUD, aumônier de la Duchesse Anne de Bretagne au XVème siècle: "La Bretagne a ses limites immuables car enracinées dans l'immémorial, ses frontières naturelles déterminées par les fleuves du Couesnon, de Sélune (Nota : vers St Hilaire-du-Harcouêt Manche), de Mayenne et de Loire au-delà desquels le Breton est en exil."

     ERISPOE, fils de NOMINOE, se nommera en 851 "Prince de Bretagne et jusqu'au fleuve de Mayenne". Nos deux romanciers Balzac et Hugo désignent les départements de l'Ouest sous le nom de "Vendée". Dans les "Chouans", Balzac : "...Marche-à-Terre, du Pays des gars... en étendant sa rude et large main vers Ernée, là est le Maine, et là finit la Bretagne..."Victor Hugo : 1836 lettre : "il y a dix villes comme cela en Bretagne , Vitré, Sainte-Suzanne, Mayenne, Dinan, Lamballe, (Lassay) etc."Quatre-Vingt Treize" : "Passer la Loire était impossible à la Vendée. Elle pouvait tout, excepté cette enjambée... Passer la Loire tue La Rochejaquelein".  Il faut aussi noter avec Balzac "le secret de la guerre des chouans,les haies et les échaliers: construire ces clôtures formidables dont les permanents obstacles rendent le pays imprenable, et la guerre des masses impossible.  Alors se révèle l'insuccès nécessaire d'une lutte entre des troupes régulières et des partisans; car cinq cents hommes peuvent défier les troupes d'un royaume....c'était des Sauvages qui servaient Dieu et le roi, à la manière dont les Mohicans font la guerre."

     1 - La Bretagne au temps des "Carolingiens" et de NOMINOE/ERISPOE - Alain BARBETORTE au Xè siècle

     Au début du IXè siècle le Carolingien Louis Le Pieux, "lassé de ne pouvoir contenir les Bretons", "s'appuie" sur le comte de Vannes Nominoë, prince inconnu alors, en le nommant "missus" en 825. A la mort de l'Empereur en 840 le Royaume franc est partagé entre l'aîné Lothaire et Charles, né d'un second mariage.Les querelles des deux frères profitent à Nominoë qui se sent dégagé de son serment et décide de faire "cavalier seul" en Bretagne et au-delà. A compter de 843, Charles le Chauve, roi de Francie occidentale, monte trois vaines expéditions contre les Bretons.

 Nominoë et les Rois de Bretagne, une série  réalisée par Olivier Caillebot, conseiller scientifique Jean-Jacques Monnier

  • Episode 1Nominoé et les rois de Bretagne 
  • Episode 2. Cap sur Redon et son abbaye. Bains-sur-Oust : futur mémorial avec Georges Migaud Délégué de la fondation du Patrimoine pour le Pays de Redon, Louis Appéry Président de “Pouellgor gouel Ballon”, John Morzadec et Antoine Martel “Frériens”.
  • Episode 3. Dans ce troisième volet, l'Historien Frédéric Morvan et Georges Migaud délégué du patrimoine du pays de Redon, mettent en lumière la gouvernance de la Bretagne au 10 ème siècle.
  • Episode 4Ce quatrième épisode nous entraîne près d'Auxerre, à Fontenoy-en-Puisaye, lieu de la bataille qui déclencha la partition en trois entités de l'Empire de Charlemagne avec des répercussions sur l'équilibre des forces en Bretagne.

 Parmi celles-ci le 22 août 845 : la bataille de Ballon, lieu situé en Bains-sur-Oust (marais de Baen) au nord de Redon (Ros ou Roton); d'après la "Chronique de Réginon de Prüm. L'alliance de Charles Le Chauve et de son frère Louis Le Germanique explique la présence de mercenaires saxons sur la première ligne du front.

     "Les Bretons prennent les armes,violent les frontières du royaume des Francs et s'avancent jusqu'aux environs de Poitiers, semant partout le meurtre, le pillage, l'incendie, puis rentrent chez eux chargés d'un immense butin. Pour réprimer cette insolente audace, Charles à la tête d'une grande armée entre en Bretagne et livre bataille aux Bretons. Les troupes saxonnes, que le roi avait soudoyées pour soutenir les attaques rapides et les retours à l'improviste de la cavalerie bretonne, sont placées en première ligne. Mais dès la première charge des Bretons et dès leur première volée de javelots, les Saxons vont se cacher derrière les autres troupes.

     Les Bretons, selon leur coutume et montant des chevaux dressés à ce genre de combat, courent de côté et d'autre. Tantôt ils donnent impétueusement, avec toutes leurs forces, dans la masse serrée des bataillons francs et les criblent de leurs javelots; tantôt ils font mine de fuir, et les ennemis lancés à leur poursuite n'en reçoivent pas moins leurs traits en pleine poitrine. Accoutumés à combattre de près lance contre lance, les francs restent immobiles, frappés d'étonnement, effrayés de ce nouveau péril qui leur était inconnu; ils ne sont point équipés pour poursuivre ces troupes légères, et s'ils les attendent rangés en ligne serrée, ils n'ont contre leurs coups aucun abri.

     La nuit interrompit la bataille. Les Francs avaient beaucoup de morts, un plus grand nombre de blessés, une foule énorme de chevaux hors de combat. Le jour suivant, la lutte recommence et s'achève pour les Francs par un désastre encore pire. Ecrasé par une immense terreur, le roi s'enfuit au milieu de la nuit à l'insu de son armée, laissant là son pavillon, sa tente, tous ses ornements royaux.

     Le lendemain matin, en apprenant la fuite du roi, l'armée est prise de panique et ne songe qu'à l'imiter. Les Bretons se jettent sur les Francs avec de grands cris, envahissent le camp tout pleins de richesses et y font un grand butin. En même temps ils poursuivent les fuyards, tuent ou font prisonniers tous ceux qu'ils peuvent rejoindre; les autres se sauvent à toutes jambes. Ainsi enrichis des dépouilles des Francs et munis de leurs armes, les Bretons rentrent dans leurs foyers."

Nota : BALLON "Pays Gallo" : acte fondateur de la Bretagne indépendante... De nos jours l'association "Poellgor Gouel Ballon" souhaite ériger un mémorial sur le lieu de bataille. Les plans d'une oeuvre d'art, imaginée par Jean-Pierre BAUDU de l'agence Fouet Cocher, sont prêts. Des sponsors se sont engagés (dont les frères Guillemot de Carentoir, le Conseil régional, ...) 

    Après la mort soudaine de Nominoë à Vendôme  le 7 mars 851 son fils Erispöé inflige à Charles le Chauve (le 22 août) une nouvelle défaite à Jengland, sur la rive gauche de la "Vilaine" après trois jours de bataille acharnée. Erispoë se nommera "prince de la Bretagne et jusqu'au fleuve de Mayenne" avec cette phrase en breton : "Doué zo en nenv,ha tiern é breizh" (il y a Dieu au ciel, et un chef en Bretagne). En septembre 851 la rencontre d'Angers scelle la paix entre Erispoë et Charles le Chauve. "On peut considérer ce traité comme l'acte de naissance de la Bretagne", selon l'historien brestois Joël Cornette. Ancien territoire "Pictons",  le sud Loire "Pays de Retz" est rattaché à la Bretagne.

     "L'an 857, Erispoë fut tué par Salomon et Alcmar, Bretons comme lui, avec lesquels il était en désaccord. Ils l'attaquèrent lâchement et, usant de ruse, ils le tuèrent sur l'autel tandis qu'il invoquait la protection de Dieu. Salomon, saisissant la couronne, objet de son ambition criminelle, la plaça sur sa tête." Annales de Saint Bertin

     En 874, la conspiration de son gendre Pacweten et Gurvant ,gendre d'Erispoë, aboutira à la mort de Salomon. Période d'instabilité avec les raids des pirates Vikings, dits Normands/"Northmen".En cette fin de siècle Alain le Grand, dernier Roi de Bretagne, réunira la Bretagne "celtique" avec la "marche" d'Armorique de langue romane (888 - 908).

    Alain BARBETORTE ou Al Louarn (le renard) en breton. Ce Comte du Poher fut le premier Duc de Bretagne en 936 et jusqu'à sa mort en 952. Il était aussi le petit-fils d'Alain Le Grand.

     Au début du Xème siècle les VIKINGS (ou pirates normands) changent de stratégie : les raids avec pillages sont remplacés par des "principautés" en Angleterre, en Irlande . En Normandie, le Traité de St-Clair-sur-Epte de 911 avec le roi de France Charles le Simple donnera la ville de Rouen au chef viking Rollon qui deviendra le premier Duc de Normandie. Le fait le plus marquant est la destruction de l'abbaye bretonne de Landévennec en 913. S'en suivra l'exil de l'aristocratie bretonne jusqu'en 935, date à laquelle Alain Barbetorte débarquera près de Dol-de-Bretagne avec une troupe d'exilés bretons (ainsi que des anglais), et chassera les Vikings jusqu'à Nantes dont il fera sa capitale de Bretagne.

     La grande victoire majeure sur les Vikings n'interviendra cependant que le 1er août 939 à Trans, sur les bords du Couesnon, avec l'appui des comtes de Rennes et du Mans. Cette date du 1er août deviendra la "Fête nationale des Bretons". La Bretagne ducale indépendante : 1er août 939 - 1532 rattachement à la France.

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     Les Rois Mérovingiens et Carolingiens considéraient le royaume non comme un Etat, mais comme un "domaine" dont ils étaient les propriétaires. D'où partage à peu près équitable entre les fils à la mort du père, sans souci géographique. Jusqu'au Xè siècle, chaque fois que la France est entre les mains d'un seul Roi, c'est que celui-ci est fils unique ou que la mort, naturelle ou provoquée, de ses frères, lui a permis de reconstituer l'unité du "domaine". Les premiers Capétiens, très modestes propriétaires, sentirent la nécessité de léguer le "domaine" à leur seul aîné. D'où des conflits et la coutume des "apanages" pour dédommager les cadets.Ainsi, au VIè siècle, Paris était une parcelle de l'héritage de Caribert.A sa mort, la ville avait été partagée en trois parts, mais aucun des frères ne devaient y entrer sans le consentement des deux autres.On peut signaler le Roi mérovingien CHILPéRIC Ier, petit-fils de Clovis qui, au VIè siècle, avait une personnalité curieuse avec des goûts artistiques, composant des vers latins, des hymnes, féministe pour que la femme ait droit à la succession du mari défunt, contraire à la loi salique, linguiste par de nouveaux caractères des sons germaniques que n'exprime pas l'alphabet latin, théologien...Il sera assassiné vers 584.

          Généalogie de Clovis (481 - 511) ; 4 fils reconnus : Thierry, Clodomir, Childebert I et le sucesseur Clotaire I (511 - 561). Le partage entre fils donnera Caribert roi de Paris et la Gaule Ouest et Gontran roi d'Orléans et un morceau de Provence. Intéressons nous aux deux autres fils Sigebert roi d'Austrasie (Est de la Francie, Auvergne et autre morceau de Provence) (561 - 575) avec son sucesseur Childebert II (575 - 597) puis partage Théodebert et Thierry; puis allons en Neustrie (Nord Ouest de la Francie, de la Somme à la Basse-Loire) avec le roi CHILPéRIC I  (561 , assassiné en 584) , son sucesseur sera  le jeune CLOTAIRE II qui n'a que 4 mois! Enfin nous aurons le très célèbre DAGOBERT I qui régnera de 629 à 639.

 

     Le "DUC" ou la "DUCHESSE" : à l'origine, sens latin de "chef militaire", équivalent au mot d'origine germanique "marquis" ou "margrave", qui commande plusieurs "Comtés". C'est un emploi et non un titre de noblesse.Peu à peu l'usage s'établit de confier au "Duc" les régions frontières.

 

            1066 Les "NORMANDS" (ou Franci/Galli) envahissent l'ANGLETERRE avec la fameuse bataille d' HASTINGS remportée contre le roi saxon Harold par le normand Guillaume le Conquérant , descendant du viking Rollon. Grâce à la fortune de son épouse Mathilde de Flandre, Guillaume Le Conquérant dispose de 1 000 navires et 8 OOO hommes qui débarquent dans le Sussex fin septembre 1066. Le tiers de l'effectif était originaire de Bretagne et occupèrent l'aile gauche à la bataille. Sur ces 2 à 3.000 combattants Bretons la provenance était située entre Lamballe, Loudéac, Gaël en remontant vers Châteaugiron, Vitré et Fougères ...Sur la Tapisserie de Bayeux, tous les combattants sont appelés "Franci (Français) car les Normands étaient épaulés de Bretons, Français d'Ile-de-France, Angevins, Flamands, Bourguignons, Aquitains et même Lombards ou Grecs...Les chroniques latines parlent de "Galli (Gaulois).  Après la victoire d'Hastings le 14 octobre, Guillaume distribue les terres. Ainsi les fils du comte de Penthiève recevront le comté de Richmond. Plus de soixante-cinq mille normands, bretons, angevins, picards, ... franchissent la Manche pour s'installer dans l'Angleterre peuplée alors d'un million deux cent mille habitants. L'Ecosse aura pour Grand Intendant un Fitzalan (Fils d'Alain) ou une reine Stuart, deux familles originaires de Dol-de-Bretagne. Guillaume Le Conquérant décède en 1087 à Rouen.

     Son troisième fils, Henry, âgé de 19 ans se fait alors proclamer roi d'Angleterre, avec le nom de "Beauclerc"; c'était un prince fort instruit. Il récuperera la Normandie à son frère Robert, revenu des Croisades. Sous son règne naîtra l'anglo-normand puis le "roman" appelé à devenir le "françoys" et prononcé le "franswé".

     Après sa mort en Normandie en 1135, notons l'important règne de Henry II  Plantagenêt né dans le Maine-Anjou, parti étudier à 9 ans en Angleterre le latin et les armes. En 1153, à 20 ans, il devient roi d'Angleterre et seigneur d'Irlande, duc de Normandie, comte d'Anjou, du Maine et de Touraine. Le mariage avec Aliénor d'Aquitaine lui apportera le titre de duc d'Aquitaine et dix ans de régence de Bretagne (1166, fiançailles entre son fils Geoffroy,âgé de huit ans, et Constance, âgée de quatre ans,princesse héritière) ; ainsi que huit enfants dont Richard (surnommé Coeur de lion) et Jean (Sans Terre). Sur 35 ans de règne, Henri II en passera seulement quatorze en Angleterre. Il sera enterré à l'Abbaye de Fontevraud en 1189. Bien que né en Angleterre, son fils Richard (surnommé Coeur de lion) n'y vivra que six mois sur dix ans de règne. Il sera élevé en Aquitaine et Poitou par sa mère Aliénor. Lettré et polyglotte il compose des chansons en langue d'oc (doc) et encourage les troubadours occitans.

     Si les ducs résidaient à Nantes, c'est à Rennes qu'ils recevaient leur investiture : le futur duc s'arrêtait hors des murs, puis prêtait serment en jurant de défendre les droits et privilèges de la Bretagne. Il franchissait alors les "PORTES MORDELAISES" PortesMordelaises et, le lendemain, était couronné dans la cathédrale Saint-Pierre. Situées aux bas de la place des Lices, ces portes comportaient deux pont-levis précédés d'un boulevard et présentaient une double porte piétonne et charretière. Elles étaient encadrées par deux tours symétriques, rehaussées de mâchicoulis. Les Lices, extérieurs à la ville fortifiée, servaient aux manifestations médiévales. A l'est, on y avait dressé le pilori qui ne disparut qu'au XIXème siècle. Suite à l'épidémie de peste de 1622, on y plaça le marché le samedi matin. Les enchères de 1658 permirent d'y construire d'immenses maisons de bois et des hôtels de pierre pour y loger les parlementaires rennais. Le 23 décembre 1720, le centre de la ville est en feu : "à un quart de lieue les charbons allumés tombaient gros comme le poing". 845 maisons à pans de bois sont ravagées.  Mais dès 1752 un observateur note que la ville se pare d'arcades en granite aux rez-de-chaussée, d'étages en tuffeau et de toits d'ardoises, pour devenir "l'une des plus jolies capitales que nous ayons dans nos provinces".

     Au XII ème siècle l'aristocratie bretonne s'exprime en français ou en latin, excepté en Basse-Bretagne. Alain IV Fergant (1084 - 1112) fut le dernier duc bretonnant.

    Langues française, anglo-roman, franco-normand : la langue française est en train de perdre de son influence au profit de l'anglo-américain. Pourtant, notre langue aurait pu devenir mondiale au fil des conquêtes et des mariages royaux entre la France et l'Angleterre. Depuis le milieu du XVè siècle l'hégémonie de l'anglais est incontestable dans le monde. Elle est devenue la langue véhiculaire à travers l'économie, l'informatique, la science, l'audiovisuel et le sport. Toutefois, il s'en est fallu de peu pour que la langue anglaise ne soit jamais parlée à la cour d'Angleterre. En effet, à la bataille d'Hastings en 1066, qui voit la victoire de Guillaume sur son rival Harold le saxon dont il s'empare du trône, la langue française - qu'on appelle alors le franco-normand - devient la langue du royaume d'Angleterre et de la noblesse anglo-normande. Une suprématie qui durera pratiquement jusqu'à la victoire de Jeanne d'Arc en 1429 sur les troupes anglaises. Pendant près de trois siècles de conquête française, lois et édits sont publiés en saxon pour le peuple et en français pour l'aristocratie. Mais, après la guerre de Cent Ans, un terme sera mis à l'usage du français à la cour d'Angleterre : il ne sera plus utilisé de façon officielle vers 1450.

                     

2 - Pierre MAUCLERC au XIIIème siècle et Jean IV 1379 "An Alarc'h"

     L'arrière-petit-fils du roi de France capétien Louis Le Gros - Pierre de Dreux - s'installa en Bretagne suite à son mariage avec la duchesse Alix, et sur ordre de Philippe Auguste qui "pensait" s'approprier le duché.Il entreprit de combattre tout d'abord les seigneurs du Finistère Nord et s'opposa au clergé breton, lui qui avait renoncé à la prêtrise, ce qui lui valut le surnom de MAUCLERC (clerc qui a mal tourné). Il fut excommunié quelques temps.Sous la régence de Blanche de Castille il complota contre le jeune Louis XI et s'allia avec le roi d'Angleterre Henri III.

     "Politique habile dans le détail des affaires et le maniement des hommes, chevalier vaillant, beau donneur de coups d'épée, capable d'inspirations très généreuses, très lettré, poète à ses heures, Pierre de Dreux avait de grandes qualités, mais il était entièrement dépourvu de modération et d'esprit de suite, et avec cela très entêté. Comme tous les Capétiens, il avait la passion de l'accroissement indéfini de son pouvoir" 

     La bataille de Châteaubriant (1222) : "Philippe Auguste avait donné la châtellenie de Ploërmel à un seigneur français Maurice de Craon. A la mort de celui-ci, Pierre de Dreux la revendiqua, à juste titre, comme partie inaliénable du domaine ducal. Amaury de Craon, héritier de Maurice, leva une forte armée composée de Manceaux, de Normands et d'Angevins, et pénétra en Bretagne. Pierre de Dreux menait une campagne contre les princes du Léon. Amaury, après avoir pris La Guerche et Châteaubriant, se retrancha derrière ces deux forteresses, faisant incendier et piller le pays environnant par ses troupes, attendant la diversion favorable que les princes du Léon lui avaient promise.

     A la suite des ravages exercés par les envahisseurs, la querelle personnelle de Mauclerc avec Amaury fit place à une lutte de caractère national pour sauvegarder le pays contre les étrangers. Les Bretons, oubliant les griefs qu'ils avaient contre Mauclerc, vinrent se ranger autour de lui. Pierre de Dreux s'avança vers Châteaubriant. Une bataille se livra dans les environs, à Béré, sur un terrain couvert de vignobles. L'armée d'Amaury, avec sa forte cavalerie, ne put manoeuvrer facilement dans les vignes. Les Bretons avaient au contraire, une quantité de gens combattant à pied dont l'arme favorite était l'arc et qui savaient s'en servir. Voyant cette grosse cavalerie empêtrée dans les vignes, ils lancèrent des flèches à plaisir, s'attaquant surtout aux chevaux. Avec les lourdes armures de l'époque, un chevalier jeté à terre ne pouvait se remettre seul sur pied. Les Normands, les premiers, se lassèrent de servir de cible aux Bretons et s'enfuirent. Les archers bretons profitèrent de cette défection pour pénétrer dans la ligne de bataille et prendre de flanc les autres escadrons. Bientôt, ce fut une déroute générale." LA BORDERIE.

     A la fin de sa vie Mauclerc partit pour la croisade en Egypte  - sous le nom de Pierre de Braine - où il combattit vaillamment. Il mourut au retour en 1250. Il laissa une Bretagne pacifiée à son fils marié avec l'héritière de Navarre.Les "hermines bretonnes" sur les armoiries de Bretagne furent introduites sous son ministère, car il portait un quartier d'hermine dans les siennes.BannirePierreDreux

     

 Pierre MAUCLERC et les seigneurs d'Acigné : Le baron de Vitré avait cédé le territoire d'Acigné à son fils Renaud en 1010. Le premier château d'Acigné - route de Servon en sortant du bourg - date de cette époque. On l'appelait en 1240 "La Motte d'Acigné". En 1234, ce château a été détruit par Pierre Mauclerc (Comte de Rennes), afin de punir Alain d'Acigné d'avoir pris parti pour Saint-Louis, qui était contre lui. Il a alors brûlé le château. De nos jours on a une rue Saint-Louis et sa statue y trône à l'extérieur de l'église. Depuis des temps lointains on y fêtait la "Saint-Louis" à la fin des battages troisième semaine d'août. Cette grande fête populaire, célébrée trois jours de rang, fut arrêtée en 1990.  

Initiateur des "Hermines bretonnes", Pierre Mauclerc aura laissé pour trace celles-ci sur le  blason des "d'Acigné"   avec, quand même, un rang de trois fleurs de lis (ou lys) du Roi de France..Mouchetures dhermines

        Jean IV 1379 : le célèbre chant "An Alarc'h" (le cygne), popularisé par Alan Stivell, Gilles Servat ou Tri Yann, raconte le retour du duc Jean IV d'Angleterre pour chasser les troupes du roi de France qui avaient envahi le duché. Ce chant du "Barzhaz Breizh" était considéré comme une pure invention par certains, jusqu'à la publication des cahiers de collectes d'Hersart de la Villemarqué sur le site du CRBC (Centre de recherche bretonne et celtique). Il a été collecté sous le titre "Gwai gwenn alar" (oie blanche cygne). An Alarc'h désigne l'espèce bien connue de l'oie cygnoïde, c'était un des emblêmes du roi d'Angleterre Edouard III, protecteur du duc de Bretagne en exil, d'où le surnom donné à Jean IV. Le mot alarc'h, identique en gallois, était donc encore connu au XIXè siècle. Jean IV est magnifié par ce chant :"Le seigneur Jean est un solide gaillard,  habile et léger sur ses deux pieds. Quand il joue de l'épée, il est si vif qu'il coupe en deux homme et cheval, son armure brille au combat et éblouit le regard de tous." Avec un tel chef, les troupes bretonnes sont galvanisées contre l'armée de mercenaires du roi de France. Les chercheurs Donatien Laurent et Christian Souchon attestent de l'authenticité de ce chant historique, très peu remanié par Hersart de la Villemarqué. O.F Bernez Rouz

3 - FRANCOIS II , LA BATAILLE de ST AUBIN DU CORMIER  (1488) et le devenir d'Anne de Bretagne

    1485 : fin de l'époque du trésorier général Pierre Landais, roturier vitréen. "Landais fut un grand ministre: c'est à lui que l'on doit rapporter toutes les mesures favorables au commerce, à la marine, à l'industrie, à l'agriculture, au développement des institutions municipales, et à lui, enfin, pour une grande part, la prospérité de la Bretagne pendant la seconde moitié du XVè siècle. Ardent et fidèle Breton, il combattit pendant vingt-cinq ans pour le salut de la patrie et mourut à la peine." La Borderie

     Anne de Beaujeu, fille de Louis XI,assurait la régence de Charles VIII et soudoyait nombre de seigneurs bretons avec force pensions pour affaiblir le duché de Bretagne de François II. Pour assurer sa succession celui-ci avait anticipé avec la réunion des Etats de Bretagne qui assurait les droits à ses filles Anne et Isabeau. Il conforta son duché par des alliances avec l'Angleterre et l'Autriche mais également avec le duc d'Orléans, ennemi de la régente Anne de Beaujeu qui s'appuyait sur la haute noblesse bretonne : Rieux, Rohan et Avaugour.

     Depuis le traité d'Arras de 1482, Charles VIII était fiancé avec Marguerite d'Autriche âgée de 5 ans, lui en avait 14.Le duché de Bretagne était très convoité : Anne aura connu sept prétendants...

     Louis d'Orléans entreprit de lever une armée avec le soutien des anglais et de Maximilien d'Autriche, père de Marguerite, ainsi que nombre de bretons mécontents. Anne de Beaujeu réagit vivement en 1487, une troupe française occupe Ancenis, Châteaubriant, Ploërmel puis Redon et Vannes et se porte alors sur Nantes.Mais le petit peuple se lève en masse pour défendre sa capitale : marins du Croisic, de Guérande, de Cornouaille, paysans, petite noblesse, bourgeoisie, .... reprend Vannes et tient bon face aux Rohan à Guingamp. En 1488, l'armée d'Anne de Beaujeu ne contrôlait que Clisson, La Guerche, Vitré et St Aubin du Cormier.

    Sous le commandement de La Trémoille, les français se rassemblent en une seule armée puissante et à partir d'avril 1488 les villes sont reprises: Ancenis, Châteaubriant, Dinan, St Malo,....Vint le tour de Rennes : après délibération dans la cathédrale il fut déclaré : "Ne pensez pas que vous soyez déjà seigneurs en Bretagne, le roy n'a aucun droit en cette duchée. Sachez qu'en cette bonne ville de Rennes il y a quarante mille hommes dont les vingt mille sont de telle résistance que moyennant la grâce de Dieu, si le seigneur de La Trémoille et son armée viennent l'assiéger autant y gagneront-ils que devant Nantes; nous ne craignons ni le roi, ni toute sa puissance. Partant retournez au seigneur de La Trémoille et lui faites part de la joyeuse réponse que nous avons faite car n'aurez d'autre chose." Les français se retirèrent des lieux, ne voulant répéter le siège de Nantes.

     La bataille déterminante de Saint-Aubin-du-Cormier : 28 juillet 1488 : le rôle majeur de l'artillerie française.

    Ignorant que Fougères avait capitulé le 19 juillet , une armée bretonne quitta Rennes avec les princes d'Orange et d'Orléans pour la secourir. La rencontre avec l'armée française eut lieu à mi-chemin à Saint-Aubin-du-Cormier. Le Maréchal de Rieux, reconverti à la cause bretonne, en était avec 12.000 hommes, dont seulement 300 archers anglais. Rieux fit revêtir à 2.000 des 6.400 bretons un hoqueton orné d'une croix rouge des archers anglais. En face, l'armée de La Trémoille disposait de 15.000 hommes avec de l'artillerie. La cavalerie était aux ordres du napolitain GALIOTA. Les ROHAN étaient présents sauf le sire de Léon, fils aîné,qui était avec l'armée bretonne.

     A deux heures de l'après-midi l'artillerie fit des ravages dans l'infanterie bretonne. Les lansquenets (fantassins mercenaires) allemands se replièrent derrière une colline ce qui donna le signal d'attaque de la cavalerie française et permit de percer l'armée bretonne qui tint quatre bonnes heures pour protéger une retraite ducale. Il y eut cinq à six mille morts dans le camp breton et mille quatre cents tués chez les français. 

      François II se sentit seul, abandonné de ses alliés, avec nombre de villes tombées. Il demanda la paix qui fut accordée avec promesse - par le traité du Verger (château en Anjou)- "de ne pas marier ses filles sans le consentement du roi".Une réplique fut célèbre : "Il plairait au duc que cette guerre se terminât..." - Soit... mais dites bien à votre maître qu'il m'a déplu, à moi, qu'elle commençât". François II mourut de chagrin le 9 septembre 1488.

François II était né au château de Clisson en 1435. Fils aîné de de Richard, Comte d'Estampes, lui-même fils du Duc de Bretagne, Jean IV, et frère de Jean V et d'Artur III. Sa mère est Marguerite, fille du duc d'Orléans. François II , élevé à la cour de France, succéda à son oncle, le célèbre Artur, Comte de Richemont, Connétable de France, qui ne régna qu'un an à l'âge de 64 ans, car empoisonné...  

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  NOTA : Saint-Aubin du Cormier , le site "Koad Sav Pell", à 300 mètres derrière le "Mémorial aux Bretons" (route menant à Sens de Bretagne). Jean-Louis Le Cuff, président du MAB (créé en 2003, 22 adhérents et une centaine de membres SCI), dispose d'un site de landes de 4,5 ha avec déjà 300 menhirs dressés, dont 17 forment un cercle avec, au centre, une table dolmen à la manière de Stonehenge (Angleterre). 50 fraîchement arrivés attendent d'être piqués debout. L'objectif de MAB est de faire connaître l'Histoire de la Bretagne et son identité. Il constate que les musées nationaux abordent très peu la période avant 1532, évoquant la bataille de Saint-Aubin (1488) et autres conflits. Marc SIMON, sculpteur local, grave le granit sur le terrain de "Koad Sav Pell". Après un dernier menhir, en 2018, en souvenir des morts bretons de 1914-18, c'est aux souverains bretons Nominoë et Alain Barbetorte qu'il s'attelle. Ainsi surgissent de terre une à deux sculptures par an. Jean-Louis Le Cuff rêve de voir les 56 ducs, princes et rois de Bretagne sculptés. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 

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     Anne - dont la mère est moitié espagnole, moitié béarnaise - n'a que 12 ans et reçoit sa couronne ducale dans la cathédrale de Rennes le 10 février 1489. Elle dispose d'un duché affaibli avec une large partie de sa grande noblesse assujettie au royaume de France. Non résignée et forte de caractère,et en déni du traité, Anne décide d'épouser Maximilien d'Autriche ,par procuration, à 14 ans.Le mariage fut "consommé" par l'entremise de l'ambassadeur d'Autriche qui dénuda sa jambe et la glissa sous les draps où reposait Anne...Vive réaction du roi Charles VIII qui occupe Nantes en mars 1491 et s'unit six mois plus tard par un mariage sans faste avec Anne - et la Bretagne - au château de Langeais. Après 7 années aux côtés d'un roi malade et fade, celui-ci décède.

NOTA : 1491 - 1911: on commémora à Rennes l'union de la Bretagne à la France royaliste avec une sculpture si offensante que les indépendantistes la firent exploser en 1932 (1532/1932). 1532 : François Ier prend une décision unilatérale avec un "édit" proclamant l'union de la Bretagne à la France. Il ne s'agissait pas d'un véritable "traité" signé par les deux parties.

     Le "CATHOLICON" de 1464 prouve le dynamisme culturel et technique de la Bretagne. On aura tout d'abord eu vers 1450 l'invention de notre "Gutenberg". Jean Brito de Pipriac, au nord de Redon, donne naissance à l'imprimerie et permet à un plus grand nombre de communiquer et obtenir des savoirs. Vint ensuite le "Catholicon": le chanoine de Tréguier aura demandé à Jehan Lagadeuc de rédiger le premier dictionnaire mondial trilingue  (breton, françois et latin) qui sortira de l'imprimerie Jehan Calvez en 1499.

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     Vint alors une période plus heureuse avec un nouveau mariage à 23 ans entre Anne et l'ancien duc d'Orléans qui règne sous le nom de Louis XII. Il lui laisse une relative liberté d'action dans son duché. Cela rejaillira dans de nombreux domaines intellectuels et artistiques et la notoriété de la Bretagne mais aussi près du peuple qui lui fera un triomphe en 1505 sur les routes menant de Nantes à Vannes, Quimper, Tréguier, Saint-Brieuc, Dinan et Vitré.

     Le 19 août elle est venue prier au pardon du Folgoët (Finistère), accueillie dans la basilique par un "Veni Creator" chanté en latin (créé au IXème s.) et également en breton, oeuvre de son confesseur né à Plouvorn, près du Folgoët, et futur évêque de Rennes en 1507. Il serait à l'origine du poème officiel écrit en lettres d'or sur la grande scène où trônait le portrait de Brutus, chef mythique troyen devenu premier roi des Bretons! On croyait à l'époque que les Bretons descendaient de ce peuple de la Grèce antique.... Brutus s'exprime en breton : "moi et ma femme, de partir en douce du pays grec, afin de conquérir sans coup férir cette ci-devant Bretagne. Mes descendants parlent la vraie langue de Troie, laquelle restera en usage jusqu'à la fin des temps." Bernez Roux

     Le "Tour de Bretagne" très populaire de juin à septembre 1505 va l'immortaliser. Cependant, il convient aussi de savoir qu'Anne aura quitté le duché à 14 ans et que pendant 23 ans de règne elle n'y aura résidé que 6 à 8 mois dont ce fameux "Tour"! Morte en 1514, à 36 ans, Anne de Bretagne restera jusqu'à nos jours la "bonne duchesse" intelligente et obstinée à défendre sa province. Elle fut aussi autoritaire, pieuse austère, et portée vers le faste avec 24 maîtres d'hôtel, 25 commis de cuisines et 48 valets.

     Adolphe ORAIN, de Bain-de-Bretagne, écrivait en 1899 : "il y a des noms tellement gravés dans la mémoire des paysans bretons que, ni la lecture des journaux qui pénètrent aujourd'hui dans les plus humbles chaumières, ni les soucis du présent, ni les préoccupations de l'avenir ne parviennent à les effacer. On ne parle qu'avec respect de la bonne duchesse, la brette (femme bretonne) de Louis XII, comme on l'appelle. toutes les voies romaines sont des chemins de la reine Anne...."

     Anne de Bretagne avait effectivement beaucoup d'atouts pour être la "coqueluche" des petites gens. Avec ses sabots, elle n'était pas fière! chanson :

" C'était Anne de Bretagne,

  Duchesse en sabots,

  revenant de son domaine,

  En sabots mirlitontaine,

  Ah!Ah!Ah!Ah!Ah!Ah!Ah!

  Vive les sabots de bois!

  Revenant de son domaine,

  Avec ses sabots,

  rencontre trois capitaines,

  En sabot mirlitontaine, etc...

Les trois capitaines saluèrent leur duchesse et lui offrirent un pied de verveine en lui prédisant que, s'il fleurissait, elle serait reine. La verveine fleurit et la duchesse devint Anne de France.

  

  4 - ACIGNE et la Duchesse Anne

En 1490 la Bretagne est un petit Pays convoité par les Grands d'Europe. A sa tête une gamine de 14 ans entourée de conseillers ambitieux, prétentieux et sans scrupules, soucieux de leurs intérêts.Tantôt Bretons,tantôt Français, tantôt Anglais, tantôt Espagnols. Treize prétendants essaient depuis quelques années de demander la main de la petite duchesse à son père - François II - dernier des ducs de Bretagne,mort en 1488 après la défaite de St Aubin du Cormier. Parmi eux, le roi de France Charles VIII, déjà fiancé à la fille de Maximillien d'Autriche, lequel vient d'épouser par procuration en décembre la petite Anne de Bretagne.

     Au printemps 1491 les troupes françaises occupent la Bretagne et nombreuses sont les villes défaites. Les troupes bretonnes chargées de protéger la duchesse qui réside à Rennes stationnent entre autres à Acigné, bourgade sise à trois lieues de la capitale.Les soldats se comportaient parfois en soudards désoeuvrés et la population vit dans la crainte d'exactions. Anne de Bretagne leur envoie ce message : "Ordre aux gens de guerre étant à la Motte d'Acigné et à Châteaugiron de ne pas contraindre à la bêche les paroissiens d'Acigné, Noyal sur Vilaine, Brécé, Servon et Broons, ni de les contraindre à leur porter ou bailler vivres ou ustensiles sans les payer raisonnablement..."

     Arrive l'été 1491. Nantes est livrée au roi de France par un conseiller de la jeune duchesse (Alain d'Albret) et l'armée française vient camper à Bain de Bretagne avant de s'établir en août entre Voeuvre (Chevré) et Vilaine, c'est à dire à Acigné! Trois autres corps d'armée prennent ensuite position à St Sulpice la Forêt, Vern et Liffré pour cerner Rennes qui "devient un îlot parmi les villes prises et parties ébranlées". Louis d'Orléans (futur Louis XII) qui avait pourtant combattu du côté des Bretons à St Aubin du Cormier en 1488, arrive à Rennes pour convaincre Anne de Bretagne d'épouser Charles VIII. 
     Devant la misère, la faim, les récoltes anéanties et les exactions des soldats, elle se bute puis se résigne à épouser le fils de Louis XI pour sauver son peuple. "Elle fut tant persuadée par remontrances et grandes raisons (de son entourage) qu'à la fin elle se laissa induire à prendre ce parti..."

     Charles VIII est à Rennes. Prétextant des dévotions à Notre Dame de Bonne Nouvelle (aujourd'hui place Ste Anne) il se présente au logis des ducs, rue des Dames. Il y trouve la duchesse "tant belle, gracieuse, bénigne et humble et bien servie de corps". Les fiançailles ont lieu à la chapelle des Jacobins de Rennes en novembre, puis le mariage est célébré le 6 décembre 1491 à 8H du matin au château de Langeais. Anne de Bretagne devient ainsi reine de France. Sept ans plus tard Charles VIII meurt en heurtant un linteau de porte basse au château d'Amboise. Anne de Bretagne épousera Louis d'Orléans à Nantes en janvier 1499. Elle sera reine une seconde fois.

     En 1513 le nouveau pape Léon X accorde des privilèges à Anne de Bretagne, à sa fille Claude et à cinquante dames et gentilshommes de son choix. Anne choisit pour cette liste Jean VI d'Acigné, Gilette de Coëtmen sa femme, et leurs trois enfants : Louis, Pierre et Marie d'Acigné...

     Nous commémorons en ce mois de janvier 2014 le 500 ème anniversaire de la mort d'Anne de Bretagne. Je ne sais si elle portait des sabots, si elle aimait les pieds de verveine ou autres légendes plus ou moins farfelues. Par contre le nom d'Acigné ne lui était pas indifférent!

Philippe MOUAZAN (Association "Acigné Autrefois")

5 - LA MALEDICTION DU CHATEAU D'ACIGNé :

     aux confins des forêts de Rennes et de Chevré, le bourg d'Acigné, situé à une dizaine de kilomètres à l'est de la capitale bretonne, s'est édifié sur les coteaux qui bordent un large méandre de la Vilaine. Bourgade paisible de quelques milliers d'âmes, on y coule des jours tranquilles, bercés au rythme d'une rivière qui s'étire sage et monotone le long des berges. Gare, pourtant! Car on ne saurait trop se fier à l'apparente nonchalance des eaux un rien brunâtre de la rivière. Ici, comme nulle part ailleurs, des crues torrentielles peuvent soudain déferler et tout anéantir sur leur passage. Les déluges peuvent s'abattre sur la ville et réveiller les eaux endormies de la Vilaine, provoquant ainsi d'impétueuses et dévastatrices inondations...

     C'est du moins ce qui, en des temps reculés, se produisit à Acigné. Mais quand était-ce exactement? Et qui s'en souvient encore? Dans cette histoire extraordinaire, de nombreux détails font défaut, et certaines incohérences ou l'intervention de forces occultes laissent planer un doute sur la véracité des événements qui se sont déroulés. Et pourtant, la légende demeure.

     Sans remonter à l'époque du paléolithique, période au cours de laquelle Acigné et ses environs étaient peuplés de vaillants chasseurs simplement habillés de peaux de bête, un retour de quelques siècles en arrière s'impose pour camper le décor.

     Au début du XIè siècle, Rivalon, dit le "Vicaire", est un puissant seigneur qui règne sur un fief important incluant Vitré, Marcillé-Robert et Acigné. Vers 1010, il va structurer ses terres en seigneureries vassales à la tête desquelles il place ses fils. Renaud, son troisième garçon, deviendra ainsi le premier seigneur d'Acigné. C'est sur un îlot de la Vilaine que le nouveau seigneur décide de faire construire une motte, c'est-à-dire une butte artificielle fortifiée de remparts très hauts et sur laquelle on édifie un château flanqué de tours imposantes : "le fort de la Motte". Plus tard, sur un autre îlot proche, on fera ériger une chapelle. De ces deux constructions féodales, il ne reste plus rien aujourd'hui, si ce n'est une motte de terre et une vieille légende...

     Plus de trente descendants illustres portèrent le titre de seigneur d'Acigné, jusqu'à la Révolution française, où leurs traces se perdent. "Ils ne craignent pas même les monstres" : cette devise attachée à leur nom en dit long sur leur bravoure et leur valeur au combat. Prenant les armes contre Richard Coeur de Lion, afin d'obtenir la libération de Constance, la duchesse de Bretagne, contre Jean Sans Terre, pour venger l'assassinat du duc Arthur de Bretagne, ou encore lors de la bataille de Nicopolis, les seigneurs d'Acigné étaient de vaillants chevaliers, ce qui leur conférait une juste renommée en Bretagne. Toutefois, ils ne se montrèrent pas tous preux, honnêtes et sans reproche.

     Ainsi, l'un d'eux avait eu deux fils. Le premier, fier et digne descendant de cette haute lignée, était de caractère doux et aimable, bon époux et bon père de famille. Le second, au contraire, d'un tempérament méchant et envieux, sournois et querelleur, menait une vie trouble et dissolue : quelque peu sorcier, il était craint et unanimement détesté aux alentours. Pour le vieux seigneur fatigué qui avait passé sa vie sur les champs de bataille et qui déjà se voyait déclinant, il n'y avait plus à tergiverser : le château et l'administration du domaine iraient à l'aîné, tandis que le cadet n'aurait pour héritage que quelques fermes et terres sans valeur. C'était pour lui l'assurance que le glorieux blason ne serait pas terni. Le cadet, révolté par l'injustice qui lui serait bientôt faite, n'attendait que son heure pour agir.

     A la mort du vieux seigneur, les biens furent partagés comme convenu : l'aîné hérita de tout et le second du reste, autrement dit, de rien ou presque. Tandis que le premier régnait sur la châtellenie et demeurait au château en compagnie de sa femme et de ses deux enfants, le frère se résolut à quitter les lieux en se jurant qu'il y reviendrait un jour en maître. La haine éprouvée pour le père qui l'avait dépossédé se tournait désormais vers son frère aîné et sa famille. Car tout bien calculé, il ne suffisait pas que le seigneur d'Acigné décède pour qu'il puisse hériter à son tour, mais bien qu'aucun de ses descendants ne lui survécussent. Son plan se tramait et, doté de certains pouvoirs maléfiques, il ne lui fut pas difficile de le mettre à éxécution. Seule un peu de patience lui serait nécessaire pour parvenir à ses fins.

     C'est ainsi qu'il confectionna quatre petites poupées de cire, représentant chacun des membres de la famille abhorrée. Chaque jour, il faisait fondre un peu de cire, la juste quantité pour que le sortilège puisse agir. Chaque jour, la santé de son frère, de sa femme et des deux enfants se déteriorait davantage. Tous les médecins appelés au chevet des malades y perdirent leur latin; aucune potion, aucun remède ne vinrent les soulager, on ne pouvait les guérir ni déceler l'origine de ce mal incurable. Il fallait s'y résoudre, ils allaient tous mourir.

     Plein d'une affection feinte et d'une sollicitude hypocrite, le frère cadet ne manquait pas de prendre régulièrement des nouvelles de la famille et de s'interroger à voix haute sur l'étrange et terrible mal qui les frappait. Un tel revirement dans son attitude ne pouvait qu'alerter le seigneur d'Acigné. Trop tard, pourtant : le sortilège opérait, et avançait même à grands pas; il n'y eut bientôt plus de cire sur les figurines. C'est ainsi que le jeune seigneur, son épouse et ses enfants s'éteignirent.

     L'assassin n'attendit pas que la dernière poignée de terre fut jetée sur la tombe de ses victimes pour s'installer au château. Plus que satisfait par l'accomplissement de ses sombres desseins, il hérita enfin des biens auxquels il aspirait tant et devint à son tour seigneur d'Acigné. Mais au village, en ce temps-là, vivait saint-Martin. Cet homme pieux et charitable était vénéré dans toute la région. Il était venu de Tours pour convertir les païens et les mener sur le chemin du Christ et de la foi. Alentour, on lui prêtait maints pouvoirs. Capable d'invoquer la foudre et l'orage, saint-Martin avait en outre le don de guérir les malades, de rendre la vue aux aveugles et la parole aux muets. Mais le plus grand de tous ses pouvoirs était de ressuciter les morts. Il n'accomplit aucun miracle de la sorte pour le jeune seigneur d'Acigné qui venait de périr avec les siens. En revanche, il décida de détourner la malédiction vers l'assassin. Peu de temps avant de mourir, le seigneur d'Acigné, convaincu que la maladie qui l'emportait n'était pas naturelle, pensa qu'il avait été ensorcelé. L'étrange conduite de son frère le lui prouvait de manière indiscutable. Il était donc allé voir saint Martin, lui avait fait part de ses soupçons et l'avait prié de le venger. Ce dernier, qui toute sa vie durant avait pourchassé les démons, avait accepté.

     Une nuit, alors que tous dormaient au château, saint Martin invoqua la foudre et l'orage, qui bientôt s'abattirent en pluies diluviennes sur le fort de la Motte. Après plusieurs jours d'un déluge comme on n'en vit jamais plus dans le pays, la Vilaine bouillonnante se remplit, quitta son lit et se transforma en un torrent d'une violence inouïe qui emporta tout sur son passage. Les deux îlots d'Acigné furent submergés, et rien ne résista à la puissance de la vague. Du château, du seigneur assassin et de ses serviteurs, il ne restait plus rien. Seuls les deux îlots mis à nu refirent surface après la décrue.

     La chapelle fut également engloutie par le torrent. On raconte cependant que tous les ans, à Noël, résonne encore aux douze coups de minuit, une cloche sous les eaux de la Vilaine. Et gare à celui qui l'entend, car c'est l'annonce de sa mort prochaine...

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Analyse des faits et hypothèses AG :

- en 1010, le baron de Vitré, Rivallon le vicaire (ou "vicomte"), également seigneur de Marcillé-Robert et Acigné, avait cédé le territoire d'Acigné à son troisième fils RENAUD. Il aura alors fait ériger un "château" avec des palissades en bois sur une motte érigée sur un îlot route de Servon, en quittant le bourg. Ce fut effectivement le premier "seigneur d'Acigné" du fort de la "Motte". Venant de Mayenne, la "Vilaine" agrémente le site qui sera positionné avec, en amont,  les moulins du "Gué" en Servon-sur-Vilaine, de Brécé et de "Moncorps" en Noyal-sur-Vilaine et, en aval, le moulin d'Acigné. Un second îlot accueillera une chapelle, en 1240.

Enquête en 3 temps : qui étaient le seigneur et ses deux fils de la légende?

- Concernant les deux fils du seigneur de la légende, le bon et le sorcier, on notera que parmi les trente descendants on évoque les combats contre Richard Coeur de Lion (1157 - 1199) et Jean sans Terre (1166 - 1216). Richard, poète et écrivain, est élevé dans les régions occitanes, parmi les troubadours. Il s'exprime avec la langue d'oc (doc) et, bien que Roi d'Angleterre, il ne parlera jamais l'anglais et n'y séjournera que quelques mois. Alain 1er d'Acigné avait pris les armes contre lui pour faire libérer la duchesse de Bretagne,Constance, en 1198. La duchesse ne voulait pas épouser l'ami de Richard Coeur de Lion, le comte de Chester! Cinquième et dernier fils du roi Henri II d'Angleterre, descendant des Plantagenets normands et d'Aliénor d'Aquitaine, Jean n'était pas destiné à monter sur le trône. Il fut donc surnommé "Sans terre" par son père.  Mais la révolte ratée de ses frères aînés vers 1173/74 en fit le fils préféré d'Henri II. Il devra cependant attendre la mort de ses trois frères  Geoffroy, Guillaume et Henri puis une compétition avec le neveu Arthur (assassinat évoqué) pour accéder au pouvoir à la mort de Richard en 1199. Ses contemporains présentaient Jean comme un tyran, un personnage cruel, repris ensuite par Shakespeare et les aventures de "Robin des Bois". A nouveau, Alain 1er d'Acigné reprendra les armes en 1203, contre Jean sans Terre cette fois-ci, pour venger l'assassinat du jeune duc Arthur de Bretagne, avec pour devise "Necque terrent monstra" ("ils ne craignent pas même les monstres"... qu'on peut retrouver jusque sur des vitraux de l'église de Marcillé-Robert).

     On a alors la trame du père Henri II, les deux fils, l'un bon (Richard) et l'autre méchant (Jean le sorcier). Cette version serait trop belle pour être crédible, Acigné n'a que le droit d'y rêver.

     Revenons alors à la généalogie d'Augustin du Paz : il indique la lignée des premiers seigneurs d'Acigné avec, pour père du seigneur Rivallon d'Acigné, Martin de Rennes le "puîné"!, fils  de Juhaël Béranger, comte de Rennes et frère de Conan l'aîné dit le "Tort" (parce qu'il boitait). Ce Conan était quand même duc de Bretagne! Martin de Rennes reçu en héritage les seigneureries de Vitré, Marcillé-Robert et Acigné... Son fils, Rivallon le vicaire, partagea ses terres en 1010 entre Tristan (ou Triscan) l'aîné, qui reçut Vitré; Robert le cadet Marcillé et Renaud le plus jeune la seigneurerie d'Acigné qui devait être bien modeste. Mais, on le verra, la lignée sera récompensée, après des parcours en France et hors de France, pour s'achever au début du XVIIème siècle en marquisat.

     Dans cette descendance de Renaud d'Acigné qui nous intéresse, un seigneur avait eu deux fils, l'un bon et l'autre auteur d'un crime. On ne peut que supposer :

- Hervé, témoin du duc en 1031,mort en 1060. Descendance non connue.

- Geoffroy 1er, témoin d'une donation en 1087. Descendance non connue.

- Raoul 1er, caution du baron de Vitré en 1107. Descendance non connue.

- Hervé II, époux de Mayence de Dol. Descendance non connue.

On écarte : Pierre 1er car il eut trois fils et pas deux comme dans la légende. Tout comme Péan (ou Payen), père de quatre enfants ou Pierre III, père du seul Jean 1er.

Alors quel est ce père qui n'aura eu que deux fils avérés? :

- On peut désigner Alain 1er, vaillant combattant contre Richard Coeur de Lion et Jean sans Terre. Il eut bien deux fils : Adam et surtout Alain II qui devint seigneur d'Acigné et participa à la bataille de Chateaubriant en 1222. C'est lui qui fit construire la chapelle de la "Motte"d'Acigné en 1240. Aurions-nous Alain II "le bon" et Adam le "sorcier? Ce prénom d'Adam rejoint également l'histoire d'Adam qui pêcha avec Eve. Et cela nous arrange bien... Ajoutons que le successeur de Alain II fut Pierre II d'Acigné qui y demeurait en 1263, toujours sous le règne de saint-Louis. Il aurait du s'appeler Alain III. Ou alors serait-il le fils de Adam d'Acigné, le deuxième fils d'Alain Ier qui aurait pris le pouvoir en éliminant son frère Alain II? Ce qui crédibiliserait la solution à cette affaire mêlée de "légende dissimulatrice" émise après "Nicopolis".

- pour l'allusion à "Nicopolis", il faut s'en aller en Bulgarie, en 1396, où Jean II d'Acigné participa à une bataille contre les Turcs. Ayant perdu avec une coalition, parmi lesquels des Français ou Hongrois, le seigneur d'Acigné fut relaché après rançon ainsi que deux autres chevaliers bretons.

                 La réponse de Alain RACINEUX, historien local :

                   "Je pencherais plutôt pour le destin des deux fils de Jean II d'Acigné.       L'aîné, Pierre, mourut mystérieusement à Marseille, et son frère cadet lui succéda en 1403, année de la mort du père Jean II, et décida de s'appeler Jean III. A cette époque, il décida de quitter Acigné et de s'installer chez sa femme au manoir de "Fontenay" en Chartres-de-Bretagne en 1408. Il n'y vécut pas longtemps puisqu'il y mourut en 1410. Tout cela est propice aux soupçons évoqués dans la légende.

     A la fin du XVème siècle, l'historien Pierre Le Baud, qui fréquentait la cour du seigneur de Châteaugiron, écrivit pour la première fois la "légende de l'engloutissement de la ville d'Ys". On y trouve les mêmes ingrédients que dans la légende d'Acigné : recours au paganisme, châtiment divin par engloutissement de la ville, dont on entend parfois les cloches sonner sous la mer lors de certaines marées. Il se peut alors que c'est Pierre Le Baud qui a inventé la légende d'Acigné."

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- Notons le parcours très original de Pierre d'Acigné, frère cadet de Jean II : vaillant et adroit aux armes, on le surnomma, avant Bayard, "chevalier sans peur et sans reproche". Il suivit Louis d'Anjou, frère du roi Charles V, dans les guerres qu'il eût en Guyenne et Poitou contre les Anglais, puis lors de la conquête du comté de Provence. Après la mort du duc, il servit son fils Louis II d'Anjou, à la conquête de Naples. Très satisfait de ses services, Louis II, duc d'Anjou, comte de Provence et roi de Sicile, nomma Pierre d'Acigné "Grand sénéchal de Provence" et lui accorda diverses seigneureries dont celle de SAINT-TROPEZ! cela méritait d'être relevé.

    Le dernier seigneur d'Acigné, Jean VIII, était marié à Jeanne du Plessis. Il mourut en 1573. Son portrait peut se voir sur un tableau dans la salle du conseil municipal d'Acigné. Sa fille, Judith d'Acigné, épousa  en 1579 Charles de Cossé, duc de Brissac, gouverneur de Paris, maréchal de France, qui, pour fait historique, décida d'ouvrir les portes de la capitale à Henri IV en 1594. En récompense, la seigneurerie d'Acigné fut érigée en marquisat en 1609.

 - Quant à Saint-Martin de Tours "vivant à Acigné", on est bien loin du décor et de l'espace Temps mais cette présence évoquée librement en rajoute à l'intérêt porté par le lecteur ou l'auditeur de la légende! Vénéré à Acigné, l'église lui est dédiée, mais il est décédé vers 396/400. Notons alors la mémoire du peuple et le bon souvenir des disciples du saint. 

 - Le "château"/fort de la "Motte"de Alain II, seigneur d'Acigné, ou plus précisément son "manoir" a bien été détruit par des soudards au printemps 1234 sur ordre de Pierre dit "Mauclerc", Duc de Bretagne, pour avoir pris le parti de Saint Louis. Le bourg et le (s) moulin (s) furent également incendiés. Ayant perdu cette guerre, Pierre de Dreux fit dédommager les habitants d'Acigné. La chapelle fut construite à la "Motte" en 1240 et un mariage y fut célébré en 1636. Ses ruines ont été détruites au XIXè siècle par le fermier de la Basse Motte. La lignée des seigneurs d'Alain II obtint du roi trois fleurs de lys de France sur son blason. Remerciant envers Louis IX (1214/1270), les acignéens ont gardé la mémoire de Saint-Louis en le représentant avec une statue positionnée de nos jours à l'extérieur de l'église. Une grande fête en son honneur se déroula fin août depuis des temps éloignés. La dernière eut lieu en 1990.

- Des inondations importantes étaient régulières sur le territoire d'Acigné. De nos jours 3 barrages en amont vers Vitré  retiennent les excès des crues de la "Vilaine". Ces faits répétés sont en lien avec des "pluies diluviennes et un déluge".

- Pour indice de l'importance d'une troupe locale, on peut signaler l'aide apportée par Jean IV d'Acigné, qualifié de "capitaine", qui participera au siège de Pouancé en janvier/février 1432 avec 20 hommes d'armes et 20 hommes de trait.

En conclusion, on  peut présenter cette légende avec un fait avéré, 1234 et la destruction du château/manoir, le souvenir d'une lignée de seigneurs valeureux, le report de personnages sur ces frères Richard et Jean ou Adam,  Alain II, Jean II, ... le tout avec Saint-Martin, Saint-Louis et une bonne dose de pluviométrie et sorcellerie du Bas Moyen-Age. Situons le récit après l'évocation de Nicopolis de 1396, très probablement écrit par Pierre le Baud.

     Notre historien local, Alain Racineux : "les châteaux d'Acigné et Chevré furent détruits sur ordre du duc de Bretagne, de nuit et à la faveur d'une trève. Cet épisode était peu glorieux pour tout le monde : pour les seigneurs rebelles, susceptibles d'être accusés de félonie envers leur suzerain; et pour le duc, susceptible d'être accusé de fourberie et mesquinerie. Aussi, certains entreprirent-ils d'effacer ce mauvais souvenir en inventant une légende pour créer une diversion et faire oublier la véritable histoire. Puisque les châteaux avaient été détruits par le feu, la légende, pour brouiller les pistes, raconta qu'ils avaient été tous les deux submergés par les eaux. Et, comme le duc de Bretagne, puissance terrestre, s'en était mêlé, la légende fit intervenir, à la place, des puissances invisibles : le diable et le bon dieu.

     Dans la seconde légende, le château de Chevré, autrefois appelé château de Gannes, était un château fort avec des murs et de grandes tours en pierres. Mais son seigneur, très riche, se comportait trop comme un païen. La nuit de Noël, il avait organisé un grand bal au lieu d'aller à la messe de minuit, et il s'était enivré de cidre. Aussi le châtiment divin vint-il le frapper sous la forme de la foudre et d'un orage démesuré qui engloutit le château et tous les danseurs dans un gouffre. A sa place se forma un grand lac aux eaux sombres. Pour rajouter un peu de piment à la légende, ses auteurs ont raconté qu'à chaque nuit de Noël, on entend de la musique et des cris provenant de l'étang de Chevré.

     Pour le récit de la "Motte" d'Acigné, plus troublante est l'allusion aux deux frères. Nous savons que Pierre, fils ainé de Jean II, décéda inopinement à Marseille, où il fut enterré dans l'église saint-Louis. Son frère cadet prit donc à sa place la sucession de la seigneurerie d'Acigné, sous le nom de Jean III. C'est celui-là même qui déplaça la résidence seigneuriale d'Acigné à Fontenay en Chartres de Bretagne, et qui mourut prématurement en 1410, deux ans après son mariage. Ces faits offrent des coïncidences symboliques avec la légende. Alors faut-il y voir un récit malveillant ou au contraire une vérité cachée? "Histoire d'Acigné et de ses environs", 1999, pages 47/48.

 

6 - La légende du Roi Arthur : Xavier de Langlais (1906 Sarzeau - 1975 Rennes)

     En 1975, Langleiz (Xavier de Langlais) publie la version bretonne du Roi Arthur, un classique de la littérature bretonne. Arthur, roi de la Petite et de la Grande Bretagne (Breizh-Vihan, Breizh-Veur) méritait un ouvrage en breton à la hauteur de sa réputation. Son "Romant ar roue Arzhur" publié en 1975 est un modèle de clarté et de limpidité lexicologique qui en fait un grand classique de la littérature bretonnante.

     Langleiz sait ciseler par des mots simples les célèbres aventures du roi comme celle de l'épée enlevée de l'enclume "Tous le virent s'agenouiller devant l'enclume, et prenant le pommeau de l'épée les mains jointes comme pour prier, il enleva sans difficulté la lame de sa gangue de fer". Par une recherche précise dans le vocabulaire guerrier, il restitue les batailles dans leur férocité médiévale : "le roi et ses compagnons fendirent la foule comme un bloc, laissant derrière eux des rangées d'hommes et de chevaux culbutés à terre comme par la main d'un géant."

     La légende du roi Arthur, c'est aussi l'amour qui le lie à Guenevièvre et qui enflamme les cours seigneuriales du Moyen-Age : "ils s'étreignirent et échangèrent un baiser si doux et si savoureux qu'ils n'oublieraient pas de sitôt". Arthur ne serait rien sans Merlin l'enchanteur : "Merlin qui commande aux orages, à la pluie, à la grêle et à la neige au nom des quatre piliers sacrés du monde : la terre, l'eau, le feu et le ciel". C'est aussi Merlin qui invente la table ronde qui réunit les chevaliers dignes de chercher le Graal, une quête spirituelle que Langleiz raconte dans cinq romans publiés en français. Un travail rigoureux salué par tous les spécialistes." Bernez Roux O.F. 13/5/18

A lire également du même auteur "L'île sous cloche".

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   Les Légendes Arthuriennes: une histoire politique du XIIè siècle"

 

      par Yannick Lecerf

 

   Le mythe arthurien est assurément celui qui marque encore les générations actuelles. A peine ensommeillées au fin fond de la forêt de Brocéliande, les fables de Merlin, des fées de la cité d'Avalon, du chevalier Lancelot, renaissent sans cesse et encore sous l'égide d'associations et certains cultes forestiers. Regardons cela de plus près par le prisme des données historiques et archéologiques :

         
    MERLIN : Il était une fois... deux jeunes filles vivant dans une petite maison au bord de la forêt. L'une, débauchée, menait grand train dans les tavernes des villages environnants. L'autre, la douce Maëlle, dans une vie rangée, tenait la maison. Très pieuse, sans espoir de ramener sa dévergondée grande soeur vers les préceptes d'une vie ordonnée, elle se confiait à son confesseur le Père Blaise. Une nuit où elle sommeillait seule dans la petite maison, elle fut visitée par un esprit d'Avalon venu de la cité au fond du lac. Très perturbée, à son réveil, elle se précipita chez son confesseur afin d'être rassurée de cet étrange trouble nocturne. Quelques mois plus tard naissait un petit garçon baptisé MERLIN. Par sa mère, Merlin reçu une stricte éducation chrétienne. Le Père Blaise, devenu son père spirituel, était un ancien DRUIDE converti au christianisme. Si ce dernier inculqua au jeune Merlin toutes les recommandations de la religion monothéiste, il ne manqua pas de l'initier également aux cultes de la forêt et aux divinités du PANTHéON DRUIDIQUE.Très tôt, le jeune MERLIN prit conscience de ses pouvoirs extraordinaires. Le Père Blaise lui apprit comment contrôler ces dons hérités des Dieux de la Nature. Merlin pouvait voyager dans le temps, lire l'avenir, ... Il était aussi Roi d'AHèS (la cité d'Avalon) où se trouvait gardée l'épée magique EXCALIBUR  .

 

    UTHER PANDRAGON  : Ce Roi guerrier voulait réunifier tous les clans en conflit dans un grand royaume de concorde : le Royaume de LOGRES dont la cité de "CAMELOT" aurait été un idéal de paix. Pour parvenir à ses fins il devait guerroyer contre de nombreux chefs de clan trop attachés à leur indépendance. Impliqué dans ce beau projet, son ami MERLIN lui avait confié EXCALIBUR. Si l'épée magique lui assurait des victoires, son fourreau protégeait le Roi des blessures. Tantôt brèves, parfois plus âpres, les guerres de voisinage se succèdaient. Celle qui opposa UTHER PENDRAGON au puissant seigneur GORLOIX semblait s'éterniser au-delà du raisonnable.

 

  GORLOIX : Ce Roi chrétien de la grande cité de TINTAGEL mène simultanément plusieurs conflits. Il combat des cultes druidiques afin d'imposer le christianisme et tient tête aux assauts d'UTHER PENDRAGON. Dans cette guerre qui éreinte les deux clans, les rois bélligérants décident d'une trève de plusieurs jours. Grand seigneur, GORLOIX organisant une chasse suivie d'un grand banquet, y invite son ennemi UTHER PENDRAGON. Après les battues dans les forêts avoisinantes tous se retrouvent autour de grandes tablées parmi lesquelles circulent jongleurs et ménestrels. La Reine IGRAINE (ou IGERNE) marque le banquet de sa présence...

 

    IGRAINE ou IGERNE : IGRAINE et GORLOIX ont deux filles : MORGANE et MORGAUSE. Parée de ses plus beaux atours la Reine IGRAINE, placée entre son époux GORLOIX et UTHER PENDRAGON, rayonne de sa grande beauté. Ebloui par tant de charme UTHER PENDRAGON s'éprend de la dame des lieux. Mais celle-ci refuse obstinément les avances réitérées de l'invité. Alors, n'y tenant plus, le soupirant éconduit sollicite son ami MERLIN pour l'aider à conquérir le coeur de la Reine. Après quelques réticences, MERLIN accepte de donner à UTHER PENDRAGON les traits de GORLOIX, mais seulement pour une seule et unique nuit. Grâce à ce subterfuge UTHER peut ainsi rejoindre la couche d'IGRAINE. Peu de temps passe pour que naisse un petit garçon baptisé ARTHUR. Dès sa naissance le nourisson est emporté par MERLIN pour être confié aux FéEs d'AVALON qui se chargeront de son éducation. Dans sa grande colère, GORLOIX, qui vient de découvrir sa déconvenue et le fait que la Reine est très proche du culte druidique des FéES d'AVALON, renie son épouse et l'enferme dans une geôle du château.

 

    ARTHUR : le jeune et futur Roi ARTHUR est donc le fils d'UTHER PENDRAGON et d'IGRAINE. Il est aussi le demi-frère des FéES MORGANE et MORGAUSE. Quand arrivera le temps de succéder à son père il deviendra ce puissant Roi époux de GUENIEVRE. C'est encore lui qui présidera à la grande TABLE RONDE où prennent place les preux chevaliers du ROYAUME de LOGRES.

 

   Les 9 Dames ou Fées d'AVALON  :  ARGANTE la "Blanche" ou ausssi nommée le "Corbeau". Elle peut voyager sous divers aspects et à travers le temps. MORGANE est la gardienne d'EXCALIBUR dans la cité des Brumes d'AVALON. MORGAUSE, la seconde demi-soeur d'Arthur. VIVIANE, amoureuse de MERLIN. RAGNELLE, épouse de GAUVAIN. Le soir venu elle devient la plus belle femme du Royaume. CUNDRY guide les chevaliers dans leur quête du GRAAL. GANéDA qui voit l'avenir. DINDRENE dont le sang a des vertus curatives. KERIDWENN la gardienne du chaudron magique.

   

     LE GRAAL : le Saint Calice apparaît pour la première fois au XIIè siècle dans le roman de Perceval ou la Quête du GRAAL sous la plume de Chrétien de Troyes. Cette coupe, utilisée lors de la Cène (Communion et dernier repas de Jésus avec les apôtres), aurait permis de receuillir le sang du supplicié sur la croix. Elle aurait été taillée par SIMON Le Lépreux dans un cristal de roche tombé du ciel. Puis confiée par Dieu à Joseph d'Arimathie pour avoir accepté d'accueillir le Christ dans son tombeau après sa descente de croix. A sa mort Joseph d'Arimathie l'aurait donné à son fils prénommé également Joseph. Ce dernier, fuyant les persécutions en Palestine, l'aurait égarée lors de sa fuite vers la BRETAGNE INSULAIRE.

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     La Saga Arthurienne débute au Moyen-Age au XIè et début du XIIè siècle: l'invasion de l'Angleterre par des Normands et un tiers de Bretons en 1066/ Sucession de GUILLAUME Le Conquérant, Henri I "Beauclerc"; une "Empeuresse Mathilde" et la commande d'une généalogie à Geoffroy de MONMOUTH, avec aussi des écrits inventant "MERLIN, Camelot, l'épée Excalibur, ..."

     

     Au XIè siècle la transmission de l'information se réduisait au colportage d'histoires confiées aux trouvères et troubadours, seuls la noblesse et le haut clergé pouvaient espérer être éclairés des décisions du Royaume.Le clergé régulier concentrait l'essentiel des érudits et savants et la noblesse guerrière ne se distinguait pas par une grande culture et le nombre de ses lettrés, d'où une situation propice à générer une Histoire revisitée mise au service de leurs ambitions.

 

    Personnage central Guillaume Le Conquérant et son long règne de 21 ans : 1066 (invasion de l'Angleterre) jusqu'à 1087 avec l'unification et l'expansion de son Royaume. Au cours des treize années de la succession Guillaume Le Roux poursuit la même politique que son père de 1087 à 1100.

 

   1100 : Henri I "Beauclerc" , fils cadet de Guillaume Le Conquérant. Dans ses 35 années de pouvoir, il s'appliquera à la stabilisation de son Royaume. Ce grand souverain aura deux épouses : Mathilde d'Ecosse et Adélaïde de Louvain. Trois enfants naîtront de la première union : deux fils décédés en 1120 et une fille Mathilde. Ayant eu un grand nombre de maîtresses et concubines, ce Roi a reconnu 35 enfants adultérins. Grand seigneur, il asssurera leur vie par des positions et des titres en leur octroyant une place dans la noblesse d'Angleterre. N'ayant plus de fils héritier, un réel problème se pose alors dans une Angleterre médiévale où seuls les hommes peuvent régner. Soucieux de l'avenir de sa fille Mathilde, il décide d'organiser sa succession en convoquant ses grands barons. Il demande de prêter serment d'allégeance à Mathilde pour être reconnue "Empeuresse".

     Comme justificatif à sa décision, il commande la rédaction d'une généalogie des Rois d'Angleterre à

 

Geoffroy de MONMOUTH (1095 - 1155). Cet évêque, chroniqueur, historien au service de Henri I va donc écrire, selon les directives royales, l'HISTOIRE DES DYNASTIES D'ALBION. Les 12 volumes sous le titre "Historia regum Britanniae" paraîtront avant l'année 1135. Cette imposante compilation sera suivie de deux rédactions : "PROPHETIA MERLINI" (les Prophéties de Merlin) et de "VITA MERLINI" (la Vie de Merlin).

 

     Lorsque HENRI I BEAUCLERC meurt en 1135, ses funérailles à peine achevées, les grands barons du Royaume s'opposent à l'avènement de Mathilde. Reniant leur serment, il leur apparaît inconcevable d'accepter un pouvoir féminin. Des prétendants assez inattendus se présentent. Ainsi le Comte Robert de Gloucester, fils aîné adultérin du feu Roi, vient s'inscrire dans la course au pouvoir. Parmi ses atouts, outre sa filiation naturelle, il fait valoir que l'un des deux romans de la plume de Geoffroy de MONMOUTH lui est dédié. Loin de rallier les barons récalcitrants, cette candidature ne reçoit que très peu de soutien.

 

         Alors les barons se tournent vers ETIENNE de Blois (petit-fils de Guillaume Le Conquérant). Celui-ci, sous l'insistance, acceptera de porter la couronne d'Angleterre en 1135. Hélas, très vite il se révèlera un piètre souverain avec des hésitations et faiblesses. Ce sera une longue période de 19 ans d'instabilité connue sous l'appellation "l'ANARCHIE"! Certains historiens supposent que l'un des deux écrits sur MERLIN aurait été commandé par Etienne d'Angleterre dans le but d'affermir sa gouvernance. Miné par la maladie, Etienne d'Angleterre meurt en 1154. L'espoir renaît chez le Comte de Gloucester qui, de nouveau, tente d'accéder au pouvoir. Mais, devant un prétendant plus légitime - le Comte HENRI d'ANJOU - le fils bâtard d'HENRI I s'efface très vite pour se ranger sous la bannière de ce concurrent porté par une large majorité des barons.

 

       En l'An 1154, le Comte d'ANJOU est couronné sous le nom d'Henri II PLANTAGENET. A la tête d'un puissant Royaume auquel se joignent des provinces amies, sinon soumises, comme la NORMANDIE, l'AQUITAINE, l'ANJOU et la BRETAGNE, ce souverain aura de nombreux conflits avec son "petit voisin" LOUIS VII, Roi de France ainsi que son successeur PHILIPPE AUGUSTE.Cet antagonisme de caractère commercial et territorial se trouvera exacerbé par la rivalité autour d'une femme. En effet, en 1152, après avoir fait annuler par le Pape son mariage de 1137 avec LOUIS VII, ALIéNOR D'AQUITAINE épouse le Comte HENRI d'ANJOU. La fuite d'ALIéNOR d'AQUITAINE qui avait déjà trois enfants avec le Roi de France est vécue comme une trahison. D'autant qu'en recevant l'Aquitaine le Roi d'Angleterre agrandit considérablement son territoire.

     Cependant, malgré ses faiblesses, LOUIS VII se réfère dans tous ses actes à l'ascendance prestigieuse héritée de CHARLEMAGNE. Se voulant son égal, HENRI II PLANTAGENET va commander à Robert WACE le complément des écrits imaginés par Geoffroy De MONMOUTH. Robert WACE (1100 - 1178/83?), poète Normand né à Jersey, va compléter la généalogie première des dynasties anglaises puis rédiger deux romans : "Le ROMAN de BRUT" et le "ROMAN de ROU". Ces documents suffiront au monarque anglais pour se hisser au niveau des Rois de France.

 

     Puis apparaît un troisième personnage (après Geoffroy De MONMOUTH et Robert WACE), sans doute le plus connu : Chrétien de Troyes (1130 - 1190), érudit, écrivain et clerc éduqué dans un monastère de Champagne. S'étant écarté de la vie monastique, ce lettré au service du Comte de Flandre est mis à disposition du Comte de Champagne pour venir compléter la SAGA ARTHURIENNE. On peut être surpris de voir s'immiscer dans le conflit entre les deux souverains des acteurs apparemment éloignés des préoccupations territoriales, économiques et privées à l'origine des rivalités du moment. Cependant, on découvre que l'épouse du jeune Comte de Champagne est MARIE d'AQUITAINE. Mariée à l'âge de 19 ans avec le Comte qui n'en avait que 13, MARIE est la fille d'ALIéNOR et de LOUIS VII. En se rangeant au parti de sa mère et de son beau-père, elle s'écarte des visées expansionnistes de son père le Roi de France. Par ailleurs le jeune Comte de Champagne, très épris de son épouse, lui laisse diriger la commande faite à Chrétien de TROYES. Très productif, le nouvel intervenant va rédiger une suite de récits chevaleresques invraisemblables, mais parfaitement dans la mode du temps. Ainsi pourra-t-on lire : "ERIC et ENIDE", "LANCELOT ou la Chevalier de la Charrette", "YVAIN ou le Chevalier au lion", "PERCEVAL ou le conte du GRAAL" ...

 

 Un quatrième et dernier auteur viendra compléter les romans ARTHURIENS: Robert de BORON (ou BORRON), clerc très probablement Chevalier de BORON, originaire de Franche-Comté. Ayant vécu fin du XIIè au début du XIIIè siècle, son oeuvre traitée en vers autour de l'histoire du GRAAL marque une évolution du MYTHE ARTHURIEN. A ce moment de l'Histoire il faut satisfaire aux grandes réformes grégoriennes lancées au cours du XIè siècle par le Pape GRéGOIRE VII. Reprenant les écrits de ses prédécesseurs ce dernier auteur apporte une très présente christianisation dans la légende.

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     ARTHUR, personnage central de cette longue saga, n'est pas le fruit du hasard. La narration montre un Roi soucieux de créer un grand Royaume de "CONCORDE". Ses auteurs ont pu s'inspirer du grand BRIAN BORU, ce Roi Irlandais qui, dans la seconde moitié du Xè siècle guerroie pour rassembler tous les clans opposés. Par ailleurs, un autre grand Roi combattant du nom d'ARTHUR est cité dans les légendes du IXè siècle...

   

     Plus tard, comme pour assurer à son fils né en 1187 la meilleure position à l'accès au trône d'Angleterre, la Duchesse Constance de BRETAGNE, jeune veuve de Geoffroy PLANTAGENET, nommera leur enfant du nom d'ARTHUR. Ainsi, ce petit-fils de HENRI II aurait pu succéder à Richard COEUR de LION si Jean SANS TERRE, soucieux d'accaparer le pouvoir, ne l'avait assassiné de ses propres mains dans son château à Rouen en 1203.

 

     Si la localisation du MYTHE ARTHURIEN semble aujourd'hui liée à la "Forêt de BROCéLIANDE" en Bretagne armoricaine ce fait, très rarement évoqué au Moyen-Age, apparaît clairement affirmé à partir du XVIIIè siècle.

 

     Cette affirmation est à joindre aux élucubrations et données improbables avancées comme prétendues preuves de la réalité d'un discours celtique aujourd'hui battu en brèche par l'afflux des données archéologiques. Ainsi, comme on peut le lire ici, les légendes n'ont pas nécessairement besoin d'une trame de réalité pour se substituer à l'Histoire. Aussi belles soient-elles, elles ne restent que des convictions auxquelles certains se rattachent sans aucune autre démonstration que leurs certitudes.

 

         par Yannick LECERF

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      Compléments de Jean-Pierre Tusseau, Université du Québec : les plus prestigieux chevaliers qui ont bercé les rêves d'enfance sont les Chevaliers de la Table Ronde, réunis autour du Roi Arthur. Depuis Chrétien de Troyes, leurs exploits ont inspiré bien des romanciers, dramaturges ou poètes avec de nombreux remaniements ayant abouti au grand cycle "LANCELOT-GRAAL" mais aussi "MERLIN" de Robert de Boron au XIIè siècle, la "Mort d'Arthur" de Thomas Malory à la fin du XVè siècle, les "Chevaliers de la Table ronde" de Creuzé de Lesser en 1813, les "Idylles du roi" de Tennyson en 1842, "King Arthur" de George Bulwer-Lytton en 1848, "The Waste Land" de T.S Eliot en 1922, les "Chevaliers de la table ronde" de Jean Cocteau en 1937, le "Roi pêcheur" de Julien Gracq en 1948 ... L'univers arthurien a également été source d'inspiration pour des musiciens : "King Arthur" de Purcell en 1691, "Parsifal" de Wagner en 1877, "Viviane" et "le Roi Artus" de Ernest Chausson en 1903... Nombreux sont aussi les cinéastes qui ont donné leur vision.

 

     Chrétien de Troyes : les prouesses des chevaliers vont bien au-delà des exploits terriblement physiques des chevaliers de chansons de geste. Le combat qui oppose Yvain, le Chevalier au lion, à Harpain (chap. IX) se termine par une série de comparaisons de boucherie : trancher une grillade, tailler dans le lard, arracher un gigot, tremper la lance dans le sang comme dans une sauce. Cependant le roman ne manque pas d'humour : lorsqu' Yvain, devenu invisible, observe les chevaliers qui enragent de ne pas le trouver; de la magie avec l'onguent de la jeune fille qui le guérit de sa folie, un peu d'irrévérence lorsque Chrétien de Troyes nous dit qu'avant un combat Yvain a bien confiance en Dieu ... mais ne néglige pas son lion pour autant! enfin, quelques réflexions sur l'inconstance des femmes que l'on ne peut manquer de remarquer dans ce roman courtois qui fait pourtant la part belle à la "dame". Les personnages se forgent un destin personnel contrairement aux chansons de geste avec un destin tragique dans l'univers féodal. Yvain ne lutte pas pour la grandeur du royaume ou de la chrétienté ou pour maintenir sur le trône un roi légitime à l'autorité contestée. C'est par attrait de l'aventure et de sa plénitude (seigneur de la fontaine merveilleuse).Yvain épousera la fée Laudine avant d'être mûr pour le mariage et devra accomplir une lente maturation personnelle pour reconquérir la dame. Parcours d'équilibre entre amour et chevalerie en triomphant du guerrier surnaturel Esclados. On y ajoute une ambiance de légende et de mythologie avec des dragons qui crachent du feu, des monstres engendrés par des divinités diaboliques auxquels on paie chaque année un tribut de trente jeunes filles, des géants... La forêt de BROCéLIANDE ne tire-t-elle pas son nom de "Bréchéliant" qui signifie en langue celtique "forteresse de l'Autre Monde"? Deux mondes cohabitent : celtique, plus mystérieux, et chrétien, plus rationnel où le christianisme s'approprie des lieux celtiques, comme cette chapelle située près de la fontaine occupée par une divinité des eaux.

     L'"amour courtois" inspire les romans de Chrétien de Troyes à partir du "Conte de la Charrette".

 

     Pour la critique de la Société de l'époque: qui veut enseigner les bonnes manières, fait implicitement le procès des mauvaises! Ainsi le "Livre des manières" d'Etienne de Fougères, évêque de Rennes de 1168 à 1178, nous offre le point de vue d'un prélat qui, pour avoir longtemps sacrifié aux plaisirs du siècle, n'en était que plus qualifié pour en formuler la critique, à l'heure tardive du repentir. Rutebeuf, lui, réserve ses flèches à une catégorie bien déterminée, les femmes, les bourgeois et les vilains.

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Fabliaux et Contes choisis du Moyen-Age

A la fin du xIIè siècle le veine héroïque des chansons de geste est épuisée. A côté de la poésie lyrique, idéaliste et romanesque, aristocratique et raffinée, qui va fleurir, commence à se développer une poésie plus réaliste, celle des "fabliaux" et du "roman de renart". Le premier fabliau (forme picarde ayant prévalu au françois fableau) connu est de 1159; le genre va prospérer au XIIIè siècle, pour s'éteindre au début du XIVè. Nous avons conservé à peu près 150 fabliaux, dont les "dits moraux" ou les "lais sentimentaux" mais aussi des contes merveilleux et de pieuses légendes. Le fabliau est un "CONTE court à RIRE", destiné à être récité, non chanté. Il n'utilise guère le surnaturel, est ironique et frondeur, sans être proprement satirique.

     L'INDE aurait été le berceau des contes : tous nos fabliaux en viendraient, ayant passé par les diverses littératures orientales (arabes, juives, syriaques, persanes) pour être traduites en latin et enfin en langue "vulgaire" par nos conteurs. D'autres nous seraient parvenus par la voie orale de Byzance et les Croisades. Mais il y en a qui ne peuvent être nés qu'en France, avec un jeu de mots, un trait de moeurs bien français. Ils se sont surtout développés en Artois, Flandres et Picardie avec des jongleurs errants, des trouvères, des clercs lettrés et même des gens d'église et des seigneurs.Les personnages préférés du fabliau sont les gens de classe moyenne : bourgeois, marchands, prêtres et moines, chevaliers de petite noblesse avec les traits  de cupides ou brutaux, querelleurs ou gourmands, trompeurs ou trompés, quelques fois généreux et sages; mais la ruse et la sottise font plus rire que la sagesse avec une dose de vices et et de ridicules pointés du doigt.

     Le "ROMAN de RENART" est un immense recueil d'histoires d'environ 30 000 vers répartis en 27 branches, composées depuis la fin du XIIè jusqu'au milieu du XIIIè siècle par différents auteurs. Ces aventures mettent aux prises le goupil RENART et son compère le loup YSENGRIN. On ne connait que trois auteurs, Pierre de Saint-Cloud, Richard de Lison et le "prêtre de la Croix-en-Brie". Les branches furent écrites en langue d'oïl, sur un secteur de Normandie à la Brie et l'Artois. Une petite partie le fut aussi en dialecte franco-italien. Ces histoires ont été pratiquées à partir d'oeuvres latines contant des aventures d'animaux ou des fabulistes anciens Esope, Phèdre, Babrius. Il faut aussi noter l'influence des fables de Marie de France, des Ysopets, des chansons de geste et des romans arthuriens en pleine vogue à la fin du XIIè siècle. Pour égayer son public le trouvère insère une incongruité exactement comme le fera Rabelais trois siècles plus tard. La Fontaine nous touchera plus que nos vieux trouvères parce qu'il s'est mis lui-même dans ses fables.

     Renart sera présenté comme un goupil terreur des basses-cours, mais aussi comme un personnage rusé, hardi, insolent, dénué de scrupules, menteur et larron,également plein de resources, beau parleur et perdant rarement courage dans les pires situations. Son compère Ysengrin, parfois appelé son "oncle" est au contraire borné, brutal, vorace mais il n'est pas incapable de bons mouvements.

     La "CHANSON de ROLAND"

Première oeuvre de littérature écrite en ancien français, et non en latin, vers 1100, c'est la plus célèbre de nos chansons de geste. Le mot "chanson" n'a pas le sens moderne de petite pièce divisée en couplets accompagnés d'un refrain. Les trouvères ont donné ce nom à de grandes compositions, à de longs poèmes qui étaient chantés. Le mot "geste" (du latin gesta, verbe gerere : faire, accomplir) est à prendre avec le sens d'actions mémorables comme la "geste du roi Charlemagne". La "Chanson de Roland" a rendu célèbre le personnage durant tout le moyen âge jusqu'au début de la Renaissance et ce daOlifantns tous les pays d'Europe. 

     Le moine bénédictin Guillaume de Malmesbury prétendit dans la première partie de son Histoire d'Angleterre (Gesta regum Anglorum) écrite au début du XIIè siècle, qu'elle fut chantée par les Normands à la bataille d'Hastings, en 1066. Cependant le texte fut délaissé progressivement et considéré comme perdu. C'est seulement en 1832 qu'un élève de l'Ecole Normale Supérieure, Henri Monin, signala l'existence à la Bibliothèque Royale (maintenant Nationale) de deux manuscrits relatant "un roman fort curieux... intitulé le Roman de Roncevaux". En 1837, Francisque Michel publia une édition d'un manuscrit conservé à la Bibliothèque Bodléienne d'Oxford, qui contenait une version plus ancienne que les manuscrits de Paris. Puis parurent des études sur d'autres manuscrits à Venise, Châteauroux, Lyon, Cambridge, ... Durant tout le Moyen Age, le poème fut remanié pour satisfaire le goût du jour. Aussi les manuscrits ne sont pas tous de la même importance (la version Oxford compte 4 002 vers, celle de Paris plus de 12 000). Le récit se divise en trois parties :

- la trahison de Ganelon; depuis sept ans Charlemagne lutte contre les Sarrasins d'Espagne; il a conquis tout le pays, sauf Saragosse où règne le roi Marsile, las de la guerre. L'ambassade envoyée à Charlemagne est chargée de faire de mensongères propositions pour obtenir la paix. Le neveu Roland ne croit pas à la sincérité de Marsile et craint un piège. Mais Ganelon conseille de conclure le traité. Le messager désigné par Roland sera son beau-père Ganelon qui en est fort irrité. Il s'engage avec les Sarrasins à le faire mourir en le plaçant à l'arrière-garde de l'armée.

- le désastre du défilé de Roncevaux (situé le 15 août 778) et la mort de Roland (préfet des Marches de Bretagne) : Roland par trois fois refuse de donner du cor pour appeler à l'aide Charlemagne. Son armée succombera sous le nombre et, seul survivant, il défendra son épée Durendal pour qu'elle ne tombe pas aux mains de l'ennemi. Mais frappant par dix fois un rocher celle-ci ne s'ébrèche pas.

- la vengeance de Charlemagne sur les Sarrasins et Ganelon : Charlemagne poursuit les assaillants et les tue. Marsile appelle en renfort l'émir de Babylone. Une bataille a lieu dans une plaine où Charlemagne est sauvé par saint Gabriel. De retour à Aix-la-Chapelle un combat avec jugement de Dieu fait condamner Ganelon attaché à quatre chevaux et écartelé. 

Et la réalité historique? 

Il se pourrait que cette bataille fut une très grosse défaite pour Charlemagne contre des "Gascons"! : malgré le silence voulu des clercs soixante ans après on connaissait encore le nom des chefs qui y avaient été tués. Selon une version, on était dans une période de crise dynastique qui enlevait le pouvoir aux Carolingiens en 987, après la mort de Louis V, pour le donner à Hugues Capet. On essaya avec cette Chanson de glorifier la Maison de Charlemagne. Une autre version fit jour avant la seconde croisade, vers 1146, pour servir les plans du prêcheur saint Bernard et la lutte contre les Sarrasins. Enfin, il existe une version anglo-normande vers 1158 pour appuyer la politique d'Henri Plantagenêt, comte d'Anjou, duc de Normandie et d'Aquitaine et depuis 1154 roi d'Angleterre, avec en ligne de mire le Royaume de France.

Alain RACINEUX, historien local :

     "Ce ne sont pas des Sarrasins mais des Vascons, alias les Basques, qui ont tué Roland pour venger le sac de Pampelune : selon la "Vita Karoli Magni", une oeuvre écrite entre les années 829 et 836 par Eginhard, moine et chroniqueur, les Vascons massacrèrent Roland et toute son armée au cours de la bataille de Roncevaux. Le roi Charles Ier, futur Charlemagne, conduisit effectivement ses troupes à Saragosse en Espagne à la demande du wali de la ville Soliman ibn al-Arabi. Mais ce dernier ayant été remplacé entre-temps, Charles trouva les portes de la ville closes. Pour compenser cet échec l'aile occidentale de l'armée franque, conduite par le roi, s'en prit à la ville navarraise de Pampelune qui avait pourtant résisté à la pression musulmane, mais dont les Francs rasèrent les défenses. Le 15 août 778, en représailles, des Vascons rattrapèrent et anéantirent l'arrière-garde de l'armée du roi Charles, lourdement armée, alors qu'elle progressait dans une vallée encaissée depuis Roncevaux. Roland et quelques autres nobles y trouvèrent la mort, ainsi que le comte du palais Anselme le preux. Et les Vascons reprirent le butin de Pampelune.

     De nos jours en Bretagne Armoricaine nous pouvons nous promener dans la forêt de "BROCéLIANDE" entre Ploërmel et Rennes : le site www.broceliande-vacances.com  peut vous aider à y passer un bon séjour.

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    Avant l'expédition de Roncevaux en 778, Roland fut Préfet de la "Marche de Bretagne". La péninsule armoricaine, occupée par des Bretons très guerriers, se devait d'être surveillée par un homme de confiance.   

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                             C'est aussi le Pays du conteur musicien appelé Bruno ...CHEMIN!!!

 

 

     

     

 

 

 

     

 

 

 

 

 

     

 

 

     

    

     
   

  

    

1 - La révolte  des Bonnets Rouges et du papier timbré (1675) et les "Bonnets rouges" 2016

2 - "Quatre-vingt-Treize" de Victor Hugo

 3- "Les “Chouans” et “Béatrix” de Balzac et la “Chouannerie en Acigné”

  

1 - La révolte des Bonnets Rouges et du papier timbré - l'affaire La Chalotais

      Louis XIV (1638 - 1715) mène "grand train de vie". Le règne du "Roi Soleil, qui se situait au-dessus des hommes", le mal nommé "Soleil" car il fut des plus froids. Ce "petit âge glaciaire" fut très dommageable à l'agriculture et aux paysans....

     Nota : on parle de "minimum de Maunder" pour situer l'activité du soleil entre 1645 et 1715.  Le soleil croit son activité durant environ cinq ans puis décroît sur la même durée. Chaque cycle est une inversion des pôles magnétiques. La quantité de carbone 14 dans le bois permet de connaitre l'activité solaire.On l'aura ainsi observée en remontant à l'année 900 de notre ère. Depuis 1755 on relève le nombre de taches solaires depuis l'observatoire de Paris, ce qui nous permettait de connaitre l'activité solaire et de savoir qu'un cycle solaire dure environ 11 ans. En 2020 nous entamons un 25ème cycle qui devrait être plus faible mais aussi lié désormais aux facteurs des interactions anthropiques, liées à nos activités humaines (déforestation, extractions, industries et activités polluantes...)

     S'ajoutant les nombreuses guerres avec ses voisins européens - en 1675 avec la Hollande - les caisses de l'état sont vides. Son ministre Colbert décide de taxer le peuple avec un impôt sur la vaisselle d'étain, sur le tabac et sur le papier timbré.

     Depuis le traité de 1532 du Plessis-Macé on a attribué à la province Bretagne une autonomie fiscale. Aussi ces trois impôts sont mal-venus. Du 3 au 17 avril, le peuple de Rennes s'enflamme et détruit les locaux délivrant le "papier timbré" le 18 avril 1675. On se gausse de cette révolte en parlant alors de "révolte des ivrognes".L'ordre public répondra assez mollement. Ce sera ensuite le tour de Nantes avec l'échange d'un évêque contre une émeutière. Puis d'autres villes seront concernées : Dinan, Guingamp, Lamballe, Montfort, Pontivy, Questembert, Saint-Malo,Vannes. C'est une action qui s'exerce contre une multiplication des impôts à verser à des privilégiés. L'impôt sur le papier existait déjà. Mais l'évocation de l'instauration de la "Gabelle"- impôt sur le sel dont la Bretagne est exemptée car productrice - au Pardon de Saint Urlo fin juillet dans le Morbihan et d'une taxe sur le TABAC enflamme la Bretagne.

     A Carhaix, un notaire - Sébastien Le Balp -, dirige la révolte envers les "maltôtiers" mais également les châteaux des nobles. Une armée de "BONNETS ROUGES" se lève également dans le Léon, Tréguier, Saint-Brieuc. En Cornouaille, les révoltés portent des "BONNETS BLEUS" .On visite les châteaux des seigneurs, les Jésuites, les recteurs et les gens du fisc.Réunis à la chapelle de la "Tréminou", près de Pont-L'Abbé, les paysans inventent un nouveau "CODE" appelé "Quoyie", "breton", "paysan" ou "pessavate" : abolition des corvées, des dîmes, de la banalité du moulin, et réduction des droits sur le vin reçu de l'étranger; l'argent des "fouages anciens" devra être employé à acheter du tabac, distribué avec le pain bénit aux messes paroissiales; le droit de chasse sera réglementé (à interdire du 1er mars au 15 septembre), les colombiers seront rasés, pleine liberté sera rétablie pour tous de tirer sur les pigeons; recteurs et curés seront salariés par leurs paroissiens; la justice ne sera plus rendue par le seigneur mais par un juge salarié; les mariages seront permis entre noblesse et paysannerie, les successions seront partagées équitablement.

     Mais l'élan sera stoppé par une terrible répression. Sébastien Le Balp est tué par le marquis de Montgaillard le 3 septembre. On ira jusqu'à déterrer son corps, le rompre et l'exposer sur la roue. On assiste à de nombreuses exécutions et à des peines de galères. Le gouverneur de Bretagne fait pendre quatorze paysans au même arbre à Combrit : "les arbres commencent à pencher sur les grands chemins sous le poids qu'on leur donne". 

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    NOTA : "Le bonnet phrygien de notre Marianne républicaine n'est autre que celui des bonnets rouges de Sébastien Le Balp. La quasi-totalité des députés bretons, convoqués aux Etats généraux, étaient francs-maçons. Ce club des députés bretons, qui avaient tous leur bonnet rouge dans la poche, a joué un rôle majeur dans l'abolition des privilèges, dans la nuit du 3 août 1789. D'autre part, il existait en Bretagne des liens très forts entre jésuites et francs-maçons qui s'intéressaient aux questions sociétales, faisaient de l'entrisme, de la diplomatie, s'opposaient à Paris ou à Rome. La Parfaite union à Rennes, ou les Amis de Sully à Brest, font partie des loges les plus anciennes de France. C'est aussi en Bretagne que sont nées la franc-maçonnerie forestière et celle du bois, très liées au néo-druidisme." d'après "Le Compas et l'hermine" d'Arnaud d'Apremont 2019 - et Mémoire DEC Diplôme d'Etudes Celtiques UHB Rennes 2

     On peut ajouter que ce bonnet phrygien de Marianne était celui des "affranchis de la Rome antique" (esclave libéré par son maître). Cette période 509 à 27 avant J.C. était celle d'une République qui reposait toutefois sur l'esclavage! Saint-Malo aura connut sa "République" de 1590 à 1594 et un témoignage toujours d'actualité rappelé sur sa devise "Ni français, Ni breton, Malouin suis" avec son drapeau qui flotte au-dessus du français et du breton... On aura eu une première République réunissant la France de l'époque en 1792 jusqu'en 1799 puis une seconde de 1848 à 1852 avec alors le modèle de la Constitution américaine de 1787. La troisième République durera de 1870 à 1940 et la quatrième de 1946 à 1958. Depuis nous sommes en cinquième République. Avant sa période de la "Terreur" la Révolution française s'est proclamée "pays des droits de l'homme" en 1789. Ces textes sont la base de la "Déclaration universelle des droits de l'homme" depuis 1948.

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     A Rennes, le Duc de Chaulnes parle de 15 000 coupables à punir. Mme de Sévigné rapporte que le "violoneux Daligault, qui avait commencé la danse et la pillerie, est rompu vif sur la place du Palais avant que son corps ne soit coupé en quatre morceaux exposés à un poteau à l'entrée des quatre principaux faubourgs." Un dénommé Jean Rivé est décapité place Sainte-Anne, sa tête ensuite exposée sur une pique au pont Saint-Martin avec un panneau :"chef des séditieux". Louis XIV punit la ville de Rennes avec la présence de 4 000 hommes. Le parlement de Bretagne,suspecté d'intelligence avec l'insurrection, sera envoyé en exil à Vannes, ce qui fera baisser Rennes de 2 à 3 000 personnes d'une population évaluée  entre 45 et 50 000 habitants.

      Face à la cathédrale de Vannes, l'ancien marché couvert, avec à l'étage le palais de justice ducal, a eu plusieurs vies. C'est là que se sont tenues pendant quinze années les sessions du parlement de Bretagne après cet exil de 1675. Après la Révolution, il est devenu un théâtre avant d'accueillir le musée des beaux-arts de la ville : la "COHUE", mot français isssu du breton "coc'hui" qui veut dire "halle". De nos jours le samedi est jour de marché.

     Cette répression violente, avec 6 000 hommes, aura des conséquences dans la mémoire des paysans bretons tout au long du XVIII ème siècle et expliquera une partie des exactions à la Révolution Française.

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     "Les gars de Plouyé" : une révolte avait déjà eu lieu en 1490 dans le Poher, partie de Plouyé. La misère sévissait et des milliers de paysans s'étaient unis pour brûler les châteaux et se répartir les terres. Ils s'emparèrent de Quimper le 30 juillet et la pillèrent durant quatre jours. Mais la troupe arriva et massacra les paysans armés de fourches à Penhars le 4 août puis dans un champ à la Boexière près de Pont-L'Abbé que l'on appela "Prat mil goff" (le pré des mille ventres) et enfin à Châteauneuf-du-Faou.

       D'autres BONNETS VERTS, ROUGES, BRUNS ou GRIS : au bagne de Brest 1782/1783, les criminels condamnés à vie continueront à porter l'habillement et le BONNET ROUGE, ceux condamnés "à terme" porteront aussi l'habillement rouge mais le BONNET VERT; les faux-sauniers, contrebandiers, braconniers et autres de cette classe porteront l'habit vert et le BONNET ROUGE, ceux condamnés "à terme" auront l'habillement et le BONNET VERT, les déserteurs et autres condamnés à vie pour délits militaires continueront à porter l'habit et le BONNET BRUN, ceux condamnés "à terme" porteront aussi l'habit brun mais le BONNET GRIS.

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     O.F. 20/6/16 : "Bonnets rouges : le collectif mis en veille". Une manière pour le mouvement de prendre du recul par rapport à la politique et aux diverses campagnes qui se jouent actuellement, notamment celle de Christian Troadec, maire de Carhaix et candidat à la présidentielle. "Son aventure n'est pas celle des Bonnets rouges" précise Jean-Pierre Le Mat. Le choix a été fait à Huelgoat où une cinquantaine de membres se sont réunis. "en 2013, l'écotaxe était notre objectif. Elle a été abandonnée. Désormais le mouvement peut être mis en veille." un réseau qui pourra aussi se réveiller "si une menace pèse à nouveau sur le territoire breton".

     O.F. 20/12/2019 : "Un café-librairie, rue de Dinan à Rennes, "Le Papier timbré" : lieu de réunion de militants d'extrême-gauche - selon un parti d'extrême droite - qui abrite une maison d'édition bretonne recevant une aide financière de la Région.Le "Papier timbré" est animé par Jean-Marie Goater, maire-adjoint à la mairie de Rennes. Jean-Michel Le Boulanger, chargé de la Culture à la Région, rappelle que la "liberté d'expression" est un droit constitutionnel ...

     O.F. 2/3/2021 : en plein Covid, sous couvre-feu, "un bar vandalisé par un groupe d'extrême droite" : Des vitres ont été brisées, les murs du bar "Le Papier timbré" tagués avec des croix gammées et le nom d'un groupuscule. Ce bar récemment racheté avait ouvert le 9 octobre pour fermer le 23 octobre, en raison du Covid. Le nouveau patron du bistrot garde des liens avec les clients via la page Facebook : "Les murs multiséculaires du bar ont de nouveau été témoins et victimes de la bêtise et de la haine que l'on espérait reléguées dans les livres d'histoire! La diversité culturelle, sociale, qui fait tant peur aux étriqués de la pensée, continuera à s'exprimer et à se vivre dans la chaleur d'un spectacle, la fraîcheur d'une bonne bière!"  Fabienne Richard - Et en 1675, les manifestants étaient-ils d'extrême gauche ou droite?

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     L'affaire "La Chalotais" : en 1762 débute un conflit lancé par la politique des travaux du duc d'Aiguillon, récemment nommé commandant en chef de la Bretagne par le roi, et le procureur Louis René de Caradeuc de La Chalotais, soutenu par les députés bretons qui votent également la dissolution de l'ordre des Jésuites en Bretagne. Depuis sa création par Ignace de Loyola en 1534, la "Compagnie de Jésus" enseigne dans des collèges aux garçons des classes aisées dirigeantes avec pour principe "pauvreté, chasteté et obéissance (au pape). Les Jésuites sont aussi des missionnaires actifs en Europe et outre-mer. Leur obéissance totale au pape, souverain italien puissant, les nomment alors "agents de l'étranger", d'où ces rejets au XVIIIème siècle. La papauté supprimera l'ordre de 1773 à 1814...On peut rétrospectivement penser aux Jésuites avec l'Ordre des "Templiers" qui tenait directement ses ordres du Pape. A la démission du parlement, la réplique d'emprisonnement de La Chalotais va lui amener une immense popularité qu'il goûtera dans son château du "Boschet" à Bourg-des-Comptes, son "Petit Versailles Breton"... www.chateauduboschet.fr   Il faudra cependant 6 années pour que le duc d'Aiguillon quitte ses fonctions et que le parlement soit rétabli.


      Le vrai faux témoignage de la Marquise de Kerabatz (qui tacle la Marquise de Sévigné) : elle a "tout vu, tout entendu" depuis sa fenêtre avec ce grand incendie de 1720 dans la ville de Rennes. "Elevée à la cour, je me flatte d'être bonne bretonne. Quand j'ai vu dans les lucarnes magiques, que ce petit menuisier de La Cavée, dont on dit qu'il a mis le feu à Rennes, et certains gros bourgeois deviser à qui mieux mieux sur le Grand feu, j'ai cru qu'il estoit de mon devoir de dame de condition de dire la vérité. 

     Tout ce que je raconte est vray, mais je dois confesser que j'ay hérité de ma bonne tante de Sévigné de dire un peu de faux pour faire sentir le vray"....!!!

 

     2 - "Quatre-Vingt-Treize" de Victor HUGO (qui aurait pu s'appeler "Féodalité et Révolution")

     Le père de Victor HUGO est d'origine lorraine, fils de menuisier. Entré dans l'armée en 1788 ,à 15 ans, il est "républicain et quelque peu soudard". Le capitaine HUGO participe en 1793 à la guerre de Vendée ce qui explique aussi les "réalités du terrain" et l'orientation des écritures à venir du fils. Sophie TREBUCHET, sa mère nantaise, surnommée "la vendéenne"car passée du républicanisme au royalisme, était la fille d'un capitaine de navire, de nature plus réservée.... Conflits en tous genres! Sophie s'était réfugiée en 1794 avec son grand-père chez sa tante alors que la Révolution fait rage dans sa ville natale. C'est ainsi qu'elle rencontre, à Chateaubriant (44), son futur mari Joseph HUGO. Ils auront trois fils Abel, Eugène et le benjamin Victor.

    Victor HUGO à 14 ans : "Je veux être Chateaubriand ou rien". Brillant latiniste il est récompensé pour deux "Odes" à Toulouse à 16 ans. A 19 ans il fait connaissance du rennais LAMENNAIS qu'il admire comme étant "une dure, sagace et vaillante tête bretonne". A 27 ans il écrit contre la peine de mort. A 31 ans il rencontre la comédienne Juliette DROUET qui sera la vraie "femme de sa vie". Il viendra en Bretagne à 32 ans et à 34 ans. Député, il sera exilé politique en 1852 en Belgique puis Jersey et Guernesey (ou il plante symboliquement en 1870 un "chêne des Etats-unis d'Europe").

     Cet ouvrage fut écrit par Victor HUGO à 70 ans! " Je commence ce livre aujourd'hui 16 décembre 1872. Je suis à Hauteville-House (Guernesey)." "10 mai : une épine m'est entrée dans le talon. Je suis forcé de continuer assis ce livre...Aujourd'hui 19 mai mon pied est guéri; je me remets à écrire debout." Il finira l'ouvrage le 9 juin 1873 à Guernesey. Il sera publié en 1874. On dira que "Quatre-Vingt-Treize" est le "Guernica" de la Révolution française."

     Michel MOHRT, dans une préface, avertit le lecteur : "Le soulèvement de l'Ouest contre la république continuait, par certains de ses aspects, d'autres soulèvements du temps de la monarchie. L'un des premiers chefs  de la révolte, le marquis de la Rouërie, ne manquera jamais de préciser qu'il avait pris les armes pour "défendre les libertés bretonnes".  Il s'employa à obtenir des princes la confirmation des privilèges et des franchises de la province. Les libertés des pays de droit coutumier qui, sous l'Ancien Régime, avaient un Parlement qui votait l'impôt, ne pouvaient subsister sous le règne de la liberté républicaine, déesse aveugle et tyrannique. Le paysan breton préfèrera se battre chez lui pour des biens tangibles que se battre aux frontières pour une abstraction."

     En bon républicain Victor Hugo aura écrit que "le Breton parle une langue morte, ce qui est faire habiter une tombe à sa pensée"; moins méprisant que Gustave Flaubert qui n'y compris que "de rauques syllabes celtiques mêlées au grognement des animaux et au claquement des charrettes" "Par les champs et les grèves".

     Chouans et Vendéens : La demande de levée de 300 000 hommes en 1793 pour combattre aux frontières de l'est provoquera à l'Ouest de la France une insurrection. Au sud de la Loire les Vendéens disposent d'une vraie armée bien organisée de près de 50 000 hommes. Quant aux "Chouans" répartis au nord du fleuve il s'agissait surtout de bandes indépendantes. Le mot "chouan" provient du surnom donné au contrebandier de sel entre Bretagne et Maine (Mayenne) - Jean Cottereau - qui utilisait le hululement du chat-huant comme cri de ralliement pendant ses expéditions nocturnes. Les deux mouvements se déclarent royalistes et catholiques, se démarquant des "Bleus" républicains. Victor Hugo et d'autres écrivains du XIXème siècle désigneront ces mouvements d'une manière globale avec le mot "Vendée". Ne pas confondre "Vendéens et Chouans"! Les gens de Vendée se sont surtout soulevés pour défendre leur foi et leurs "bons prêtres". Parfois cependant pour leurs seigneurs royalistes... Les "Chouans" royalistes arborent des étendards vendéens "Pour Dieu et le roi". A leurs procès, au pied de la guillotine, les minutes le confirment. La "Chouannerie" est un mouvement uniquement royaliste et plus tardif qui se développe au nord de la Loire, en Bretagne, Mayenne, Sarthe et Normandie.

     EXTRAITS de "QUATRE-VINGT-TREIZE" :

      "Dans les derniers jours de mai 1793, un des bataillons parisiens amenés en Bretagne par Santerre fouillait le redoutable bois de la Saudraie en Astillé. On n'était plus que trois cents, car le bataillon était décimé par cette rude guerre. C'était l'époque où, après Argonne, Jemmapes et Valmy, du premier bataillon de Paris, qui était de six cents volontaires, il restait vingt-sept hommes, du deuxième trente-trois, et du troisième cinquante-sept. Temps des luttes épiques.Le 1er mai, Santerre était prêt à faire partir douze mille soldats, trente pièces de campagne et un bataillon de canonniers....Le 28 avril, la commune de Paris avait donné aux volontaires de Santerre cette consigne : "Point de grâce, point de quartier. A la fin de mai, sur les douze mille partis de Paris, huit mille étaient morts....."

        "Le bois de la Saudraie était tragique. C'était dans ce taillis que, dès le mois de novembre 1792 la guerre civile avait commencé ses crimes...." -"Es-tu des bleus? Es-tu des blancs? Avec qui es-tu? - Je suis avec mes enfants.- Dis-nous ce que c'était tes parents? - C'étaient des laboureurs. Mon père était infirme et ne pouvait travailler à cause qu'il avait reçu des coups de bâton que le seigneur, son seigneur, notre seigneur, lui avait fait donner, ce qui était une bonté, parce que mon père avait pris un lapin, pour le fait de quoi on était jugé à mort; mais le seigneur avait fait grâce et avait dit : Donnez-lui seulement cent coups de bâton; et mon père était demeuré estropié. - Et puis? - Mon grand-père était huguenot. Monsieur le curé l'a fait envoyer aux galères. J'étais toute petite. - Et puis? - Le père de mon mari était un faux-saulnier. Le roi l'a fait pendre. - Et ton mari, qu'est-ce qu'il fait? - Ces jours-ci, il se battait - Pour qui? - Pour le roi - et puis? - Dame, pour son seigneur - Et puis? - Dame, pour monsieur le curé - Sacré mille noms de noms de brutes! cria un grenadier.... - Et ton mari, madame? que fait-il? Qu'est-ce qu'il est devenu? - Il est devenu rien, puisqu'on l'a tué du côté d'Ernée... - La nuit passée, nous avons couché dans une émousse - Alors, dit le sergent, couché debout. - Camarades, un gros vieux arbre creux et mort où un homme peut se fourrer comme dans une gaine, ces sauvages appellent ça une émousse... - Coucher dans le creux d'un arbre! dit la vivandière, et avec trois enfants! Le sergent se redressa et l'on vit une grosse larme rouler sur sa joue "Camarades, de tout ça je conclus que le bataillon va devenir père. Nous adoptons ces trois enfants-là. - Vive la république! crièrent les grenadiers.

     La corvette "CLAYMORE" : "... Au moment où il était monté sur la corvette, son manteau de mer s'était entr'ouvert, et l'on avait pu le voir vêtu, sous ce manteau, de larges braies dites "bragou-bras", de bottes-jambières, et d'une veste en peau de chèvre montrant en dessus le cuir passementé de soie, et en dessous le poil hérissé et sauvage, costume complet du paysan breton. Ces anciennes vestes bretonnes étaient à deux fins, servaient aux jours de fête comme aux jours de travail, et se retournaient, offrant à volonté le côté velu ou le côté brodé; peaux de bête toute la semaine, habits de gala le dimanche.... Ce vieillard avait sur la tête le chapeau rond du temps, à haute forme et à large bord, qui, rabattu, à l'aspect campagnard, et, relevé d'un côté par une ganse à cocarde, a l'aspect militaire. Il portait ce chapeau ras baissé à la paysanne, sans ganse ni cocarde...", "... C'est un prince. - Presque                - Gentilhomme en France, mais prince en Bretagne - Comme les La Trémoille, comme les Rohan - Dont il est l'allié...", "... Il est temps qu'il y ait un chef. Je suis de l'avis de Tinténiac : un chef, et de la poudre! Dans cette diable de Vendée il faut un général qui soit en même temps un procureur; il faut ennuyer l'ennemi, lui disputer le moulin, le buisson, le fossé, le caillou, tirer parti de tout, veiller à tout, massacrer beaucoup, faire des exemples, n'avoir ni sommeil ni pitié. A cette heure, dans cette armée de paysans, il y a des héros, il n'y a pas de capitaine. D'Elbée est nul, Lescure est malade, Bonchamps fait grâce; il est bon, c'est bête;La Rochejaquelein est un magnifique sous-lieutenant. Cathelineau est un charretier naïf, Stofflet est un garde-chasse rusé, Charrette est horrible..." "Quel vis-à-vis que cette guerre de Vendée : d'un côté Santerre le brasseur, de l'autre Gaston le merlan! - Mon cher La Vieuville, je fais un certain cas de ce Gaston. Il n'a point mal agi dans mon commandement de Guémenée. Il a gentiment arquebusé trois cents bleus après leur avoir fait creuser leur fosse..." "... Ah! cette république! Que de dégâts pour peu de choses! Quand on pense que cette révolution est venue pour un déficit de quelques millions!" "...Ceci est la guerre sans miséricorde. L'heure est aux sanguinaires. Les régicides ont coupé la tête de Louis XVI, nous arracherons les quatre membres aux régicides. Dans l'Anjou et le Haut-Poitou les chefs font les magnanimes; on patauge dans la générosité; rien ne va. Dans le Marais et dans le pays de Retz, les chefs sont atroces, tout marche. C'est parce que Charette est féroce qu'il tient tête à Parrein. Hyène contre hyène..."

     "... Quant à la "croisière", c'était cette escadre de Cancale, devenue depuis célèbre sous le commandement de ce capitaine Duchesne... La situation était critique. La corvette avait, sans le savoir, pendant le déchaînement de la caronade, dévié et marché plutôt vers Granville que vers Saint-Malo. Quand même elle eût pu naviguer et faire voile, les Minquiers lui barraient le retour vers Jersey et la croisière lui barrait l'arrivée en France...." "... Chevalier, lui cria le capitaine, nous sommes en présence de trois cent quatre-vingts pièces de canon. - Combien décidément avons-nous de pièces en état de faire feu? - Neuf... Les huit navires silencieux et noirs semblaient immobiles, mais ils grandissaient." La "Claymore", enfermée dans ce demi-cercle, et d'ailleurs garrottée par ses propres ancres, était adossée à l'écueil, c'est-à-dire au naufrage. C'était comme une meute autour d'un sanglier..." "... Quelques instants après, un de ces petits canots qu'on appelle youyous s'éloignait du navire. Dans ce canot, il y avait deux hommes, le vieux passager qui était à l'arrière, et le matelot de "bonne volonté". La nuit était encore très obscure...""La "Claymore" se mit à cracher de la flamme sur les huit navires. En même temps toute l'escadre faisait feu de toutes ses batteries. L'horizon s'incendia. On eût dit un volcan qui sort de la mer..." "-Monseigneur, dit Halmado, nous sommes ici à l'embouchure du Couesnon. - C'est bien. J'irai du côté de Fougères, toi du côté de Bazouges. Garde ton sac qui te donne l'air d'un paysan.Emjambe les échaliers pour aller à travers champs. N'entre pas dans Pontorson. Tu iras au bois de Saint-Aubin. Tu feras l'appel. Sais-tu faire l'appel? Halmado enfla ses joues, se tourna du côté de la mer, et l'on entendit le hou-hou de la chouette. - Voici l'ordre : Insurgez-vous. Pas de quartier! Tu iras ensuite au bois d'Astillé. Tu iras ensuite au bois de Couesbon qui est à une lieue de Ploërmel... Tu iras ensuite à Saint-Ouen-Les-Toits, et tu parleras à Jean Chouan, qui est à mes yeux le vrai chef... Je n'écris rien parce qu'il ne faut rien écrire. La Rouarie a écrit une liste; cela a tout perdu...        Tu verras M. Dubois-Guy à Saint-Brice-en-Cogle.... Tu te déguiseras. C'est facile. Ces républicains sont si bêtes, qu'avec un habit bleu, un chapeau à trois cornes et une cocarde tricolore on passe partout. Il n'y a plus de régiments, il n'y a plus d'uniformes, les corps n'ont pas de numéros; Tu iras à saint-M'Hervé. Tu y verras Gaulier, dit Grand-Pierre. Tu iras au cantonnement de Parné où sont les hommes aux visages noircis. Ils mettent du gravier dans leurs fusils et double charge de poudre pour faire plus de bruit, ils font bien; mais surtout dis-leur de tuer, de tuer, de tuer...."

     "...Il est grand temps de faire les deux guerres ensemble; la grande et la petite. La grande fait plus de tapage, la petite plus de besogne. La Vendée est bonne, la Chouannerie est pire; et en guerre civile, c'est la pire qui est la meilleure. La bonté d'une guerre se juge à la quantité de mal qu'elle fait.... J'aime mieux la guerre de forêts que la guerre des plaines; je ne tiens pas à aligner cent mille paysans sous la mitraille des soldats bleus et sous l'artillerie de monsieur Carnot; avant un mois je veux avoir cinq cent mille tueurs embusqués dans les bois. L'armée républicaine est mon gibier. Braconner, c'est guerroyer. Je suis le stratège des broussailles. Pas de quartiers et des embuscades partout! Tu ajouteras que les Anglais sont avec nous. Prenons la république entre deux feux. L'Europe nous aide. Faisons lui la guerre des paroisses..."

     "Le vieillard avait ce clocher de Cormeray devant lui, à une distance d'environ deux lieues; il regarda à sa droite le clocher de Baguer-Pican, également droit sur l'horizon.... La cage de tous ces clochers était alternativement noire et blanche. Cela signifiat que toutes les cloches étaient en branle.On sonnait le tocsin, on le sonnait frénétiquement... Certainement quelqu'un était traqué. Ce ne pouvait être que lui... Cette affiche était placardée depuis peu de temps, car elle était encore humide. Il lut ceci : République Française, une et indivisible. - Le ci-devant marquis de Lantenac, vicomte de Fontenay, soi-disant prince breton, furtivement débarqué sur la côte de Granville, est mis hors la loi. Sa tête est mise à prix.... " "...Le marquis regarda le mendiant. - Ecoutez, monsieur le marquis, ce n'est pas beau chez moi, mais c'est sûr. A la métairie vous seriez fusillé. - je suis un pauvre - Ni royaliste, ni républicain? - je ne crois pas - Etes-vous pour ou contre le roi? - Je n'ai pas le temps de ça" "Il y a dans un coin une cruche d'eau, une galette de sarrasin et des châtaignes.." " au bout d'un quart de lieue je suis las. Nous sommes pourtant du même âge; mais les riches, ça a sur nous un avantage, c'est que ça mange tous les jours. Manger conserve." "Est-ce que je vous avais rencontré autrefois? - Souvent, puisque je suis votre mendiant. J'étais le pauvre du bas du chemin de votre château. Vous m'avez dans l'occasion fait l'aumône; mais celui qui donne ne regarde pas, celui qui reçoit examine et observe.... On est des fois des vingt-quatre heures sans manger. Quelques fois un sou, c'est la vie. Je vous dois la vie, je vous la rends..."

     "Les bleus, et cela leur était ordonné par un décret révolutionnaire, punissaient très souvent, en y mettant le feu, les fermes et les villages réfractaires; on brûlait, pour l'exemple, toute métairie et tout hameau qui n'avaient point fait les abattis d'arbres prescrits par la loi et qui n'avaient pas ouvert et taillé dans les fourrés des passages pour la cavalerie républicaine. On avait notamment exécuté ainsi tout récemment  dans la paroisse de Bourgon près d'Ernée..." "Cette avant-garde ne faisait-elle pas partie d'une de ces colonnes d'expédition surnommées "colonnes infernales"? " ... Ce fourré, qu'on appelait le bocage d'Herbe-en-Pail, mais qui avait la proportion d'un bois, s'étendait juqu'à la métairie, et cachait, comme tous les halliers bretons, un réseau de ravins, de sentiers et de chemins creux, labyrinthes où les armées républicaines se perdaient..."

     "Ecartant de ses deux mains sa veste de peau de chèvre, il montra sa poitrine nue. Il baissa les yeux, cherchant du regard les fusils braqués, et se vit entouré d'hommes à genoux. Un immense cri s'éleva : "Vive Lantenac! Vive monseigneur! Vive le général! Ce qu'il avait autour de lui, c'était une bande vendéenne. Cette cohue était armée de fusils, de sabres, de faulx, de pioches, de bâtons; tous avaient de grands feutres ou des bonnets bruns, avec des cocardes blanches, une profusion de rosaires et d'amulettes, de larges culottes ouvertes au genou, des casaques de poil, des guêtres en cuir, le jarret nu, les cheveux longs, quelques-uns l'air féroce, tous l'oeil naïf."

        "Le marquis se tourna vers Gavard : -Combien donc êtes-vous? - Sept mille; l'affiche de la république, en révélant votre présence a insurgé le pays pour le roi. Nous avions en outre été avertis sous main par le maire de Granville qui est un homme à nous....  - Et vous êtes sept mille?                - Aujourd'hui. Nous serons quinze mille demain.C'est le rendement du pays. Quand M. Henri de la Rochejaquelein est parti pour l'armée catholique, on a sonné le tocsin, et en une nuit six paroisses lui ont amené dix mille hommes. - Quel sera votre quartier général, monseigneur? - D'abord la forêt de Fougères - C'est une de vos sept forêts, monsieur le marquis....       -Ne m'avez-vous pas dit que les gens d'Herbe-en-Pail avaient bien reçu les bleus? Avez-vous brûlé le hameau? - Non -Brûlez-le. - Les bleus ont essayé de se défendre; mais ils étaient cent cinquante et nous étions sept mille.   - Que faut-il faire des prisonniers? - Fusillez-les"

     "Il y a quelque chose de plus poignant à voir brûler qu'un palais, c'est une chaumière. Une chaumière en feu est lamentable. La dévastation s'abattant sur la misère, le vautour s'acharnant sur le ver de terre, il y a là on ne sait quel contre-sens qui serre le coeur.."

   A PARIS :   "Les expédients réussissaient à la révolution; elle soulevait cette vaste détresse avec deux moyens périlleux, l'assignat et le maximum; l'assignat était le levier, le maximum était le point d'appui. Cet empirisme sauva la France. L'ennemi, aussi bien l'ennemi de Coblentz que l'ennemi de Londres, agiotait sur l'assignat.." "Aucune défaillance dans ce peuple. La sombre joie d'en avoir fini avec les trônes. Les volontaires affluaient, offrant leurs poitrines. Chaque rue donnait un bataillon. Les drapeaux des districts allaient et venaient, chacun avec sa devise : "Nul ne nous fera la barbe; Plus de noblesse que dans le coeur". Les rues de Paris ont eu deux aspects révolutionnaires très distincts, avant et après le 9 thermidor; le Paris de Saint-Just fit place au Paris de Tallien. Un accès de folie publique, cela se voit. Cela s'était déjà vu quatre-vingts ans auparavant. On sort de Louis XIV comme on sort de Robespierre, avec un grand besoin de respirer; de là la Régence qui ouvre le siècle et le Directoire qui le termine.Deux saturnales après deux terrorismes. Après le 9 thermidor, Paris fut gai, d'une gaieté égarée. Une joie malsaine déborda. A la frénésie de mourir succéda la frénésie de vivre, et la grandeur s'éclipsa.C'est ainsi que Paris va et vient; il est l'énorme pendule de la civilisation. Après 93, la Révolution traversa une occultation singulière, le siècle sembla oublier de finir ce qu'il avait commencé...la tragédie disparut dans la parodie, et au fond de l'horizon une fumée de carnaval effaça vaguement Méduse..."

     "93 est la guerre de l'Europe contre la France et de la France contre Paris.Et qu'est-ce que la Révolution? C'est la victoire de la France sur l'Europe et de Paris sur la France.

     Le Cabaret de la rue du paon : "Robespierre posa la main sur les papiers étalés devant lui : Danton, écoutez, la guerre étrangère n'est rien, la guerre civile est tout.... La guerre de forêt s'organise sur une vaste échelle. En même temps une descente anglaise se prépare; Vendéens et Anglais, c'est Bretagne avec Bretagne. Les hurons du Finistère parlent la même langue que les topinambous du Cornouailles. J'ai mis sous vos yeux une lettre interceptée de Puisaye où il est dit que "vingt mille habits rouges distribués aux insurgés en feront lever cent mille". Quand l'insurrection paysanne sera complète, la descente anglaise se fera. Les Anglais ont le choix du point de descente, de Cancale à Paimpol. Vraig préfèrerait la baie de St Brieuc, Cornwallis la baie de St Cast. C'est un détail. La rive gauche de la Loire est gardée par l'armée vendéenne rebelle, et quant aux vingt-huit lieues à découvert entre Ancenis et Pontorson, quarante paroisses normandes ont promis leur concours. La descente se fera sur trois points : Plérin, Iffiniac et Pléneuf; de Plérin on ira à St Brieuc, et de Pléneuf à Lamballe; le deuxième jour on gagnera Dinan où il y a neuf cents prisonniers anglais, et l'on occupera en même temps St Jouan et St Méen; on y laissera de la cavalerie; le troisième jour, deux colonnes se dirigeront l'une de St Jouan sur Bédée, l'autre de Dinan sur Bécherel qui est une forteresse naturelle, et où l'on établira deux batteries; le quatrième jour, on est à Rennes. Rennes c'est la clef de la Bretagne. Qui a Rennes a tout. Rennes prise, Châteauneuf et St Malo tombent. Il y a à Rennes un million de cartouches et cinquante pièces d'artillerie de campagne...

- Qu'ils raffleraient, murmura Danton. Robespierre continua : - Je termine. De Rennes, trois colonnes se jetteront l'une sur Fougères, l'autre sur Vitré, l'autre sur Redon. Dans quinze jours on aura une armée de brigands de trois cent mille hommes, et toute la Bretagne sera au roi de France. - C'est-à-dire au roi d'Angleterre, dit Danton. - Non, au roi de France. Et Robespierre ajouta : - le roi de France est pire. Il faut quinze jours pour chasser l'étranger, et dix-huit cents ans pour éliminer la monarchie.

     " Si cela continue, et si nous mettons ordre, la révolution française se sera faite au profit de Potsdam; elle aura eu pour unique résultat d'agrandir le petit Etat de Frédéric II, et nous aurons tué le roi de France pour le roi de Prusse." Et Danton, terrible, éclata de rire. Le rire de Danton fit sourire Marat. - Vous avez chacun votre dada; vous Danton, la Prusse, vous, Robespierre, la Vendée. Vous ne voyez pas le vrai péril : les cafés et les tripots. Le danger n'est ni à Londres, comme le croit Robespierre, ni à Berlin, comme le croit Danton; il est à Paris. Il est dans l'absence d'unité. Le danger est dans la famine... Le danger est dans le papier-monnaie qu'on déprécie. Rue du Temple, un assignat de cent francs est tombé à terre, et un passant, un homme du peuple, a dit : il ne vaut pas la peine d'être ramassé.Il y a à Londres dix-huit fabriques de faux assignats...Les agioteurs et les accapareurs, voilà le danger... Ce qu'il faut c'est un dictateur... Au midi, le fédéralisme; à l'ouest, le royalisme; à Paris, le duel de la Convention et de la Commune; aux frontières, la reculade de Custine et la trahison de Dumouriez... Que nous faut-il? L'unité. Si nous perdons une heure, demain les Vendéens peuvent être à Orléans, et les Prussiens à Paris.

La VENDEE : Les sept Forêts-Noires de Bretagne étaient la forêt de Fougères qui barre la passage entre Dol et Avranches; la forêt de Princé qui a huit lieues de tour, la forêt de Paimpont, pleine de ravines et de ruisseaux, presque inaccessible du côté de Ba(e)ignon, avec une retraite facile sur Concornet (Concoret) qui était un bourg royaliste; la forêt de Rennes d'où l'on entendait le tocsin des paroisses républicaines, toujours nombreuses près des villes; la forêt de Machecoul qui avait Charette pour bête fauve; la forêt de la Garnache qui était aux La Trémoille, aux Gauvain et aux Rohan; la forêt de Brocéliande qui était aux fées. Un gentilhomme en Bretagne avait le titre de "seigneur des sept forêts". C'était le vicomte de Fontenay, prince breton."

     Si l'on veut comprendre la Vendée, qu'on se figure cet antagonisme : d'un côté la révolution française, de l'autre le paysan breton. En face de ces événements incomparables, accès de colère de la civilisation, excès du progrès furieux qu'on place ce sauvage grave et singulier, cet homme à l'oeil clair et aux cheveux longs, vivant de lait et de châtaignes, borné à son toit de chaume, à sa haie et à son fossé, distinguant chaque hameau du voisinage au son de la cloche, ne se servant de l'eau que pour boire, ayant sur le dos une veste de cuir avec des arabesques de soie, inculte et brodé, tatouant ses habits comme ses ancêtres les Celtes avaient tatoués leurs visages, respectant son maître dans son bourreau, parlant une langue morte, ce qui est faire habiter une tombe à sa pensée, vénérant sa charrue d'abord, sa grand-mère ensuite, croyant à la sainte Vierge et à la Dame blanche, dévôt à l'autel et aussi à la haute pierre mystérieuse debout au milieu de la lande, aimant ses rois, ses seigneurs, ses prêtres, ses poux; pensif, immobile souvent des heures entières sur la grande grève déserte, sombre écouteur de la mer. Et qu'on se demande si cet aveugle pouvait accepter cette clarté."

     Le paysan a deux points d'appui : le champ qui le nourrit, le bois qui le cache. Ce qu'étaient les forêts bretonnes, on se le figurerait difficilement; c'étaient des villes. Rien de plus sourd, de plus muet et de plus sauvage que ces inextricables enchevêtrements d'épines et de branchages... Des puits ronds et étroits, masqués au-dehors par des couvercles de pierre et de branches, verticaux, puis horizontaux, s'élargissant sous terre en entonnoir, et aboutissant à des chambres ténébreuses, voilà ce que Cambyse trouva en Egypte et ce que Westermann trouva en Bretagne; c'était dans le désert, ici c'était dans la forêt; dans les caves d'Egypte il y avait des morts, dans les caves de Bretagne il y avait des vivants.

     Cette vie souterraine était immémoriale en Bretagne. De tout temps l'homme y avait été en fuite devant l'homme. De là les tanières de reptiles creusées sous les arbres. Cela datait des druides, et quelques-unes de ces cryptes étaient aussi anciennes que les dolmens. Le peuple avait pris le parti de disparaitre. Tour à tour les troglodytes pour échapper aux Celtes, les Celtes pour échapper aux Romains, les Bretons pour échapper aux Normands, les huguenots pour échapper aux catholiques, les contrebandiers pour échapper aux gabelous,, s'étaient réfugiés d'abord dans les forêts, puis sous la terre. Ressource des bêtes. C'est là que la tyrannie réduit les nations."

     "L'épouvante, qui est une sorte de colère, était toute prête dans les âmes, et les tannières étaient toutes prêtes dans les bois, quand la république française éclata. La Bretagne se révolta, se trouvant opprimée par cette délivrance de force. Méprise habituelle aux esclaves."

     "Les tragiques forêts bretonnes reprirent leur vieux rôle et furent servantes et complices de cette rébellion, comme elles l'avaient été de toutes les autres. Le sous-sol de telle forêt était une sorte de madrépore percé et traversé en tous sens par une voirie inconnue de sapes, de cellules et de galeries. Chacune de ces cellules aveugles abritait cinq ou six hommes. La difficulté était d'y respirer. En Ille-et-Vilaine, dans la forêt du Pertre, asile du prince de Talmont, on n'entendait pas un souffle, on ne trouvait pas une trace humaine, et il y avait six mille hommes avec Focard; en Morbihan, dans la forêt de Meulac, on ne voyait personne, et il y avait huit mille hommes. Des bataillons invisibles guettaient. Ces armées ignorées serpentaient sous les armées républicaines, sortaient de terre tout à coup et y rentraient, bondissaient innombrables et s'évanouissaient, douées d'ubiquité et de dispertion, avalanche, puis poussière... des jaguars ayant des moeurs de taupes.

     Il n'y avait pas que les forêts, il y avait les bois. De même qu'au-dessous des cités il y a les villages, au-dessous des forêts il y avait les broussailles. Les forêts se reliaient entre elles par le dédale, partout épars des bois. Les anciens châteaux qui étaient des forteresses, les hameaux qui étaient des camps, les fermes qui étaient des enclos faits d'embûches et de pièges, les métairies ravinées de fossés et palissades d'arbres, étaient les mailles de ce filet où se prirent les armées républicaines. Cet ensemble était ce que l'on appelle le Bocage.

     Les hommes vivaient dans les huttes et les hommes dans les cryptes. Ils utilisaient pour cette guerre les galeries des fées et les vieilles sapes celtiques. On apportait à manger aux hommes enfouis... Habituellement le couvercle, fait de mousse et de branches, était si artistement façonné, qu'impossible à distinguer du dehors dans l'herbe, il était très facile à ouvrir et à fermer du dedans. Ils appelaient ce réduit la "loge". On était bien là, à cela près qu'on était sans jour, sans feu, sans pain et sans air. Les hommes dans ces caves de bêtes s'ennuyaient. La nuit, quelquefois, à tout risque, ils sortaient et s'en allaient danser sur la lande voisine. Ou bien ils priaient pour tuer le temps. "Tout le jour, dit Bourdoiseau, Jean Chouan nous faisait chapeletter.

     Quelques fois ils soulevaient le couvercle de leur fosse, et ils écoutaient si l'on se battait au loin; ils suivaient de l'oreille le combat. Le feu des républicains était régulier, le feu des royalistes était éparpillé; ceci les guidait. Si les feux de peloton cessaient subitement c'était signe que les royalistes avaient le dessus; si les feux saccadés continuaient et s'enfonçaient à l'horizon, c'était signe qu'ils avaient le dessus. Les blancs poursuivaient toujours; les bleus jamais, ayant le pays contre eux.... Des relais d'émissaires étaient établis de forêt à forêt, de village à village, de ferme à ferme, de chaumière à chaumière, de buisson à buisson. Hoche écrivait : "On croirait qu'ils ont des télégraphes."

     C'étaient des clans, comme en Ecosse. Chaque paroisse avait son capitaine. Cette guerre, mon père l'a faite, et j'en puis parler."

     Leur vie en guerre : "Beaucoup n'avaient que des piques. Les bonnes carabines de chasse abondaient. Pas plus adroits que les braconniers du Bocage et les contrebandiers du Loroux. C'étaient des combattants étranges, affreux et intrépides. Le décret de la levée des trois cent mille hommes avait fait sonner le tocsin dans six cents villages. Le pétillement de l'incendie éclata sur tous les points à la fois. Le Poitou et l'Anjou firent explosion le même jour. Disons qu'un premier grondement s'était fait entendre dès 1792, le 8 juillet, un mois avant le 10 août, sur la lande de Kerbader. Alain Redeler fut le précurseur de La Rochejaquelein et de Jean Chouan. Les royalistes forçaient, sous peine de mort, tous les hommes valides à marcher. Ils réquisitionnaient les attelages, les chariots, les vivres. Tout de suite, Sapinaud eut trois mille soldats, Cathelineau dix mille, Stofflet vingt mille et Charette fut maître de Noirmoutier....Pour soulever ces multitudes, peu de choses suffisait. On plaçait dans le tabernacle d'un curé assermenté, d'un prêtre jureur, comme ils disaient, un gros chat noir qui sautait brusquement dehors pendant la messe.  -C'est le diable! criaient les paysans, et tout un canton s'insurgeait. Un souffle de feu sortait des confessionnaux....

     Au plus fort des mêlées, quand les paysans attaquaient les carrés républicains, s'ils rencontraient sur le champ de combat une croix ou une chapelle, tous tombaient à genoux et disaient leur prière sous la mitraille; le rosaire fini, ceux qui restaient se relevaient et se ruaient sur l'ennemi. Quels géants, hélas! Ils chargeaient leurs fusils en courant; c'était leur talent. On leur faisait croire ce qu'on voulait; les prêtres leur montraient d'autres prêtres dont ils avaient rougi le cou avec une ficelle serrée, et leurs disaient : Ce sont des guillotinés ressucités...Ils appelaient les prêtres mariés républicains : des sans-calottes devenus sans-culottes. Ils commencèrent par avoir peur des canons, puis ils se jetèrent dessus avec des bâtons, et ils en prirent.....

     Les paysans s'attardaient à piller. Ces dévôts étaient des voleurs. les sauvages ont des vices. C'est par là que les prend plus tard la civilisation. Puysage dit : "J'ai préservé plusieurs fois le bourg de Plélan du pillage." Il se prive d'entrer à Montfort : "Je fis un circuit pour éviter le pillage des maisons des jacobins." Ils détroussèrent Cholet; ils mirent à sac Challans. Après avoir manqué Granville, ils pillèrent Villedieu. Ils appelaient "masse jacobine" ceux des campagnes qui s'étaient ralliés aux bleus, et ils les exterminaient plus que les autres. Ils aimaient le carnage comme les soldats, et le massacre comme des brigands. Fusiller les "patauds" c'est-à-dire les bourgeois, leur plaisait; ils appelaient cela se "décarêmer". A St Germain-sur-Ille, un de leurs capitaines, gentilhomme, tua d'un coup de fusil le procureur de la commune et lui prit sa montre. A Machecoul, ils mirent les républicains en coupe réglée, à trente par jour; cela dura cinq semaines; chaque chaîne de trente s'appelait le "chapelet". On adossait la chaîne à une fosse creusée et l'on fusillait; les fusillés tombaient dans la fosse parfois vivants; on les enterrait tout de même... Quand ils traversaient un bourg républicain, ils coupaient l'Arbre de la Liberté, le brûlaient et dansaient en rond autour du feu. Toutes leurs allures étaient nocturnes. Règle du Vendéen : être toujours inattendu. Ils faisaient quinze lieues en silence, sans courber une herbe sur leur passage. Marche de chats dans les ténèbres.... Pendant ce temps-là, Carrier était épouvantable. La terreur répliquait à la terreur.

     La Vendée insurgée ne peut être évaluée à moins de cinq cent mille hommes, femmes et enfants. La Lozère envoyait au Bocage trente mille hommes. Huit départements se coalisaient, cinq en Bretagne, trois en Normandie... La grande armée catholique a été un effort insensé; le désastre devait suivre; se figure-t-on une tempête paysanne attaquant Paris.... la cohue des sabots se ruant sur la légion des esprits? Le Mans et Savenay chatièrent cette folie. Passer la Loire était impossible à la Vendée. Elle pouvait tout, excepté cette enjambée.La guerre civile ne conquiert point. Passer le Rhin complète César et augmente Napoléon; passer la Loire tue La Rochejaquelein... La vraie Vendée, c'est la Vendée chez elle; là elle est plus qu'invulnérable, elle est insaisissable. Le vendéen chez lui est contrebandier, laboureur, soldat, pâtre, braconnier, franc-tireur, chevrier, sonneur de cloches, paysan, espion, assassin, sacristain, bête des bois. Pays, Patrie, ces deux mots résument toute la guerre de Vendée; querelle de l'idée locale contre l'idée universelle; paysans contre patriotes.

     La Bretagne est une vieille rebelle. Toutes les fois qu'elle s'était révoltée pendant deux mille ans, elle avait eu raison; la dernière fois, elle a eu tort... Contre le roi ou sous le roi, c'était toujours la même guerre que la Bretagne faisait, la guerre de l'esprit local contre l'esprit central... Toutes les fois que le centre, Paris, donne une impulsion, que cette impulsion vienne de la royauté ou de la république, qu'elle soit dans le sens du despotisme ou de la liberté, c'est une nouveauté, et la Bretagne se hérisse. Laissez-nous tranquilles. Qu'est-ce qu'on nous veut? Surdité terrible. L'insurrection vendéenne est un lugubre malentendu.

     "Voyez-vous citoyen, dans les villes et dans les gros bourgs, nous sommes pour la révolution, dans la campagne, ils sont contre; autant dire dans les villes on est français et dans les villages on est breton. C'est une guerre de bourgeois à paysans. Ils nous appellent patauds, nous les appelons rustauds. Les nobles et les prêtres sont avec eux."

     " Le but de Lantenac était d'insurger tout, d'appuyer la Basse-Bretagne sur la Basse-Normandie, d'ouvrir la porte à Pitt, et de donner un coup d'épaule à la grande armée vendéenne avec vingt mille Anglais et deux cent mille paysans. Gauvain a coupé court à ce plan. Il tient la côte... Le vieux, qui est habile, a fait une pointe; on apprend qu'il a marché sur Dol. S'il prend Dol, et s'il établit sur le Mont-Dol une batterie, car il a du canon, voilà un point de la côte où les Anglais peuvent aborder, et tout est perdu."

     DOL-de-BRETAGNE : Dol, "ville espagnole de France en Bretagne", ainsi le qualifient les cartulaires, n'est pas une ville, c'est une rue. Grande vieille rue gothique, toute bordée à droite et à gauche de maisons à piliers, points alignés, qui font des caps et des coudes dans la rue, d'ailleurs très large.Le reste de la ville n'est qu'un réseau de ruelles se rattachant à cette grande rue diamétrale et y aboutissant comme des ruisseaux à une rivière. La ville sans portes ni murailles, ouverte, dominée par le Mont-Dol, ne pourrait soutenir un siège; mais la rue en peut soutenir un. Autant de maisons, autant de forteresses. La vieille halle était à peu près au milieu de la rue.

     Un duel nocturne entre les blancs arrivés le matin et les bleus survenus le soir avait brusquement éclaté dans la ville. Les forces étaient inégales, les blancs étaient six mille, les bleus étaient quinze cents, mais il y avait égalité d'acharnement. Chose remarquable c'était les quinze cents qui avaient attaqué les six mille.

     D'un côté six mille paysans, avec des coeurs-de-Jésus sur leurs vestes de cuir, des rubans blancs à leurs chapeaux ronds, des devises chrétiennes sur leurs brassards, des chapelets à leurs ceinturons, ayant plus de fourches que de sabres et des carabines sans bayonettes, trainant des canons attelés de cordes, mal équipés, mal disciplinés, mal armés, mais frénétiques. De l'autre côté quinze cents soldats avec le tricorne à cocarde tricolore, l'habit à grandes basques et à grands revers, le briquet à poignée de cuivre et le fusil à longue bayonnette, dressés, alignés, dociles et farouches, sachant obéir, volontaires eux aussi, mais volontaires de la patrie, en haillons du reste, et sans souliers; pour la monarchie, des paysans paladins, pour la révolution des héros va-nu-pieds; et chacune des deux troupes ayant pour âme son chef; les royalistes un vieillard, les républicains un jeune homme. D'un côté Lantenac, de l'autre Gauvain. Lantenac était exaspéré contre Gauvain; d'abord parce que Gauvain le battait, ensuite parce que c'était son parent. Lantenac voulait la vraie guerre : se servir du paysan, mais l'appuyer sur le soldat. De là l'idée fixe : faire débarquer les Anglais... s'emparer d'un point du littoral, et le livrer à Pitt. C'est pourquoi, voyant Dol sans défense, il s'était jeté dessus, afin d'avoir par Dol le Mont-Dol, et par le Mont-Dol la côte. Le lien était bien choisi. Le canon du Mont-dol balayerait d'un côté le Fresnois, de l'autre Saint-Brelade (Broladre), tiendrait à distance la croisière de Cancale et ferait toute la plage libre à une descente, du Ra (o)z-sur-Couesnon à Saint-Mêloir-des-Ondes.

     Il entendait établir une forte batterie sur le Mont-Dol, d'après ce principe que mille coups tirés avec dix canons font plus de besogne que quinze cents coups tirés avec cinq canons. Le succès semblait certain. Lantenac alla en hâte avec quelques officiers d'artillerie reconnaître le Mont-Dol. Les paysans s'étaient dispersés dans la ville. Ils avaient garé leur artillerie avec les bagages sous les voûtes de la vieille halle, et, las, buvant, mangeant, "chapelletant", ils s'étaient couchés pêle-mêle en travers de la grande rue, plutôt encombrée que gardée.

     Tout à coup, à la lueur du crépuscule, ceux qui n'avaient pas encore fermé les yeux virent trois pièces de canons braquées à l'entrée de la grande rue. C'était Gauvain.Le premier moment fut terrible. On criait, on courait, beaucoup tombaient. Combat lugubre, mêlé de femmes et d'enfants. Les balles sifflantes rayaient l'obscurité. Tout était fumée et tumulte... Pourtant l'intrépide désordre des paysans finit par se mettre sur la défensive; ils se replièrent sous la halle, vaste redoute obscure, forêt de piliers de pierre. Là ils reprirent pied; tout ce qui ressemblait à un bois leur redonnait confiance. Ils avaient du canon, mais au grand étonnement de Gauvain, ils ne s'en servaient point; cela tenait à ce que les officiers d'artillerie étant allés avec le marquis reconnaître le Mont-Dol les gars ne savaient faire des couleuvrines et des bâtardes; mais ils criblaient de balles les bleus qui les canonnaient.Cela devenait grave pour Gauvain. Cette halle brusquement transformée en citadelle, c'était l'inattendu.

     Le marquis venait d'arriver dans la barricade par le côté opposé. Le chef venu tout changea de face... Le marquis mit en batterie deux pièces de seize. Trois fois il ajusta Gauvain et le manqua. Gauvain avait devant lui, en défalquant les morts et les fuyards, au moins cinq mille combattants, et il ne lui restait à lui que douze cents hommes maniables. Gauvain était du pays, il connaissait la ville; il savait que la vieille halle, où les Vendéens s'étaient crénelés, était adossée à une dédale de ruelles étroites et tortueuses.... Il prit la tête de la colonne et, pendant que la canonnade continuait des deux côtés, ces vingt hommes, glissant comme des ombres, s'enfoncèrent dans les ruelles désertes. Gauvain arriva à l'extrémité d'une ruelle d'où l'on rentrait dans la grande rue; seulement on était de l'autre côté de la halle. La position était tournée. De ce côté-ci il n'y avait pas de retranchement... Gauvain leva son épée, il cria : "Deux cents hommes par la droite, deux cents hommes par la gauche, tout le reste sur le centre!" Les douze coups de fusil partirent et les sept tambours sonnèrent la charge. Toute cette masse paysanne se sentit prise à revers, et s'imagina avoir une nouvelle armée dans le dos... En quelques instants la halle fut vide, les gars terrifiés se désagrégèrent... Le marquis de Lantenac vit cette déroute et il dit : "Décidément les paysans ne tiennent pas. Il nous faut les Anglais."

     Cimourdain dit à Gauvain : - Où en sommes-nous?
Gauvain répondit : - J'ai dispersé les bandes de Lantenac. Le voilà acculé à la forêt de Fougères. Dans huit jours il sera cerné.... Il regarda Gauvain en face : - Pourquoi as-tu fait mettre en liberté ces religieuses du couvent de St Marc-le-Blanc? - Je ne fais pas la guerre aux femmes - Pour la haine une femme vaut dix hommes. Pourquoi as-tu refusé d'envoyer au tribunal révolutionnaire tout ce troupeau de vieux prêtres fanatiques pris à Louvigné? - Je ne fais pas la guerre aux vieillards. -Pourquoi, après la victoire de Landéan, n'as-tu pas fait fusiller tes trois cents paysans prisonniers? - Parce que Bonchamp avait fait grâce aux prisonniers républicains...

     Le voyageur qui, il y a quarante ans, entré dans la forêt de Fougères du côté de Laignelet, en ressortait du côté de Parigné, faisait, sur la lisière de cette profonde futaie, une rencontre sinistre. En débouchant du hallier, il avait brusquement devant lui la Tourgue, la Tourgue morte, lézardée, sabordée, démantelée... Ce qu'on avait sous les yeux, c'était une haute tour ronde, toute seule au coin du bois comme un malfaiteur. La Tourgue signifie la Tour-Gauvain et était en 1793 une forteresse....

     Juillet s'écoula, août vint, un souffle héroïque et féroce passait sur la France. Marat un couteau au flanc, Charlotte Corday sans tête, tout devenait formidable. Quand à la Vendée, battue dans la grande stratégie, elle se réfugiait dans la petite, plus redoutable.... Un décret envoyait en Vendée l'armée de Mayence; huit mille Vendéens étaient morts à Ancenis, les Vendéens étaient repoussés à Nantes, débusqués à Montaigu, expulsés de Thouars, chassés de Noirmoutier, culbutés hors de Cholet, de Mortagne et de Saumur; ils évacuaient Parthenay; ils abandonnaient Clisson; ils étaient battus à Pornic, aux Sables, à Fontenay, à Doué; ils étaient en échec à Luçon, en déroute à la Roche-sur-Yon; mais d'une part, ils menaçaient La Rochelle, et d'autre part, dans les eaux de Guernesey, une flotte anglaise, aux ordres du général Craig, n'attendait qu'un signal du marquis de Lantenac pour débarquer...

     Dans ce mois d'août La Tourgue était assiégée. Le marquis de Lantenac : - vous êtes quatre mille cinq cents soldats qui nous attaquez; et nous, nous sommes dix-neuf hommes qui nous défendons... Nous avons en nos mains trois prisonniers, qui sont trois enfants. Ces enfants ont été adoptés par un de vos bataillons, et ils sont à vous. Nous vous offrons de vous rendre ces trois enfants. A une condition c'est que nous aurons la sortie libre.... Si vous refusez les enfants meurent.

Pour connaître le dénouement très inattendu il vous faudra à présent acheter ou emprunter l'ouvrage...
Alain GOUAILLIER

2- "Les Chouans" de Balzac

          Honoré Balzac est natif de Tours.Se croyant poète il n'arrive pas à se réaliser dans l'écriture ni dans les affaires. Un fait historique datant de 1798 lui apportera la gloire : la guerre des Chouans. Il se rend pendant deux mois à Fougères chez l'ami de son père, le général baron de Pommereul. Durant cinq mois il écrit quatre tomes de son roman en 1829, à l'âge de 31 ans.
     L'action se passe dans les "premiers jours de l'an VIII; au commencement de vendémiaire", soit dans les derniers jours de septembre 1799 et se situe par-delà Fougères, en allant vers Mayenne et Mortagne.

Extraits :

     "Du sommet de la Pélerine apparaît aux yeux du voyageur la grande vallée du Couësnon, dont l'un des points culminants est occupé à l'horizon par la ville de Fougères. Son château domine, en haut du rocher où il est bâti, trois ou quatre routes importantes, position qui la rendait jadis une des clés de la Bretagne. De là les officiers découvrirent, dans toute son étendue, ce bassin aussi remarquable par la prodigieuse fertilité de son sol que par la variété de ses aspects. De toutes parts, des montagnes de schiste s'élèvent en amphithéâtre, elles déguisent leurs flancs rougeâtres sous des forêts de chênes, et recèlent dans leurs versants des vallons pleins de fraîcheur. Ces rochers décrivent une vaste enceinte, circulaire en apparence, au fond de laquelle s'étend avec mollesse une immense prairie dessinée comme un jardin anglais. La multitude de haies vives qui entourent d'irréguliers et de nombreux héritages, tous plantés d'arbres, donnent à ce tapis de verdure une physionomie rare parmi les paysages de France, et il enferme de féconds secrets de beauté dans ses contrastes multipliés dont les effets sont assez larges pour saisir les âmes les plus froides. En ce moment, la vue de ce pays était animée de cet éclat fugitif par lequel la nature se plaît à rehausser parfois ses impérissables créations...

     Pendant que le détachement traversait la vallée, le soleil levant avait lentement dissipé ces vapeurs blanches et légères qui, dans les matinées de septembre, voltigent sur les prairies. A l'instant où les soldats se retournèrent, une invisible main semblait enlever à ce paysage le dernier des voiles dont elle l'aurait enveloppé, nuées fines, semblables à ce linceul de gaze diaphane qui couvre les bijoux précieux et à travers lequel ils excitent la curiosité. Dans le vaste horizon que les officiers embrassèrent, le ciel n'offrait pas le plus petit nuage qui pût faire croire, par sa clarté d'argent, que cette immense voûte bleue fût le firmament. C'était plutôt un dais de soie supporté par les cimes inégales des montagnes, et placé dans les airs pour protéger cette magnifique réunion de champs, de prairies, de ruisseaux et de bocages. Les officiers ne se lassaient pas d'examiner cet espace où jaillissent tant de beautés champêtres. Les uns hésitaient longtemps avant d'arrêter leurs regards parmi l'étonnante multiplicité de ces bosquets que les teintes sévères de quelques touffes jaunies enrichissaient des couleurs du bronze, et que le vert émeraude des prés irrégulièrement coupés faisait encore ressortir. les autres s'attachaient aux contrastes offerts par des champs rougeâtres où le sarrasin récolté se dressait en gerbes coniques semblables aux faisceaux d'armes que le soldat amoncèle au bivouac, et séparés par d'autres champs que doraient les guérets des seigles moissonnés. Ca et là, l'ardoise sombre de quelques toits d'où sortaient de blanches fumées; puis les tranchées vives et argentées que produisaient les ruisseaux tortueux du Couësnon, attiraient l'oeil par quelques-uns de ces pièges d'optique qui rendent, sans qu'on sache pourquoi, l'âme indécise et rêveuse. La fraîcheur embaumée des brises d'automne, la forte senteur des forêts, s'élevaient comme un nuage d'encens et enivraient les admirateurs de ce beau pays, qui contemplaient avec ravissement ses fleurs inconnues, sa végétation vigoureuse, sa verdure rivale de celle d'Angleterre, sa voisine dont le nom est commun aux deux pays. Quelques bestiaux animaient cette scène déjà si dramatique. Les oiseaux chantaient, et faisaient ainsi rendre à la vallée une suave, une sourde mélodie qui frémissait dans les airs...." 

     "Dans ces temps de discorde, les habitants de l'Ouest avaient appelé tous les soldats de la République, des "Bleus". Ce surnom était dû à ces premiers uniformes bleus et rouges... Cette colonne était le contingent péniblement obtenu du district de Fougères. Le gouvernement avait demandé cent mille hommes, afin d'envoyer de prompts secours à ses armées, alors battues par les Autrichiens en Italie, par les Prussiens en Allemagne, et menacées en Suisse par les Russes... Les départements de l'Ouest, connus sous le nom de Vendée, la Bretagne et une portion de la Basse Normandie, pacifiés depuis trois ans par les soins du général Hoche après une guerre de quatre années, paraissait avoir saisi ce moment pour recommencer  la lutte."

     "En considérant ces hommes étonnés de se voir ensemble, et ramassés comme au hasard, on eût dit la population d'un bourg chassée de ses foyers par un incendie. Mais l'époque et les lieux donnaient un tout autre intérêt à cette masse d'hommes. Un observateur initié au secret des discordes civiles qui agitaient alors la France aurait pu facilement reconnaître le petit nombre de citoyens sur la fidélité desquels la République devait compter dans cette troupe, presque entièrement composée de gens qui, quatre ans auparavant, avaient guerroyé contre elle. Les républicains seuls marchaient avec une sorte de gaieté. Quant aux autres individus de la troupe, s'ils offraient des différences sensibles dans leurs costumes, ils montraient sur leurs figures et dans leurs attitudes cette expression uniforme que donne le malheur. Bourgeois et paysans, tous gardaient l'empreinte d'une mélancolie profonde; leur silence avait quelque chose de farouche, et ils semblaient courbés sous le joug d'une même pensée, terrible sans doute, mais soigneusement cachée, car leurs figures étaient impénétrables; seulement la lenteur peu ordinaire de leur marche pouvait trahir de secrets calculs. De temps en temps, quelques-uns d'entre eux, remarquables par des chapelets suspendus à leur cou, malgré le danger qu'ils couraient à conserver ce signe d'une religion plutôt supprimée que détruite, secouaient leurs cheveux et relevaient la tête avec défiance. Ils examinaient alors à la dérobée les bois, les sentiers et les rochers qui encaissaient la route, mais de l'air avec lequel un chien, mettant le nez au vent, essaie de subodorer le gibier; puis, en n'entendant que le bruit monotone des pas de leurs silencieux compagnons, ils baissaient de nouveau leurs têtes et reprenaient leur contenance de désespoir, semblables à des criminels emmenés au bagne pour y vivre, pour y mourir..." 

     " - c'est que, répondit le sombre interlocuteur avec un accent qui prouvait une assez grande difficulté de parler français, c'est là, dit-il en étendant sa rude et large main vers Ernée, là est le Maine, et là finit la Bretagne...

     -D'où viens-tu? - Du pays des "Gars" - Ton nom? - "Marche-à-terre" - Pourquoi portes-tu, malgré la loi, ton surnom de chouan?..."

     L'embuscade : (sous le Directoire, un détachement militaire républicain, sous les ordres du commandant Hulot, emmène des jeunes gens de la réquisition du pays de Fougères. En chemin un paysan surnommé Marche-à-terre vient à leur rencontre et leur tient conversation. Le commandant, le trouvant suspect, le fait s'asseoir, surveillé par deux hommes, et envoie quatre soldats en éclaireurs à l'approche d'un bois. Bientôt les deux émissaires de la gauche du chemin reviennent sans avoir rien vu d'inquiétant...)

     ...."Pendant que les deux tirailleurs lui faisaient un espèce de rapport, Hulot cessa de regarder Marche-à-terre. Le Chouan se mit alors à siffler vivement, de manière à faire retentir son cri à une distance prodigieuse; puis, avant qu'aucun de ses surveillants l'eût même couché en joue, il leur avait appliqué un coup de fouet qui les renversa sur la berme. Aussitôt des cris ou plutôt des hurlements sauvages surprirent les républicains. Une décharge terrible, partie du bois qui surmontait le talus où le Chouan s'était assis, abattit sept ou huit soldats. Marche-à-terre, sur lequel cinq ou six hommes tirèrent sans l'atteindre, disparut dans le bois après avoir grimpé le talus avec la rapidité d'un chat sauvage; ses sabots roulèrent dans le fossé, et il fut aisé de lui voir alors aux pieds les gros souliers ferrés que portaient habituellement les chasseurs du roi. Aux premiers cris jetés par les Chouans, tous les conscrits sautèrent dans le bois à droite, semblables à ces troupes d'oiseaux qui s'envolent à l'approche d'un voyageur.

- Feu sur ces mâtins-là! cria le commandant. La compagnie tira sur eux, mais les conscrits avaient su se mettre à l'abri de cette fusillade en s'adossant à des arbres; et avant que les armes eussent été rechargées, ils avaient disparu.

- Décrétez donc des légions départementales, hein! dit Hulot... Il faut être bête comme le Directoire pour vouloir compter sur la réquisition de ce pays-ci...

- Voilà des crapauds qui aiment mieux leurs galettes que le pain de munition, dit Beau-Pied, le malin de la compagnie.

     A ces mots des huées et des éclats de rire partis du sein de la troupe républicaine honnirent les déserteurs, mais le silence se rétablit tout à coup. Les soldats virent descendre péniblement du talus les deux chasseurs que le commandant avait envoyés battre les bois de la droite. Le moins blessé des deux soutenait son camarade, qui abreuvait le terrain de son sang. Les deux pauvres soldats étaient parvenu à la moitié de la pente lorsque Marche-à-terre montra sa face hideuse : il ajusta si bien les deux Bleus qu'il les acheva d'un seul coup, et ils roulèrent pesamment dans le fossé. A peine avait-on vu sa grosse tête, que trente canons de fusil se levèrent; mais semblable à une figure fantasmagorique, il avait disparu derrière les fatales touffes de genêts. Ces événements, qui exigent tant de mots, se passèrent en un moment; puis en un moment aussi, les patriotes et les soldats de l'arrière-garde rejoignirent le reste de l'escorte.- En avant! s'écria Hulot.

     La compagnie se porta rapidement à l'endroit élevé et découvert où le piquet avait été placé. Là, le commandant mit la compagnie en bataille; mais il n'aperçut aucune démonstration hostile de la part des Chouans, et crut que la délivrance des conscrits était le seul but de cette embuscade." ....

  ....   "Les berges du chemin sont encaissées par des fossés dont les terres sans cesse rejetées sur les champs y produisent de hauts talus couronnés d'ajoncs. Cet arbuste, qui s'étale en buissons épais, fournit pendant l'hiver une excellente nourriture aux chevaux et aux bestiaux; mais tant qu'il n'est pas récolté, les Chouans se cachaient derrière ses touffes d'un vert sombre. Ces talus et ces ajoncs, qui annoncent au voyageur l'approche de la Bretagne, rendaient alors cette partie de la route aussi dangereuse qu'elle est belle..."

     "Galope-chopine évita soigneusement la grande route, et guida les deux étrangères à travers l'immense dédale de chemins de traverse de la Bretagne. Mademoiselle de Verneuil comprit alors la guerre des Chouans. En parcourant ces routes elle put mieux apprécier l'état de ces campagnes qui, vues d'un point élevé, lui avaient paru si ravissantes; mais dans lesquelles il faut s'enfoncer pour en concevoir et les dangers et les inextricables difficultés. Autour de chaque champ, et depuis un temps immémorial, les paysans ont élevé un mur en terre, haut de six pieds, de forme prismatique, sur le faîte duquel croissent des châtaigniers, des chênes, ou des hêtres. Ce mur, ainsi planté, s'appelle une "haie" (la haie normande), et les longues branches qui la couronnent, presque toujours rejetées sur le chemin, décrivent au-dessus un immense berceau. Les chemins, tristement encaissés par ces murs tirés d'un sol argileux, ressemblent aux fossés des places fortes, et lorsque le granit qui, dans ces contrées, arrive presque toujours à fleur de terre, n'y fait pas une espèce de pavé raboteux, ils deviennent alors tellement impraticables que la moindre charrette ne peut y rouler qu'à l'aide de deux paires de boeufs et de deux chevaux petits, mais généralement vigoureux. Ces chemins sont si habituellement marécageux, que l'usage a forcément établi pour les piétons dans le champ et le long de la haie un sentier nommé une "rote", qui commence et finit avec chaque pièce de terre. Pour passer d'un champ dans un autre, il faut donc remonter la haie au moyen de plusieurs marches que la pluie rend souvent glissantes.

     Les voyageurs avaient encore bien d'autres obstacles à vaincre dans ces routes tortueuses. Ainsi fortifié, chaque morceau de terre a son entrée qui, large de dix pieds environ, est fermée par ce qu'on nomme dans l'Ouest un "échalier". L'échalier est un tronc ou une forte branche d'arbre dont un des bouts, percé de part en part, s'emmanche dans une autre pièce de bois informe qui lui sert de pivot. L'extrémité de l'échalier se prolonge un peu au-delà de ce pivot, de manière à recevoir une charge assez pesante pour former un contrepoids et permettre à un enfant de manoeuvrer cette singulière fermeture champêtre dont l'autre extrémité repose dans un trou fait à la partie inférieure de la haie...

     Ces haies et ces échaliers donnent au sol la physionomie d'un immense échiquier dont chaque champ forme une case parfaitement isolée des autres, close comme une forteresse, protégée comme elle par des remparts. La porte, facile à défendre, offre à des assaillants la plus périlleuse de toutes les conquêtes. En effet, le paysan breton croit engraisser la terre qui se repose, en y encourageant la venue de genêts immenses, arbuste si bien traité dans ces contrées qu'il y arrive en peu de temps à hauteur d'homme. Ce préjugé, digne de gens qui placent leurs fumiers dans la partie la plus élevée de leurs cours, entretient sur le sol et dans la proportion d'un champ sur quatre, des forêts de genêts, au milieu desquelles on peut dresser mille embûches. Enfin il n'existe peut-être pas de champ où il ne se trouve quelques vieux pommiers à cidre qui y abaissent leurs branches basses et par conséquent mortelles aux productions du sol qu'elles couvrent; or si vous venez à songer au peu d'étendue des champs dont toutes les haies supportent d'immenses arbres à racines gourmandes qui prennent le quart du terrain, vous aurez une idée de la culture et de physionomie du pays.

     On ne sait si le besoin d'éviter les contestations a, plus que l'usage si favorable à la paresse d'enfermer les bestiaux sans les garder, conseillé de construire ces clôtures formidables dont les permanents obstacles rendent le pays imprenable, et la guerre des masses impossible. Quand on a, pas à pas, analysé cette disposition du terrain, alors se révèle l'insuccès nécessaire d'une lutte entre des troupes régulières et des partisans; car cinq cents hommes peuvent défier les troupes d'un royaume. Là était tout le secret de la guerre des Chouans..." 

     La Bretagne est, de toute la France, le pays où les moeurs gauloises ont laissé les plus fortes empreintes. Les parties de cette province où, de nos jours encore, la vie sauvage et l'esprit superstitieux de nos rudes aïeux sont restés, pour ainsi dire, flagrants, se nomment le pays des "Gars". Lorsqu'un canton est habité par nombre de Sauvages semblables à celui qui vient de comparaître dans cette Scène, les gens de la contrée disent : Les gars de telle paroisse; et ce nom classique est comme une récompense de la fidélité avec laquelle ils s'efforcent de conserver les traditions de langage et des moeurs gaëliques; aussi leur vie garde-t-elle de profonds vestiges des croyances et des pratiques superstitieuses des anciens temps. Là, les coutumes féodales sont encore respectées. Là les antiquaires retrouvent debout les monuments des Druides. Là, le génie de la civilisation moderne s'effraie de pénétrer à travers d'immenses forêts primordiales. Une incroyable férocité, un entêtement brutal, mais aussi la foi du serment; l'absence complète de nos lois, de nos moeurs, de notre habillement, de nos monnaies nouvelles, de notre langage, mais aussi la simplicité patriarcale et d'héroïques vertus s'accordent à rendre les habitants de ces campagnes plus pauvres de combinaisons intellectuelles que ne le sont les Mohicans et les Peaux-Rouges de l'Amérique septentrionale, mais aussi grands, aussi rusés, aussi durs qu'eux. La place que la Bretagne occupe au centre de l'Europe la rend beaucoup plus curieuse à observer que ne l'est le Canada. Entouré de lumières dont la bienfaisante chaleur ne l'atteint pas, ce pays ressemble à un charbon glacé qui resterait obscur et noir au sein d'un brillant foyer. Les efforts tentés par quelques grands esprits pour conquérir à la vie sociale et à la prospérité cette belle partie de la France, si riche de trésors ignorés, tout, même les tentatives du gouvernement, meurt au sein de l'immobilité d'une population vouée aux pratiques d'une immémoriale routine. Ce malheur s'explique assez par la nature d'un sol encore sillonné de ravins, de torrents, de lacs et de marais; hérissé de haies, espèces de bastions en terre qui font, de chaque champ, une citadelle; privé de routes et de canaux; puis par l'esprit d'une population ignorante, livrée à des préjugés dont les dangers seront accusés par les détails de cette histoire, et qui ne veut pas de notre moderne agriculture. La disposition pittoresque de ce pays, les superstitions de ses habitants excluent et la concentration des individus et les bienfaits amenés par la comparaison, par l'échange d'idées. Là point de villages. Les constructions précaires que l'on nomme des logis sont clairsemées à travers la contrée. Chaque famille y vit comme dans un désert. Les seules réunions connues sont les assemblées éphémères que le dimanche ou les fêtes de la religion consacrent à la paroisse. Ces réunions silencieuses, dominées par le recteur, le seul maître de ces esprits grossiers, ne durent que quelques heures. Après avoir entendu la voix terrible de ce prêtre, le paysan retourne pour une semaine dans sa demeure insalubre; il en sort pour le travail, et y rentre pour dormir. S'il y est visité, c'est par ce recteur, l'âme de la contrée. Aussi, fût-ce à la voix de ce prêtre que des milliers d'hommes se ruèrent sur la république, et que ces parties de la Bretagne fournirent cinq ans avant l'époque à laquelle commence cette histoire, des masses de soldats à la première chouannerie. Les frères Cottereau, hardis contrebandiers qui donnèrent leur nom à cette guerre, exerçaient leur périlleux métier de Laval à Fougères. Mais les inssurections de ces campagnes n'eurent rien de noble et l'on peut dire avec assurance qui si la Vendée fit du brigandage une guerre, la Bretagne fit de la guerre un brigandage. La proscription des princes, la religion détruite ne furent pour les Chouans que des prétextes de pillage, et les événements de cette lutte intestine contractèrent quelque chose de la sauvage âpreté qu'ont les moeurs en ces contrées. Quand de vrais défenseurs de la monarchie vinrent recruter des soldats parmi ces populations ignorantes et belliqueuses, ils essayèrent mais en vain, de donner, sous le drapeau blanc, quelque grandeur à ces entreprises qui avaient rendu la chouannerie odieuse et les Chouans sont restés comme un mémorable exemple du danger de remuer les masses peu civilisées d'un pays.

     Le tableau de la première vallée offerte par la Bretagne aux yeux du voyageur, la peinture des hommes qui composaient le détachement des réquisitionnaires, la description du gars apparu sur le sommet de la Pélerine, donnent en raccourci une fidèle image de la province et de ses habitants. Une imagination exercée peut, d'après ces détails, concevoir le théâtre et les instruments de la guerre; là en étaient les éléments. Les haies si fleuries de ces belles vallées cachaient alors d'invisibles agresseurs. Chaque champ était alors une forteresse, chaque arbre méditait un piège, chaque vieux tronc de saule creux gardait un stratagème. Le lieu du combat était partout. Le fusil attendait au coin des routes les Bleus que de jeunes filles attiraient en riant sous le feu des canons, sans croire être perfides; elles allaient en pélerinage avec leurs pères et leurs frères demander des ruses et des absolutions à des vierges de bois vermoulu. La religion ou plutôt le fétichisme de ces créatures ignorantes désarmait le meurtre de ses remords. Aussi une fois cette lutte engagée, tout dans le pays devenait dangereux: le bruit comme le silence, la grâce comme la terreur, le foyer domestique comme le grand chemin. Il y avait de la conviction dans ces trahisons. C'était des Sauvages qui servaient Dieu et le roi, à la manière dont les Mohicans font la guerre. Mais pour rendre exacte et vraie en tout point la peinture de cette lutte, l'historien doit ajouter qu'au moment où la paix de Hoche fut signée, la contrée entière redevint et riante et amie. Les familles qui, la veille, se déchiraient encore, le lendemain soupèrent sans danger sous le même toit..."

     "...En 1827, un vieil homme accompagné de sa femme marchandait des bestiaux sur le marché de Fougères, et personne ne lui disait rien quoiqu'il eût tué plus de cent personnes, on ne lui rappelait même point son surnom de Marche-à-terre; la personne à qui l'on doit de précieux renseignements sur tous les personnages de cette scène, le vit emmenant une vache et allant de cet air simple, ingénu qui fait dire : - Voilà un bien brave homme!"

Alain GOUAILLIER, qui vous incite ainsi à lire ce roman historique...

     On peut aussi aller à la Médiathèque locale pour connaître l'Histoire d'Acigné. Dans l'ouvrage d'Alain RACINEUX "Histoire d'Acigné et ses environs" 1999, il est noté page 119 et suivantes :

"... C'est au printemps 1794, sous la Convention, que se déclencha ouvertement la Chouannerie en Ille-et-Vilaine. Il y eut une compagnie chouanne à St-Didier, une autre à St Jean-sur-Vilaine et une autre à Domagné....Il y eut peut-être quatre ou cinq particuliers à Acigné et six ou sept à Brécé... Les bandes de Chouans extérieures firent quelques incursions sur Acigné. Une victime ciblée fut Joseph Chalmel notaire public, membre du conseil du district et organisateur de la vente des biens du curé réfractaire.... En 1795 on nota "... dans un canton de 4 à 5 lieues carrées de pays, dix Chouans stables y répandent plus de terreur que deux cent hommes de troupes...."... En l'An V de la république un Chouan abattit l'arbre de la liberté à Acigné.... " en 1796 six individus de la garde territoriale de Servon furent saisis par une compagnie de Chouans habillés en Bleus. Quatre ont été égorgés par ces monstres sanguinaires..." "Dans la nuit du 13 au 14 octobre 1799, vingt Chouans s'emparèrent, à main armée, du poste militaire des Forges de Noyal. Les témoins les décrivirent comme habillés d'une petite veste courte, d'un chapeau rond avec ruban blanc et tous armés de carabines...

     " Le rôle de la garde nationale d'Acigné se monte à 242 hommes. On y trouverait à peine 18 défenseurs de la patrie" (rapport du 19 février 1799)

     Le premier assassinat a été commis par les Chouans à Villory, hameau de la Bouëxière proche d'Acigné. Le 12 avril 1796, une vingtaine de cultivateurs travaillant à "émotter du guéret" dans un champ s'étaient réunis sous un châtaignier vers 16 heures pour collationner. Ils furent abordés par trois hommes armés de fusils. Après les avoir salués, leur chef, nommé Joseph Fouillard, leur demanda s'ils n'avaient pas vu des Chouans et sur leur réponse négative, il les accusa d'être de leur parti. L'un des cultivateurs, nommé Michel Desbien, leur répondit qu'ils étaient si peu Chouans que six d'entre eux étaient même de la garde territoriale. "Puisque tu es de la garde", reprit Fouillard, "tu ne seras pas fâché qu'on te fusille!". A ces mots Desbien qui était assis par terre, voulut se lever. Fouillard recula quelques pas et lui tira un coup de fusil qui le tua net. Les autres cultivateurs, épouvantés, prirent la fuite avec précipitation... Les deux camarades de Fouillard poursuivirent ceux qui avaient fui par le chemin, tirèrent par-dessus la haie, atteignirent Jean Lhermenier et Michel Jadré, qui s'affaissèrent et qu'ils achevèrent à coups de sabre et de crosse de fusil.

     Joseph Fouillard laboureur et tisserand naquit à Acigné au village de Louvigné. A l'époque de la Révolution, il vivait chez sa mère, à Broons-sur-Vilaine....Il se trouvait travailler à Acigné dans une ferme lorsque quatre Chouans l'embauchèrent dans leurs rangs aux environs de Noël 1795. Il les suivit et combattit avec eux pendant six mois. Les Chouans de Vitré firent leur soumission le 30 juin 1796. Comme eux, Fouillard déposa ses armes. Il fut amnistié. Fouillard ne put se résoudre à rester tranquille après la pacification. IL avait pris goût aux embuscades et à la guérilla.Au début de 1797 il fut accusé d'avoir rançonné des particuliers, et soupçonné de deux meurtres à La Bouëxière et à Brécé. Il fut arrêté par une patrouille à Châteaubourg et conduit au corps de garde, d'où il s'enfuit.De nouveau arrêté le 1er mai 1797 par trois militaires de la garnison de Vitré. Quinze jours plus tard il s'évada de la prison de Rennes avec trois compagnons de cellule et coucha à la ferme de "Pont-Briand" en Cesson "dans le foin sans que personne le sut". Le 3 juillet une patrouille de quatre soldats fut envoyée à leur recherche sur la commune d'Acigné. En passant au village de Louvigné, ils découvrirent deux des évadés dans la boutique du maréchal-ferrant. Ils voulurent les arrêter. L'un d'eux s'échappa en les frappant à coups de bâton, l'autre fut pris après avoir résisté. Il s'agissait de Fouillard. Les soldats le lièrent avec une bretelle de fusil. Mais au bout de quelques pas Fouillard cassa la bretelle et s'enfuit en sautant une barrière....On n'entendit plus parler de lui jusqu'à la mi-novembre où le propriétaire de la ferme de sa mère fut assassiné... Puis le 4 décembre 1797, Louis Bierras, acignolais patriote anciennement réfugié à Servon du temps de la Chouannerie, fut invité à une fête campagnarde en après-midi au Chesnais car il savait jouer du violon. Bierras y trouva une soixantaine de personnes qu'il fit danser. Vers 16 heures Fouillard et un de ses amis entrèrent dans le cellier de Foucaut, fermier chez qui se déroulait la fête, et ils trinquèrent avec quelques-uns des invités. Vers 17 heures, un repas fut servi. On y convia les deux rebelles. Fouillard, pour remercier, "régala la compagnie de plusieurs chansons chouanniques". Après avoir bu, mangé et chanté il se rendit avec son associé dans la salle de bal. Reconnaissant alors Bierras, il se jeta sur lui, le maltraita, puis retourna sur ses pas chercher son fusil. Aucun des invités ne vint secourir le malheureux. Au contraire, on lui demanda de continuer à jouer du violon. Bierras s'approcha de la porte en jouant, puis se précipita dehors... Fouillard avait disparu....Les autorités décidèrent alors de payer des espions. Fouillard, avec trois complices, fut repéré au moulin de la Quinvraye sur la commune de Betton, dans la nuit du 8 au 9 janvier 1798. Au moment de cerner les étables de la ferme, trois des suspects sortirent par la porte de derrière de l'étable à vaches et s'enfuirent pieds nus dans la campagne.Ils furent poursuivis. L'un d'eux se rendit. Un autre plongea dans la rivière où il fut rattrapé. le troisième s'enfuit par le pont. Retournant à la ferme la troupe fouilla les greniers et y découvrit Fouillard, caché sous les planches. Un rapport raconta que Fouillard fit feu et que les volontaires l'abattirent.... Il avait 23 ans....

   ...  Le curé d'Acigné Paul Le Tranchant exerçait clandestinement son ministère. Il fut inscrit sur la liste des émigrés! ....Il ne put reprendre le culte public qu'à partir du 6 novembre 1796. Plus tard de nouvelles persécutions reprirent. Paul Le Tranchant fut arrêté sur dénonciation la nuit de Noël 1797. Il était camouflé à la ferme de la Timonière d'Acigné, chez Julien Veillard, commandant de la garde nationale d'Acigné! il fut emprisonné deux ans à la tour Le Bat à Rennes. On dit que son vicaire l'abbé Lévêque, passa lui aussi une partie de la Révolution caché à Acigné chez un menuisier...."

- "Béatrix" :

après l'ouvrage des "Chouans" dont le décor se situait entre Fougères et Alençon, Balzac - seulement âgé de 31 ans - vient à Guérande en juin 1830 accompagné de sa maîtresse Laure de Berny, mère de famille nombreuse de 53 ans.

     Partis de la région de Tours les deux amants parviennent en bateau à Saint-Nazaire puis s'installent à Guérande. Ils sont de suite impressionnés par la beauté de cette ville fortifiée : Balzac s'inspire des lieux pour écrire son nouveau roman "Béatrix" :

     "Après Guérande il n'est plus que Vitré au centre de la Bretagne et Avignon dans le midi, qui conservent au milieu de notre époque, leur intacte configuration du Moyen-Age". ... "La ville produit sur l'âme l'effet que produit un calmant sur le corps, elle est silencieuse autant que Venise...."

     Quant aux habitations : "... quelques-unes reposent sur des piliers de bois qui forment des galeries, sous lesquelles les passants circulent, et dont les planchers plient sans rompre. les maisons des marchands sont petites et basses, à façades couvertes en ardoises clouées." Au marché, Balzac est frappé par le cloisonnement des classes sociales et des métiers : "...paludiers, paysans marins se distinguent par leurs costumes et se tiennent à distance respectueuse de la bourgeoisie, de la noblesse et du clergé...."

     Guérande bien en Bretagne! ..." même après la Révolution de 1830, Guérande est encore une ville à part, essentiellement bretonne, catholique fervente, silencieuse et recueillie, où les idées nouvelles ont peu d'accès..."

     Les environs désolés de la ville : "le pays est mal desservi par de rares et mauvais chemins.... Balzac note l'événement du "passage de quelques malades allant prendre les bains de mer" et que : "...jetée au bout du continent la ville ne mène à rien et personne ne vient à elle...."

     Par contre : ..."A l'entour, le pays est ravissant, les haies sont pleines de fleurs, de chèvre-feuilles, de buis, de rosiers, de belles plantes. Vous diriez un jardin anglais dessiné par un grand artiste."

     Et que dire de l'enthousiasme de Balzac au Croisic : "... mon compas à la main, debout sur un rocher à cent toises au-dessus de l'océan, dont les lames se jouaient dans les brisants, j'arpentais mon avenir en le meublant d'ouvrages, comme un ingénieur qui sur un terrain vide, trace des forteresses et des palais...."

 

    

   

 

texte/photo  pour le groupe "Trivouez d'garçailles"

                 Chants traditionnels et Paroles de Bretonnes (et Bretons) ou d'ailleurs...

 Clic ci-après pour Télécharger gratis le carnet de chants du Moulinet : Une trentaine de chants En Dro, Hanter dro,Passe Pied,Pilé Menu,Ronds,Ridées,...  Si vous v'lë vous excercë à chanwtë aux nous,  pour la përcheingn'  vireille. Au piaizi !  L' Didië

Clic  également "Y'aura point d'pommes ct'anneu!" 

www.ar-redadeg.bzh 2222, nombre de kilomètres de la course qui se déroulera du 17 au 25 mai 2024 de la pointe du Raz vers Morlaix. Les bénéfices des donations servent à financer le développement des langues bretonnes : 9 projets sélectionnés dont un pour le Gallo : radio Plum Fm basée à Sérent 56, www.plumfm.net . Le "Moulinet" a participé pour 150 euros suite à la libre participation de la soirée contes de Territoire (s) avec Bruno Chemin en novembre 2023. L'année précédente un autre projet concernait le gallo avec CAC Sud 22 de Loudéac (partcipation 100 euros). 

Mardi 21 mai 2024 : KM 969 retenu pour le km du "Moulinet" d'Acigné - RDV début course 10H01 à Melesse direction Montreuil Le Gast. Voir plan, infos sur le site. 

 

 COOP BREIZH MUSIK : succès des écoutes en ligne (Deezer, Spotify ou You Tube Music).

En cinq ans, le label breton de Spézet (29) atteint 16 millions d'écoutes numériques. Le nombre de streams n'était que de 8 millions en 2019... Parmi les artistes locomotives : les "Ramoneurs de menhirs", "Soldat Louis", le pianiste Didier Squiban, mais aussi le Bagad Kemper et son album "Kas". Le label est accessible sur www.coop-breizh.fr, permettant des achats CD/DVD, livres, produits bretons ... Attention! septembre 2023, face à l'érosion du marché de la musique physique, le catalogue a été acheté par une structure indépendante. Coop Breizh restera distributeur d'un catalogue vieux de 40 années. Elle compte vingt salariés (3,5 M CA/an). 

     Un carnet de chants disponible dans son TéLéPHONE : des Morbihannais ont créé l'application "CANTO" qui recense des centaines de chants traditionnels et chansons populaires. Un moyen de sauver ce patrimoine chanté menacé de disparition.

 Le Gallo : racines parlées de la Haute-Bretagne, de Vitré/Fougères, St Malo, La Guerche, Bain, Redon, en s'en allant vers une bonne partie de la Loire-Atlantique, du Morbihan et des Côtes d'Armor.... L'aire géographique séparant cette langue romane - variété de la langue d'oïl - avec le breton, est située sur une ligne Plouha (22) à la Presqu'ile de Rhuys (56).

www.axl.cefan.ulaval.ca (L'Aménagement linguistique dans le Monde) Université LAVAL Québec /et infos septembre 2023 :

le Parlement européen étudie la possibilité d'intégrer le catalan, mais aussi le basque et le galicien parmi les langues officielles de l'Union.(le premier ministre espagnol a besoin des régionalistes catalans et basques pour se maintenir) Mais patatras! au Conseil européen les ministres allemand, croate, français et suédois ont réclamé une analyse sur les conséquences juridiques et financières d'une reconnaissance des trois langues d'un seul coup. Un prétexte pour la France jacobine qui ne voit jamais d'un bon oeil l'affirmation de langues régionales. OF 20/9/2023 Fabien Cazenave.

 1972, année marquante pour la Bretagne:  Alan STIVELL Olympia : le Grand Réveil culturel - création de "Britanny Ferries" (Alexis Gourvennec, SICA St Pol-de-Léon/CCI Morlaix); également révoltes sociales, "Guerre du lait", juste rémunération ou celle d'ouvrières du "Joint français" à Saint-Brieuc, avec la jonction d'artistes bretons dont Gilles Servat et sa "Blanche Hermine" www.gillesservat.net,"Glenmor",barde éveilleur des consciences, Tri Yann,Kerguiduff... rubrique "Danses traditionnelles", épisode 4 Histoire de la musique bretonne 1972 : début de www.sonerien-du.com 

 ALAN STIVELL et l'Olympia de Paris le 28 février 1972 : le concert qui changea l'histoire ; les Bretons cessèrent alors d'avoir honte de leur culture. Son père, Georges COCHEVELOU, fonctionnaire au ministère des finances dispose de temps libre pour pratiquer le piano, la flûte traversière et le hautbois. D'une famille émigrée de Gourin dans le Kreiz Breizh, il maintient ses racines avec diverses revues bretonnes. Son autre passion, la sculpture, lui donne envie de réaliser une harpe, passée de mode depuis la fin du Moyen Age. En avril 1953, il crée la "Telenn gentan" équipée de cordes en nylon. A 9 ans, Alan suit des cours de piano et de harpe et donne des récitals à la Maison de la Bretagne tout en apprenant le breton au centre scout Bleimor. Combattant sa timidité avec une quête identitaire à faire partager avec sa musique traditionnelle, il surmonte le dénigrement majoritaire ambiant, même de Bretons qui y voyait du passéisme, une culture de ploucs. Dans cette année 1966, Alan devient professionnel et se nomme Stivell. Il comprend avec les influences pluriculturelles de styles musicaux et des sonorités orientales des Beatles que la musique bretonne doit suivre le même chemin. La rencontre de Bénodet avec Daniel Le Bras (Dan Ar Bras) sera déterminante. Le guitariste amateur de Van Morrison ou Rory Gallagher amènera une modernité anglo-saxonne. 1970, Stivell sort son premier album "Reflets"; sa "Renaissance de la harpe celtique" en 1971 avance vers la fusion de celtique, de rock et de folk et le concert du théâtre du Vieux Colombier permet au directeur des programmes d'Europe 1 d'obtenir une retransmission en direct un lundi. Sept millions d'auditeurs vibrent pendant le concert des huit musiciens entourant le harpiste de 28 ans avec ses longs cheveux, sa chemise de lin et son énorme triskell porté en collier. Un choc psychologique s'opère alors, chanter en breton n'a plus rien de ringard. Un monde refoulé resurgit à grands pas... Au printemps-été 1972 une nouvelle génération de danseurs investit les festoù-noz, plus populaires dorénavant que les bals. La bombarde remplace l'accordéon. Le vinyle "A l'Olympia" de mai 1972 s'écoule à plus de deux millions d'exemplaires et reste 50 semaines dans le top 50. Epousant les causes de l'écologie politique et le socialisme libertaire, les causes progressistes, Stivell, Servat et bien d'autres seront des combats de cette décennie avec la lutte pour la reconnaissance de la culture bretonne et celtique. "BRETONS, mars 2022.

     L'hymne breton "Bro Gozh ma zadoù", repris du gallois Hen Wlad fy nhadau "Vieille terre de mes ancêtres" par Gilles Servat et Aziliz Manrow, arrangements Frédérique Lory. Partenariat entre la Région Bretagne, Coop Breizh et le Comité Bro Gozh ma zadoù, cette version unifie les paroles avec une tonalité en si bémol de la cornemuse en Bretagne qui convient aux voix d'hommes comme aux voix de femmes et aux voix d'enfants. Un CD est disponible Coop Breizh. Il sera distribué en collèges, lycées, associations et structures sportives et culturelles ... Ecoutes possibles en streaming ou YouTube. O.F 26/11/2021 Olivier Melennec - Historique de l'air pages ci-dessous/

Fabien Lécuyer aura traduit en langue gallèse les paroles de Taldir Jaffren (n)ou :

"Nous-aotrs Bertons de qheur, emons notr payiz
Gn'a point d'aotr qé j'eme sitant paraille come li
O Bertaigne, j'eme sitant mon païz
O la mé paraille come une murâille antour d'yelle/lè
Qé ma Bertaigne s'ra dehahudéy.
Bertaigne, payiz és vieûs saints, payiz de pouétous
Gn'a point d'aotr qé j'eme sitant come li anllou
Châq montaigne, châq val et percieûz a mon qheur
Dedens, sont ensuérae hardi de nos peres
Les Bertons sont dou monde vra dusses e qheurus
I n-n'a point d'aotr de méme a sitant païssae d'ssus
Chants de haote voué ou de jouë naqhissent en yeûz
O, de tai mon paIz je së lorieuz
Si d'aotr-faï, mon paIz, tu fûs refaet és  ys
Tes langaïjes sont core vioches anet come jâméy
Ton qheur ébrezillë ét terjou portae pour yelles
Veunla t'i és erchoméy ma Bertaigne". 

Coop Breizh Musik : pour ce label www.coop-breizh.fr de Spézet (Finistère) depuis 1957, les ventes digitales ont dépassé les ventes physiques en 2020 avec 15 millions de streams monétisés. 80% des écoutes se font en France - dont 75% en Bretagne historique - et 20% à l'étranger (surtout Denez Prigent):

Les Ramoneurs de Menhirs www.ramoneursdemenhirs.bzh , Fleuves www.lusinerie.com , Soldat Louis, Denez Prigent, Red Cardell, Didier Squiban, Hamon Martin Quintet

et les CD : Fleuves#2, Bagad Kemper/Red Cardell, Denez Prigent "Mil Hent", Roland Becker "Musique bretonne aux confins du XVIIIè s, Hamon Martin Quintet "Clameurs", Hiks "Bezan en e vutun" ,Talec Noguet Quartet "Dindan Dilhad Didan"O.F. 1/3/2021, Emilie Chaussepied

   Denez Prigent "je suis né à Santec, dans le Finistère Nord où les paysages sont très toniques. La musicalité de la langue bretonne qui était parlée par la quasi-totalité de la population, m'a séduit.En 1992 ma carrière a pris son véritable essor lors des Transmusicales de Rennes. J'ai débuté en interprétant a capella la Gwerz, récit chanté qui est à l'origine même de la musique bretonne puisque la plus ancienne remonte au Vè siècle. Les bardes chantaient ainsi les événements souvent tragiques qui touchaient de larges communautés mais également les faits et gestes des seigneurs de l'époque. L'un de ces chants bretons qui a été traduit au XIIè siècle par un trouvère français, a même donné naissance au mythe littéraire médiéval de Tristan et Yseut. La poétesse Marie de France mais aussi la romancière George Sand se sont intéressées à la Gwerz.Afin que la forme soit en écho avec le monde d'aujourd'hui, j'ai adopté des instruments de musique actuels afin d'accompagner ces chants. Beaucoup de Bretons sont des voyageurs et ils ont été happés par ce goût du lointain grâce à la mer qui nous environne tel le début du monde ou tête du monde, en breton penn ar bed."

Christian Gouérou "Finistère, Penn ar Bed", 188 pages Ed. Ouest-France. Finistère nord, Finistère sud "Cet antagonisme remonte à la Révolution française. Quand la Constituante crée le département du Finistère en 1790, elle réunit les deux évêchés de Léon et de Cornouaille. Le Léon passe pour travailleur et plutôt riche. La Cornouaille est longtemps restée pauvre. Le Léon est une terre de prêtres attachée à l'ordre. Pour sa part la Cornouaille a une personnalité frondeuse, comme l'a montré la révolte des Bonnets rouges sous Louis XIV. Autre subdivision majeure, le Finistère maritime, l'Armor, est bien distinct du Finistère intérieur, l'Argoat. La terre façonne les hommes. Les Finistériens sont des presque îliens. L'esprit péninsulaire y est très marqué. Le Finistère dispose d'un très riche patrimoine. La langue en fait partie. Les noms de lieux racontent l'histoire d'une grande migration, celle des Celtes arrivés d'Outre-Manche au Vè et au VIè siècle en Armorique. Ces populations migrantes ont créé les plou, plo, loc, tre, lan. Plou (ou le Plo) signifie la paroisse primitive, Plou typique du Léon et le Plo marque la Cornouaille. En breton, Penn ar Bed peut se traduire par "bout du monde ou tête du monde". 


 Irish britons anglosaxonsLangues dites Celtiques : vers l'an 600, premiers documents. Début XVIIIè siècle, analyse d'une différenciation linguistique avec l'émergence du : Britonnique : breton, cornique et gallois,   Gaëlique : Ecosse, Ile de Man, Irlande

3/8/2023 : la région Bretagne accueille la communauté celte à Rennes : Ecosse, Irlande, Galice, Cornouailles, Pays de Galles, Asturies et Bretagne. Au programme : mobilité étudiante, Erasmus celte (Ecosse, Pays de Galles), nouvelles routes avec l'Irlande, éolien en mer, CULTURE et LANGUES RéGIONALES.

     Le bibliothécaire gallois du musée d'Oxford - Edward Lhuyd - vient en Bretagne en 1701 puis visitera plusieurs pays de la façade Atlantique. Il divisera les langues celtiques en "britonniques" venant du gaulois (rapprochement entre le "th" gallois ou cornique et "zh" breton ; nyth/neizh=nid) et "gaëliques" descendant du nord de l'Espagne. L'interceltisme est né! par Bernez Rouz  - Le "Cornique de Cornouailles" a disparu à la fin du XVIIIè siècle.. Après la période romaine de Jules César et sa deuxième invasion aboutie en "Bretagne" insulaire, le mur de l'Empereur romain Hadrien limite ,en 128 après J.C., une frontière avec les Celtes Pictes et leur chaîne Calédonienne.

     A partir du Vème siècle, les raids des (pirates) Scots irlandais aboutiront à une implantation durable (comme celle des Vikings en Normandie ou des Bretons en Armorique) pour créer une "Scotland" (Ecosse), amenant un parler gaëlique.Cependant, comme la Bretagne, l'Ecosse se divise en deux aires linguistiques avec des traditions orales différentes : le répertoire en gaëlique au nord-ouest et celui des Scots dans le reste du territoire.

  www.visitscotland.com  www.ireland.com  (+ eire.land.free.fr) www.wales.com  www.visitcornwall.com  www.turismo.gal (Galice) 

et bonus chantants : www.turismoasturias.es      www.tourisme.euskadi.eus 

www.visit-corsica.com        www.sardegnaturismo.it        www.provenceweb.fr 

  www.pyrenees-bearnaises.com  

www.guide-bearn-pyrenees.com (Fête des Bergers Aramits Septembre)  www.catalunyaexperience.fr 

        www.bretagne-celtic.com     www.terresceltes.net            www.brittany-ferries.fr 

FESTIVAL INTERCELTIQUE de LORIENT : L'actuel directeur de LENN PRODUCTIONS (Bagad Lann-Bihoué, Cécile Corbel, Gwennyn, Loreena Mckennitt, Nuit des Etoiles Celtiques, The Chieftains, ...), et également à l'oeuvre du "Cornouaille" de Quimper de 2001 à 2013, JEAN-PHILIPPE MAURAS prendra la succession en octobre du directeur général, Lisardo LOMBARDIA, en poste depuis 2007.  52è Festival de Lorient dans le tempo Irlandais 4 au 13 août 2023 - (dernière année de l'Irlande en 2014!) avec le directeur artistique Jean-Philippe Mauras 300 groupes et formations;. Le FIL est le plus important événement urbain de ce genre dans le monde, festival intergénérationnel éminemment populaire.

www.festival-interceltique.bzh Prochain Festival du 12 au 18 août 2024, écourté en raison des J.O. avec des groupes émergents des pays celtes Noon, Fleuves, Rura, Imar, Project Smok, Ryan Young, Calum Stewart, .... et Matmatah, Soldat Louis, Cécile Corbel, The Bothy Band, ...

Sommet Celtique les 9 et 10 mars 2023 à Lorient : le président du conseil régional Loïg Chesnais-Girard a annoncé ce "sommet celte" avec des représentants venus d'Ecosse, d'Irlande et du Pays de Galles. Loin d'une vision folklorique, les coopérations concrètes possibles ne manquent pas : pêche, transport maritime, énergies renouvelables, recherche et enseignement supérieur, tourisme, logement et bien évidemment langues et culture.

 

                               Bilan 2023 des FESTIVALS de Bretagne :

FIL Lorient : 950.000 visiteurs/spectacteurs ,Les Vieilles Charrues Carhaix 5 J,  273 000; Hellfest Clisson 4J, 240 000; Chants de Marins Paimpol 3 J, 100 000; La Nuit de l'Erdre 4 J, 80 000, Le Bout du Monde Crozon et Roi Arthur Bréal/Montfort 3 J, 60 000; Fête du Bruit Landerneau et Saint-Nolff et Motocultor Carhaix 53/54 000; Les Escales saint-Nazaire 3 J, 47 000; Art Rock Saint-Brieuc et Bobital 3 J, 45 000; No Logo Saint-Père 4 J, 42 000; Les Galettes du Monde Ste Anne d'Auray 2 J, 20 000; La Route du Rock Saint-Malo 4J et Astropolis Brest 5 J, 18 et 17 000;   

     Compléter votre Agenda Fêtes et Festivals en Bretagne historique avec www.gouelioubreizh.bzh (40 lieux à visiter)


 Top 10 des prénoms bretons : Armel , VIè s Gallois qui guérit hommes et animaux; Brendan , 484 Irlande, grand voyageur, moine St Malo; Corentin, tempête, ami; Efflam , 448 Irlande, (et sa belle Enora), Morlaix; Erwan ,Xè s. Léon (de Eudon, Ezwen, Even, Yves, Iwan, Youen, Yeun..) Erwan/Yves patron de la Bretagne 19 mai; Gwenaël, prince (Maël) heureux, pur/blanc (Gwen"); Maël , prince, fils de Conan Mériadec(?), neveu de St Patrick, IVè s.; Morgan , né (e) de la mer (mor), magicienne Arthur/Merlin; Nolwenn, princesse/ermite venue en Bretagne après un chagrin d'amour, Noyal/Pontivy; Ronan , Irlande , venu dans le Léon puis Locronan/Roi Gradlon/calme les chiens...

     Quant aux "7 Saints" de Bretagne choisis parmi 7 500 noms possibles! : Aurélien (St Pol de Léon), Corentin (Quimper), Brioc (Saint-Brieuc), Malo à Saint-Malo, Patern (Vannes) qui valorise son Saint-Emilion avec la statue des remparts, Samson (Dol-de-Bretagne), Tudual (Tréguier); ajoutons quand même Melaine à Rennes (originaire de Brain) et Félix à Nantes. La plupart d'entr'eux sont venus aux V et VIè siècles de Cornouailles, du Pays-de-Galles ou d'Irlande.

     Top 2021 : Jade pour les filles, Léo pour les garçons. Changer de prénom?Depuis la loi de 1993, les parents disposent d'une grande liberté de choix. Environ 13 000 prénoms sont attribués chaque année. C'était 2 000 en 1945. Une actuelle diversité due à la mondialisation et à l'affirmation des identités régionales et des classes populaires. On privilégie maintenant les prénoms courts par une culture de l'immédiateté. Depuis 2017, on peut changer de prénom en déposant une demande gratuite  en mairie. Elle doit être motivée par une "raison légitime", et acceptée dans 90% des cas.

     TOP PRéNOMS 2022 à Rennes : Ambre pour les filles (du grec ambrosios, immortelle), Gabriel pour les garçons (un ange!) - pour les filles Top 2 : Alba du latin "lux", lumière blanche; prénom choisi pour la fille de Kenji Girac; en régional, Arthur et Malo; Anna (pour Anne?) - tendances 2023 : Maël ...


"Nolwenn FALIGOT"  styliste de Plougastel/Daoulas, demeurant à Rennes www.nolwennfaligot.fr 

        La Bretagne et sa culture, elle connaît bien : "Depuis toute petite, j'ai fait partie du Cercle (Celtique) de Plougastel. C'est sûrement le costume de Plougastel, très coloré, qui m'a donné envie de faire de la mode. On le voit aussi au Festival de Cornouaille toute cette richesse de tissus, de coupes, de couleurs, de textiles... Je viens d'une famille où la culture est très importante, je l'ai découverte très tôt. La danse, la musique, le costume, c'était mon environnement naturel et cela m'a sûrement permis de développer une appétence pour la culture bretonne." En cette fin d'année, certaines de ses créations sont entrées dans la collection Hiver d''Armor Lux  www.armorlux.com inspirée des "gens de mer" en apportant son univers créatif (caban, marinière, kabig). Une certaine élégance décontractée évoque les années 1930, une balade au bord de mer à Saint-Malo, La Baule, Quiberon ou Camaret sous un ciel d'automne ou bien une escapade hivernale sur les côtes rocheuses de granit rose.

       Elle vit depuis peu à Rennes. Elle est revenue s'y installer après 7 ans en Grande-Bretagne pour ses études de styliste et 3 ans à Bratislava, en Slovaquie, où elle travaillait pour une marque de prêt à porter de luxe. Après 10 ans à l'étranger, l'envie de retrouver la Bretagne était devenue trop forte. De toute façon la Bretagne était toujours au coeur de ses collections, ce qui, en Grande-Bretagne, pouvait amener une touche d'exotisme.

       Quand on évoque Pascal Jaouen, www.pascaljaouen.com Ecole de Broderie d'art à Quimper, elle sourit : "on parle de Pascal Jaouen, mais pas de beaucoup d'autres. Il y a très peu de marques et de créateurs de mode en Bretagne ou de créateurs inspirés par la Bretagne. Alors que c'est une source inépuisable, par sa diversité,tout un patrimoine vestimentaire qui n'est pas assez exploité."  (Lettre Kendeskin décembre 2020)

     Un autre créateur breton est basé à Cesson-Sévigné, rue de la Rigourdière : avec la marque "STERED" dirigée par Ronan de DIEULEVEULT, il aura suffi d'une rencontre en 2019 en Toscane entre Fred RENAUDIN, le multi-instrumentiste amoureux de la Bretagne, et "STING". Pour le titre "September" entre STING et la star italienne ZUCCHERO, l'ancien chanteur de "POLICE" demande à Fred d'obtenir des T-shirts qu'il porte. C'est ainsi que STING s'affiche désormais avec du "STERED" dont l'"Aventurier des mers". Depuis 3 ans , des ambassadeurs renommés comme Alan STIVELL ou Loïc PEYRON sont en "STERED" www.stered.eu 


        O.F. 04/12/2020 : Paul Molac, Député du Morbihan et ancien président du conseil culturel de Bretagne : "Un menhir dans la mare du jacobinisme"  ; Valéry Giscard d'Estaing jette un menhir dans le jardin des jacobins purs et durs le 8 février 1977, acclamé par plus de 20 000 personnes devant la mairie de Ploërmel : il annonce la création d'une charte culturelle bretonne. "VGE : Les traditions et les cultures de la Bretagne ne sont pas seulement du folklore, elles sont des manières de vivre quelque chose de différent dans un monde qui se banalise et dont l'âme se vide; il n'y a aucune contradiction entre la volonté de vivre la culture bretonne et la conscience d'être pleinement français". Ce jour-là, non seulement la République reconnait la diversité des langues et des cultures sur son territoire, mais c'est le garant de son indivisibilité  et de son unité qui l'affirme. La création de la charte sera actée en octobre 1977, et des subventions seront débloquées pour créer, notamment, le conseil culturel de Bretagne, puis l'institut culturel en 1981. En 1982, François Mitterrand franchira une étape supplémentaire dans cette reconnaissance, avec la loi de décentralisation et la circulaire Savary autorisant la création de sections bilingues dans l'enseignement public. Peu de présidents de la république en ont posé d'autres sur ce sujet précis, toujours clivant. Benoit Guérin  Ajoutons quand même : 1972 : Georges Pompidou "il n'y a pas de place pour les langues et les cultures régionales dans une France appelée à marquer l'Europe de son sceau"; 1992 : François Mitterrand fit signer l'article II de la Constitution, faisant du seul français la langue de la République; en 1996, à Kemper, Jacques Chirac promet la ratification de la charte européenne des langues régionales, puis se désistera en s'appuyant sur l'article II;

     19/07/2017 : toujours à Kemper, avant son élection, Emmanuel Macron promet également de ratifier la charte! ....

     Devenu Président, il aura expliqué aux enfants d'une école que ,sans l'Edit de Villers-Cotterêts, nous parlerions tous "patois" et nous ne nous comprendrions pas... - Que fait-il de l'apport d'une autre langue dès le plus jeune âge. L'éveil scolaire et les résultats au bac sont d'autant plus probant pour les bilingues.-

Revenons dans ce château de Villers-Cotterêts du Valois , près de Paris, récemment restauré en 1535, et qui accueillera de nombreuses chasses et fêtes ou les venues de Rabelais et Clément Marot. François Ier y signera en août 1539 pas moins de 192 articles pour la justice et la police. Il s'agissait d'une ORDONNANCE de portée générale et pas d'un EDIT royal, lequel était destiné à un seul sujet pour un groupe de personnes ou une seule province! Avec ces ordonnances, les curés devront tenir des registres de baptêmes et décès (articles 50 à 54).

 Les actes officiels ou notariés (articles 110 et 111) ne s'écriront plus en LATIN mais se feront en "LANGUE MATERNELLE FRANçOIS", et pas autrement. Certains ont estimé que cela s'appliquait à TOUTES LES LANGUES MATERNELLES DU ROYAUME! 

Ajoutons la naissance d'Alexandre DUMAS (Père), auteur des "Trois Mousquetaires", en 1802 à Villers-Cotterêts.  

     VILLERS-COTTERêTS 1539 : François 1er voulait que les peuples de son Royaume, parlant différents dialectes avec leurs propres idiomes, puissent avoir accès - par leurs élites sachant lire et écrire - aux textes ayant trait à la justice et à la police en ouvrant ainsi à la société civile un accès d'informations libéré du latin.

     O.F. 26/2/2021 : Le député costarmoricain LREM, Yannick Kerlogot, défend le breton et le ministre : "en allant à la rencontre de la forte mobilisation à Brest pour la défense de Diwan,ce 20 février, il pense aussi aux 24 postes sur 30 créés par le rectorat en septembre dernier, attribués à la langue régionale pour les trois filières d'enseignement, et la présence de la langue régionale au bac pour la rentrée prochaine grâce au CNED (centre national d'enseignement à distance). Le projet "GIRONDIN" du Président Macron présenté lors de son discours de juin 2018, à Quimper : il arrive avec le projet de loi "4D"(Décentralisation, Différenciation, Déconcentration et Décomplexification) . Le problème avec Diwan résulte d'une déclinaison administrative qui se traduit par une perte d'heures pour l'école en langue bretonne. Ce n'est pas "entendable". Je pense que nous devrions créer un service public régional des langues régionales, avec un budget dédié auquel les collectivités pourraient participer. Les langues régionales sont une richesse. Il faut que ces trois heures d'enseignement de breton par classe dans le secondaire soient inscrites dans le marbre." Christian Gouerou

 Yelle : ma chanson "Karaté" est proche du kan-ha-diskan. C'est volontaire! Il y a une phrase répétée comme un mantra : "Ton kimono est un pyjama, ton kimono est un pyjama..." Dans la sonorité, c'est un peu à la croisée des chemins entre la house et la musique bretonne, qui joue beaucoup de ces répétitions lancinantes. Finalement, entre les soeurs Goadec et Daft Punk, il n'y a qu'un pas!.. Aux Etats-Unis, la vie est assez solitaire,  superficielle, centrée sur l'obsession de la réussite. On est bien ici dans notre maison, sur la côte briochine! Régis Delanoë

     O.F. 31/10/2020 : Un journaliste qui "vibre" toujours pour la Bretagne" : ... On n'a pas le droit de laisser mourir une langue, même si celle-là est moins parlée qu'avant, il faut l'entretenir. Les écoles Diwan ont fait un très bon travail. Et puis on s'aperçoit que quand on commence à apprendre deux langues dès l'enfance, on a une gymnastique intellectuelle qui permet d'en apprendre trois ou quatre autres par la suite. A la création de TV Breizh l'objectif était de véhiculer les valeurs bretonnes : ténacité, esprit d'aventure, une forme de poésie qui n'existe pas seulement chez les poètes. Et le fait que c'est rude, que la vie n'est pas facile sur le bord de mer ou à l'intérieur, oblige à se battre. Le Breton est têtu, frondeur, fêtard. La fronde ce n'est pas un cliché. J'ai relu toute une histoire de la Bretagne, qui montre que les Bretons sont un peuple en rébellion. On pense aux Bonnets rouges, bien sûr, mais il y a plein d'autres épisodes. Cet esprit permet d'avoir une distance par rapport au pouvoir central et du recul vis-à-vis des choses. Les Bretons ne sont pas un peuple de béni-oui-oui... Sur l'info, on est dans l'immédiateté. Dès qu'on sait quelque chose, on le dit tout de suite et ça se répercute par capillarité sur les réseaux sociaux. On ne prend pas suffisamment le temps ni de la réflexion ni même de la vérification, et ça c'est vraiment problématique. Ca fait des dégâts : il y a un vrai goût pour le complotisme, les gens adorent penser que les choses ne se sont pas passées comme on nous le dit. C'est impossible à combattre. .. Chaque individu se considère aussi important que l'autre. Ma voix vaut celle de Macron. Sur les réseaux sociaux vous avancez masqué. Que les gens se réfugient derrière l'anonymat, ça ne me plaît pas. Comme disait Umberto Eco : avant au bistrot, les cons parlaient à des cons. Aujourd'hui (avec les réseaux sociaux!) les cons parlent à tout le monde... Thierry Richard

     O.F. 19/02/2020 : "Ils demandent aux candidats de s'engager pour le gallo" Raphaël Gouablin et Jean-Luc Ramel, co-présidents de l'Institut du galo, créé en 2017, ainsi que Nicolas Beurrier, co-président de l'association Qerouézée, viennent d'adresser une lettre ouverte aux candidats aux élections municipales pour les inviter à s'engager en faveur de la langue gallèse.    - "5,1% de la population de la Bretagne parlent le gallo, soit environ 195 000 locuteurs"-  soulignent les deux organisations qui appellent notamment à "participer à la pérennité de la langue en lui donnant une place dans la vie de la cité. Prendre en compte le gallo, c'est reconnaître un des éléments constitutifs de l'identité de la commune, consolider la cohérence entre les générations, ainsi qu'entre les anciens et les nouveaux habitants". Ils suggèrent aux candidats de s'engager à signer une charte du "Galo, dam Yan, dam Vèr" (du Gallo, oui bien sûr!) dont 29 communes sont signataires. http://institutdugalo.bzh/fr/linstitut/

     

O.F. 14/02/2020 : "Langues régionales : un débat parfois vif.

     L'Assemblée nationale a examiné la proposition de loi de Paul Molac, député du Morbihan (groupe Libertés et territoires), sur la protection patrimoniale des langues régionales. Une quinzaine de députés ont assisté au débat, dont les élus bretons Marc Le Fur (LR), Thierry Benoit (UDI), Gilles Lurton (LR), Yannick Kerlogot (LREM), et Erwan Balanant (Modem), ainsi que le ministre de l'Education nationale, Jean-Marie Blanquer. Emu, Paul Molac a d'abord évoqué un certain passif historique en défendant son texte. "on ne peut pas dire que, dans notre Histoire, les relations entre les langues régionales et l'Etat ont toujours été fluides, surtout à partir de la Révolution", a-t-il estimé en rappelant les propos très hostiles aux "patois" de révolutionnaires comme Barère ou l'abbé Grégoire. Il a aussi remarqué que, depuis la loi Deixonne de 1951 sur l'enseignement des langues et dialectes locaux, seules deux propositions de loi sur ces sujets ont été examinées à l'Assemblée nationale : l'une en 2015, l'autre en 2016. Jean-Michel Blanquer a répliqué vivement. Il lui a reproché sa "critique de la République et de la Révolution française... un combat d'arrière-garde", en affirmant : nous n'avons aucun problème avec les langues et cultures régionales. La loi telle qu'elle existe aujourd'hui nous donne tous les leviers nécessaires pour développer leur enseignement.".        380 000 élèves étudient actuellement les langues régionales en France. Olivier Melennec

 1792 : l'"Almanach du Père Gérard", destiné à diffuser les "maximes d'éducation révolutionnaire au peuple", fut édité en 35 langues dont le breton...De nos jours combien reste-t-il de "ces 35 langues de nos territoires" enseignées en France? Dans la majorité, on n'aura su garder que des "accents" sur du français d'école.

    18/12/2018  Sortie du CD de Dans'Meize  

    O.F. 16/05/19 : Denez Prigent : "L'Europe a été faite à l'envers par des technocrates qui ont mis la charrue avant les boeufs. Ils ont commencé par calibrer les tomates, alors qu'on aurait dû d'abord faire un grand feu de joie" lance le chanteur breton de 53 ans, avec cet accent léonard taillé dans le granit. "On ne peut pas parler de biodiversité si on ne parle pas de diversité des langues et des cultures. Le monde est une prairie avec mille espèces de fleurs différentes, chacune avec sa forme, son parfum, sa couleur. La Bretagne est une de ces fleurs. La Bretagne, sa culture et sa langue "fantôme". Denez Prigent s'indigne que la France, pays des droits de l'homme, persiste dans son refus de ratifier la charte européenne des langues minoritaires."Je suis un humaniste, pour le droit à la différence. Je suis enraciné dans ma terre comme un chêne, mais mes branches sont à l'écoute de tous les vents du monde."Sur ses disques et dans ses concerts : duduk arménien, qanoun turc, bouzouki grec, cajon andalou, ..."et c'est nous, les Bretons, qui serions renfermés sur nous-mêmes?" lance celui qui fut l'un des premiers à marier le chant breton et la musique techno dans les années 1990. "La diversité culturelle est la grande valeur européenne". Denez Prigent appelle à l'avènement d'une "Europe des peuples" qui réunirait, autour d'un grand feu bariolé, Bretons, Bavarois, Basques, Occitans...; le projet européen est comme un grand vitrail, dont chaque pièce est une culture. Quand le soleil passe, on ne voit plus les parties, mais l'ensemble qui illumine la pièce." Thierry RICHARD

     O.F. 4/8/18 : Yann Tiersen : à la question : "La reconnaissance des langues régionales est un sujet qui vous tient à coeur" :/:"La langue du bout de terre où l'on vit est très importante. Ce que fait l'état français par rapport à ça, c'est de l'ignorance, de la bêtise, du massacre. C'est la honte : la France est l'un des seuls pays au monde qui ne voit pas la richesse qu'il a entre les mains. Le reste du monde va complètement dans l'autre sens : les pays reconnaissent la richesse qu'il y a dans les langues. C'est comme s'il y avait un oiseau rare et que tout le monde tirait dessus sans raison." Charlotte Boniteau , de Ouessant (Eusa)

     O.F. 25/08/18 : Michel-Edouard Leclerc : "Notre monde ne mourra jamais. Tant qu'il y aura quelqu'un qui rêvera dans les Bretagnes... nous existerons" Cette citation est extraite des "Celtiques", le cinquième album de Corto Maltese, la BD d'Hugo Pratt. Comme lui, je parle toujours des Bretagnes. La Bretagne est diverse de ses peuplements, de ses langues, de ses cultures. Sauf à évoquer la géographie, parler de la Bretagne me semble réducteur. Je n'ai jamais autant aimé la Bretagne que dans sa diversité....Je me sens comme un Breton du futur, à cette Bretagne ouverte sur l'extérieur. J'aime les Bretons qui s'exportent et qui rapportent des idées nouvelles. J'aime aussi la Bretagne traditionnelle mais je ne voudrais pas m'y confiner. Je ne veux pas que cette Bretagne se replie sur son passé au détriment du partage et de la créativité. Elle est, avant tout, terre d'innovations."

     O.F. 4/7/18 : "La langue gallèse prend sa place à l'école de Langouët, commune de 600 habitants située dans le "Val d'Ille-Aubigné" au nord de Rennes. Chaque semaine, quinze minutes de chants en gallo sont enseignées aux élèves de CE2, CM1 et CM2 avec Fabien Lécuyer, association Classiers. Les enfants sont ravis. Dans le projet d'école, le directeur a également inscrit l'apprentissage des danses traditionnelles pour les 74 élèves. Le maire, Daniel Cueff, également connu comme chantre de l'"écologie active", a signé une charte en présence du président de l'Institut du gallo et la conseillère régionale, déléguée à la langue gallèse, Kaourintine Hulaud.

 En bas de page, découvrez le chant  "MONTERFIL LA GALLAISE"

     O.F. 29/07/17 : "Le chanteur de 72 ans Gilles SERVAT, né à Tarbes, Beaux-Arts d'Angers 1963, Ile de Groix 1969, "La Blanche Hermine "1972 : avec Alan Stivell, Dan Ar Bras et Tri Yann on le désigne comme pères refondateurs de la culture bretonne..." /"Je fais partie de la génération des années 1970. Cette décennie était très sombre pour la langue bretonne... Un soir ,en 1972, on devait jouer sur la presqu'île de Rhuys (Morbihan), sous chapiteau. Un arrêté préfectoral avait été déposé pour nous interdire de chanter en breton.Un paysan nous a offert son champ en solution de repli. Pendant la soirée, les gendarmes sont revenus pour relever les numéros des plaques de voitures. Mais on a persévéré. Et les gens voyaient qu'on chantait en breton et qu'on n'était pas punis. C'était les années post-1968, la langue s'est développée, la jeunesse commençait à s'y intéresser. Il y avait un fossé entre cette jeunesse bouillonnante qui commençait à redécouvrir la culture bretonne et une autre frange qu'on appelait les "Bretons d'avant", avec parfois une langue bretonne considérée d'extrême droite. Cette image a changé quand, avec Tri Yann par exemple, nous sommes devenus solidaires des ouvrières lors de la grève du Joint Français, en 1972. Nous les avons soutenues en chantant. Ca a contribué à ce que la langue bretonne ne relève plus de l'extrémisme... Je crois que le breton se prête beaucoup plus au rap que le français....Ce n'est rien d'autre que de la poésie en prose."

 Poésie en prose :  dans "Rapsodie foraine", Tristan Corbière définit le caractère breton "ar galon tener en eur blusken dèro" : un coeur tendre dans une écorce de chêne. 

-------------- HYMNE BRETON 1903 

     Le "Vieux Pays de mes pères" (BRO GOZH MA ZADOU) est devenu le chant national breton en 1903 à Lesneven, à l'initiative de l'Union Régionaliste de Bretagne : 

     "Nous bretons de coeur, nous aimons notre vrai pays!   L'Arvor est renommée à travers le monde.     Sans peur au coeur de la guerre, nos ancêtres si bons     Versèrent leur sang pour elle     Refrain : O Bretagne, mon pays, que j'aime mon pays     Tant que la mer sera un mur autour d'elle     Soit libre, mon pays!     Bretagne, terre des vieux Saints, terre des bardes,     Il n'est d'autre pays au monde que j'aime autant;     Chaque montagne, chaque vallée, est chère dans mon coeur.     En eux dorment plus d'un breton héroïque!     Les Bretons sont des gens durs et forts;     Aucun peuple sous les cieux n'est aussi ardent;     Complainte triste ou chant plaisant s'éclosent en eux.     O combien tu es belle, ma patrie!"

Non repris par Nolwenn LEROY   : "Si autrefois Bretagne tu as fléchi durant les guerres     Ta langue est restée vivante à jamais,     Son coeur ardent tressaille encore pour elle     Tu es réveillée maintenant ma Bretagne!

Nota : "L'Arvor" (zone maritime de la Bretagne) ou "Arfor" en gallois ;  "Au coeur de la guerre" (Marseillaise galloise?), "terre des bardes" (comme le barde "TALDIR"  - François JAFFRENOU  - qui traduisit ce chant gallois  en 1898); "chaque montagne, chaque vallée" (d'avant l'érosion du Massif Armoricain sans doute ou alors référence au Pays de Galles) ; "tu as fléchi durant les guerres" (St Aubin-du-Cormier 1488 ?); "TA langue est restée vivante" (et pas tes langues, dont le Gallo désigné alors patois, "sot-breton").

     L'Union Régionaliste Bretonne fut présidée à sa création en 1898, à Morlaix, par le républicain Anatole Le Braz. C'est toutefois une assemblée conservatrice , regroupant des bourgeois, des notables et des nobles, qui oeuvre pour la transmission des traditions menacées, des "costumes nationaux de Bretagne",... Les liens sont étroits avec le "Gorsedd" gallois. Déjà, le collecteur La Villemarqué ("Barzaz Breiz") y avait été nommé barde en 1838. Il en fut de même pour plusieurs membres de l'URB en 1899. Devenu "Taldir", François JAFFRENOU écrit : "Nous sommes Bretons, et nous voulons que nos compatriotes le soient comme nous qui nous occupons des destinées de la "race"(sens différent que de nos jours!), c'est un devoir de les instruire et de les guider..." Avant la Grande guerre de 1914/18, les grandes fêtes historiques et celtiques attirent les foules en Basse-Bretagne , comme à Saint-Brieuc en 1906. Les hymnes breton puis français y sont joués par la musique du 71è régiment d'infanterie... En 1920, le Maréchal Foch pourra l'entendre à Morlaix ainsi que nombre de présidents de la République avant la seconde guerre mondiale. Quant au barde Théodore Botrel, né à Dinan en 1868, il deviendra, avec l'écriture de plus de 900 chansons, le "chansonnier des armées".

      GWEN (N) ha DU ou Blanc e Neirr

     DRAPEAU BRETON blanc et noir : On aura dit : La Bretagne s'illustrait aux "Croisades" avec le "Kroaz-Du", la croix noire. Mais rien d'écrit! Alors que , quant à lui, un Capétien ! Pierre de Dreux, dit Mauclerc, apporta son quartier d'hermines....du blason familial. Bernez Roux : "le  gwen ha du" (blanc et noir) ressemble furieusement à celui des Etats-Unis. S'il s'en inspire, son histoire est bien plus enracinée dans le contexte du Moyen-Age. Le premier drapeau connu, Ar Groaz du (la Croix noire) viendrait des Croisades. C'est le pavillon que portaient les navires du duché de Bretagne. Les Ducs ont pris pour emblême le drapeau blanc moucheté d'hermines. C'est ce drapeau que les premiers régionalistes utilisent vers 1900. En 1925, Morvan Marchal crée le drapeau qui flotte partout en Bretagne. Il s'est inspiré des armoiries de Rennes, du drapeau des USA, mais aussi sans doute des armoiries  de la famille irlandaise Marshall. "

     Pour notre"Gwen ha du"contemporain qui s'illustre désormais aux quatre coins du monde, il faut attendre 1923/1925 : l'artiste-architecte Morvan MARCHAL , de Vitré, partisan de la gauche laïque anticléricale et franc-maçon, s'inspire des drapeaux américains et grecs pour emblème du Parti autonomiste breton (puis Parti national breton). Il aura créé en 1925 un "Comité international des minorités nationales" avec un appel aux Basques, Corses, Ecossais, Flamands et Gallois. Le drapeau les 9 Pays de Bretagne avec cinq bandes noires (Haute-Bretagne : Dol, Saint-Brieuc, Saint-Malo, Nantes et Rennes) et quatre blanches (Basse-Bretagne : Cornouaille, Léon, Trégor et Vannetais) et 11 mouchetures d'hermines, héritage du Duché de Bretagne à Nantes.Il sera présent en 1937 au pavillon de la Bretagne à l'Exposition universelle de Paris. Essentiellement utilisé par le Parti National Breton, il ne sera apparent grand public qu'avec le renouveau culturel "Revival" des années 1960/70.  Pour l'EMBLEME de la Bretagne, on a l'hermine en imagerie populaire bien que devenue rare dans l'ouest à cause de la transformation du bocage. Dans l'Ouest, l'hermine perd d'une manière incomplète sa fourrure brune avec alors du blanc et le bout de la queue en taches noires. La couture des peaux côte à côte avec la queue placée avec trois barrettes rendait l'impression d'une croix. Le GWENN et le DU  de la queue de l'hermine sont devenus un symbole, la légende de la duchesse Anne associant l'animal poursuivi qui fit face plutôt que de salir sa robe blanche et quelque peu noire. Il faut aussi convenir que le blason de "Mauclerc" y est pour autant et plus! Ajoutons aussi , depuis décembre 2016, le choix de l'Institut Culturel de Bretagne avec l'AJONC, fleur à 5 pétales, un par départements bretons. Même emblême que la voisine  de langue britonnique : la Cornouailles (Cap. Truro).

     Le "Hen Wlad Fy Nhadau" a été écrit par le Gallois Evan JAMES (1809 - 1878), poète et tisserand  de Pontypridd et l'air aurait été composé par son fils James JAMES (1833 - 1902) au cours d'une "promenade au bord de l'eau" en janvier 1856  "Glan Rhondda", les rives de la rivière.... Un cantique "Dieu et mon pays" reprendra l'air adapté en 1895 par le pasteur protestant de Quimper W.J. Jones L'hymne écrit par François JAFFRENOU sera publié dans un journal catholique de Morlaix en 1898. Il s'imposera au début du XXème siècle en Bretagne. L'air est également popularisé en cornique dans l'autre terre d'origine britonnique :  la Cornouailles britannique avec "Bro goth agan tasow". Il sera  enfin repris en langue Khasi au nord-est de l'Inde avec la traduction du missionnaire gallois John Roberts.           En Bretagne, nous aurons notre "Bro Gozh ma zadou"...

     DIWAN (le germe)

Et la LANGUE BRETONNE?  : merci à "DIWAN! O.F. lundi 15 mai 2017 : "la première école Diwan à 40 ans. Aujourd'hui elles font partie du paysage. Mais il y a 40 ans, lors de l'ouverture de la première classe bretonne Diwan (le germe), c'était l'aventure. A Ploudalmézeau, dans le Finistère nord, ils n'étaient que cinq petits élèves. Pas question à l'époque d'une aide financière publique. Heureusement les premiers parents d'élèves de Diwan y ont cru et se sont beaucoup investis. A l'époque tout était à construire, parfois même le mobilier des classes. Dans quelques jours, la première école Diwan fêtera donc cet anniversaire. Depuis, le réseau des écoles bretonnes a tracé son sillon. Il scolarise plus de 4 200 jeunes Bretons dans 47 écoles, six collèges et un lycée. Quant à l'école pionnière de Ploudalmézeau, elle accueille désormais une soixantaine d'élèves."  

Chiffres 2018 : 17.758 inscrits dans l'enseignement en breton. Soit 4.318 pour Diwan, 8.009 Div yezh, public, 5.431 Dihun, catholique. Pour Diwan, le 2nd degré compte 1.272 élèves, répartis dans 46 écoles, 6 collèges et un lycée. Le conseil régional de Bretagne confirme la création d'un second lycée à Vannes pour accueillir des élèves de Vannes et de Saint-Herblain (Loire-Atlantique).

     En 1831, l'historien Jules Michelet indique que "la limite de la langue bretonne est entre Loudéac et Pontivy, entre Chatelaudr(e)in et un village séparé par un ruisseau, de sorte que les biens de M. de Kergariou sont dans les deux langues..... A Roscoff, les paysans parlent dès trois ans le breton, le français et l'anglais.... Quelle est la limite de la langue du côté du Morbihan? Elven"

     "En 1914, on dénombrait 1,2 millions de locuteurs en langue bretonne. De nos jours, ils sont autour de 180.000, sur quatre millions de bretons. La langue bretonne est en danger...

      1792 : L'abbé Grégoire a combattu contre l'esclavage et pour les Droits de l'Homme; mais aussi pour l'unité linguistique de la République, réservant au seul français le nom de "langue de la liberté".  1794 : Barrère, du comité de Salut-Public : "le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton et le fanatisme parle basque!". 1972 : Georges Pompidou :"il n'y a pas de place pour les langues et les cultures régionales dans une France appelée à marquer l'Europe de son sceau" -  1992: François Mitterrand fit signer l'article II de la Constitution, faisant du seul français la langue de la République. 1996 : Lors d'un voyage à Kemper, Jacques Chirac promet la ratification de la charte européenne des langues minoritaires puis se désistera en s'appuyant sur l'article II. 19/04/2017: toujours à Kemper, Emmanuel Macron promet également de ratifier la charte....

Téléchargez 

Regardez/Ecoutez  « Rond de Guérande »

N'oublions pas :

  • le site de l'Institut Culturel de Bretagne (6.000 chants et 100.000 scans)
  • Web radio "Canal Breizh" : 100% musique bretonne; sur internet ou via application mobile Tamm-kreiz sur Google Play.

En Haute-Bretagne la bolée de cidre n'est jamais loin des chantous et chantouses! parfois aux grandes fêtes populaires la "Godinette" délie les langues gallèses et accentue le sourire lyrique et enchanteur :

Ingrédients :

  • 1 verre d''eau-de-vie de cidre (gnole),  1 litre de muscadet, 25 cl d'eau (pas plus), 250 g de sucre en poudre, 250 g de fraises, 250 g de cerises, 250 g de framboises, 1 ou 2 pommes, 1 ou 2 pêches ou poires .La veille, couper les fruits dans un saladier, les saupoudrer avec le sucre, verser l'eau-de-vie. Le lendemain, 3 ou 4 heures avant de servir : verser les fruits macérés dans une jarre, ajouter le muscadet, servir frais... 

        1980, à l'occasion du 5ème concours de musique gallèse de Monterfil, on remplace la SANGRIA !!! par : 5 litres de gros plant, 1 litre de calva, 1 kg sucre en poudre, 1,5 kg de fraises (fraîches/congelées), 0,2 l de crème de cassis.

Photos fest noz resto du coeur 2016

                                                 MONTERFIL LA GALLAISE

     

  "Foleyons dans ce beau chemin       Qui nous donne un bon coup de rein" (Bis)

  "Gallésie tu es bien jolie                   Tout comm' toi ma tout'belle amie" (Bis)

   

   "Foleyons dans ce beau chemin             Qui nous donne un bon coup de rein" (Bis)

   "Pays Gallo tu es bien joli                       Tout comm'toi mon tout bel ami" (Bis)

   "Foleyons dans ce beau chemin             Qui nous donne un bon coup de rein" (Bis)

   "Chaque année presqu'à la fin juin         Monterfil on s'y rend à jeun" (Bis)

   "Foleyons dans ce beau chemin             Qui nous donne un bon coup de rein" 'Bis)

   "Boire un coup avec une drôlette           Pas question j'veux une godinette (Bis)

   "Foleyons dans ce beau chemin             Qui nous donne un bon coup de rein" (Bis)

   "Sortons l'pain, le cit' et l'jambon           Rouchons Buvons et Dansons" (Bis)

   

Alain GOUAILLIER Octobre 2017

   

   


 

 

 
 Clic sur  "les danses du pays"  pour lire la feuille de chou de février 2023 , par Jean-Jacques Blain et Alain Gouaillier ( février 2023 )

 

Deux danses représentent Acigné (Regardez notre rubrique "Film Moulinet/Aéroplane")

  • L' "Aéroplane" danse de couple. Les mains droites se tiennent non pas dans le dos de la cavalière mais au-dessus de son épaule droite.On part du pied droit.
  • Le "Moulinet" à huit. Il s'agit d'une danse-jeu avec un temps consacré au "Moulinet". 

 


Consultez

  • sur  Bretagne Culture Diversité  les  TUTOS DANSES BRETONNES  (très bien réalisé!!!) - 14 danses présentées ; on comprend tout....

1979 : Lancement des animations bretonnes "loisirs" à Acigné. Mars 1980 : premier Fest-Noz" (voir bas page "Accueil")

 

Le réalisateur Pierrick Guinard propose « Muzik Breizh, un siècle de musique bretonne».  Pour cette série documentaire en 5 parties d'une trentaine de minutes, il fait appel à Michel Colleu, co-auteur de « Musique Bretonne» et à une quarantaine de personnes.

       KENLEUR : la confédération déploie tout un volet d'activités pour faire rayonner le patrimoine et la culture bretonne avec ses 10 salariés (ées), 200 groupes et 20 000 adhérents (tes). L'éducation artistique se fait aussi dans les écoles, collèges ou lycées, à travers les "Klas'Dans". Une cinquantaine de Klas'Dans' ont été proposées depuis trois ans, surtout dans le Morbihan. Elles commencent à s'étendre dans le Finistère et dans les Côtes d'Armor...Le souhait serait que tous les enfants en Bretagne aient au moins une fois au cours de leur cursus scolaire un cycle autour de la culture bretonne. O.F. 11/12/23 par Sibylle Laurent

O.F. 14/10/2019 : Le pas de deux de la danse bretonne" : les deux fédérations culturelles bretonnes "Kendalc'h" (Maintenir, 14 000 membres, créée en 1950) et "War'l Leur" (6 000 membres) ont confirmé à Pontivy leur volonté de n'en faire plus qu'une. Une décision historique depuis la scission de 1967. Ce rapprochement facilitera le travail de tous les organisateurs de festivals et de fêtes, avec dès 2020 la désignation d'un seul Cercle champion de Bretagne. Didier Gourin 

     "BRETONS" n° 167/2020 : "la naissance de KENLEUR" : jusqu'à présent, les cercles celtiques de Bretagne et d'Ille-de-France étaient réunis au sein de deux fédérations. Le 17 juin dernier, ces deux entités ont officiellement fusionné pour prendre le nom de "Kenleur", une contraction des deux noms signifiant aussi esprit de communauté, partage du sol. Rozenn Le Roy et Solenn Boënnec vont assurer la coprésidence de la nouvelle confédération. La naissance de celle-ci sera célébrée lors du week-end des fêtes d'Arvor à Vannes, reporté à la mi-septembre.

       KENLEUR, association/union d'associations de danse, costume, chant en Bretagne fondée le 27 juin 2020 par fusion de "Kendalc'h"(créé à Quimper en 1950) et "War'l Leur" (créée en 1965/67), exerçant une influence sur 7 fédérations (Bretagne, Divroët et Ile de France), 210 associations et membres individuels. Siège à Auray (56) Site web : www.kenleur.bzh  20 à 22 000 membres à sa création.

    28/5/2022 : "Le championnat de Bretagne de DANSE TRAD' en vue" La fédération Kenleur Morbihan aura organisé 27 concours qualificatifs avec tirage au sort des quatre danses qui seront exécutées par les finalistes du 3 septembre à Gourin. Pour cette 9ème édition, ils devront enchaîner un rond de sautron, une laridé pontivyen, une danse roon et une gavotte de Plougastel.

 

          1979 - 2019 : depuis 40 ans "La Bouèze", basée à la ferme des "Gallets" à Rennes, collecte et transmet un patrimoine oral de haute-Bretagne qui risquait de disparaître . En 2019, dans 34 communes du nord 35, quelques 400 élèves suivent les cours d'une vingtaine d'enseignants de violon, accordéon diatonique (bouèze), veuze (biniou), harpe, vielle, chant, conte... La "Bouèze" est née en 1979, sur les bords de la Rance, dans le Pays de Saint-Malo. Yves DEFRANCE, jeune enseignant de musique et futur professeur à l'Université de Rennes 2 (dont Diplôme Etudes Celtiques), collecte dans les campagnes des airs de "violoneux". "Beaucoup étaient nés avant 1900", raconte-il.

     Avec deux autres passionnés, il fonde une association pour éditer des livres et des disques. "Ce patrimoine était méconnu. Les Rennais jouaient de la musique du Finistère". L'année suivante, le chercheur en ethnomusicologie croise le chemin de Bernard HOMMERIE et Pierrick CORDONNIER, chanteur et accordéoniste. Eux organisaient des bals, cherchant à mettre en valeur les musiques du Pays de Fougères. "Les accordéons étaient laissés dans les armoires, les anciens ne jouaient plus... Nous étions fascinés par ce qui se passait en Basse-Bretagne" (au-delà d'une ligne Vannes/Saint-Brieuc). De leur rencontre naît "La Bouèze", nom à la sonorité joyeuse désignant "une cornemuse disparue après la Révolution", selon Yves DEFRANCE, avant de s'accoler à l'accordéon diatonique, qui a commencé à faire de l'ombre au violon à la fin du XIXème siècle.

     Dans les années 1970, le diatonique est passé de mode. "La Bouèze a joué un rôle important pour sa réhabilitation. On a proposé une autre façon de jouer qui n'était pas le musette. L'accordéon diatonique est redevenu très populaire. Les anciens se sont remis à jouer. Des femmes s'y sont mises aussi. On a encouragé des gens à en fabriquer. Il y a aujourd'hui plusieurs facteurs d'accordéons en Bretagne. Entre 1983 et 1988, des "Rigodailles" sont même organisées à Rennes, à la Maison de la Culture (TNB). C'est alors le renouveau de la culture rurale du Pays Gallo. Depuis, la "Bouèze" a collecté des milliers de morceaux, fait ressurgir toute une mémoire. Aujourd'hui, elle se consacre surtout à transmettre. "On travaille à l'oreille, au rythme. On peut être un très bon musicien sans connaitre le solfège..." O.F. 10/04/2109 Serge Poirot

         Voir également sur les DVD : "Apprenez les Danses Bretonnes Vol.1"ou l'indispensable : "Danses de Bretagne - JiBiDi 55 danses  2CD/1DVD , livret pédagogique" Confédération "Kendalc'h"  (distribution Coop Breizh), vente possible boutique "Encre de Bretagne rue St Melaine à Rennes - (voir le site), et www.kendalch.com 

   et encore : 7 DVD "Danses de toutes les Bretagnes" (Editions Kendalc'h), 3 DVD "Mes Premiers Pas" (Arzur productions), Yves Leblanc (10 volumes) ,ainsi que sur "YouTube" nombre de danses filmées ici et là par des amateurs....

 

Sites recommandés :

  Enfin, lire ci-dessous DVD des "50 danses de Fest-Noz en Bretagne" (tournage dans un fest-noz en 2015 puis montage pour présenter chacune des 50 danses avec le positionnement des mains, des pieds et les déplacements dans l'espace) 75 mn.

 Nouveautés :

  • Web Radio "www.Canalbreizh.bzh" : 100% musique bretonne internet ou via application mobile Tamm-kreiz  - également :plum'FM (le galo den le ptit-post)
  • L'excellent site doc BZH de "Bretagne Culture Diversité"  avec, entre autres, des sources pédagogiques fort utiles aux animateurs culturels, instituteurs, enseignants, ......
  • Participons chaque année à la "Fête de la Bretagne" aux alentours de la "St Yves/Erwan" vers le 19 mai. Appel à projets avec la Région Bretagne www.bretagne.bzh  Animations variées, aidées ou pas, associées au programme "Gouel Breizh" (272 en 2018, en Europe). A l'international, l'association BZH New-York/ Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. mais aussi le Japon, le Vietnam...

I - Diversité des danses de FEST-NOZ et de FEST-DEIZ, + Bal Breton/Folk

II - Enquête Fest-Noz en Bretagne Historique

   I - DIVERSITE DES DANSES BRETONNES.

     Selon certaines sources on répertorierait près de 700 danses traditionnelles en Bretagne historique réparties sur près de 50 terroirs. Pour découvrir une partie de cette grande diversité il faut préférer le fest-deiz au fest-noz (risque de répétition des mêmes danses par les groupes) et surtout participer en semaine aux cours d'initiations. On estime une fourchette entre 15.000 et 20.000 danseurs réguliers.

    En dehors des associations "loisirs" deux Fédérations gèrent les Cercles Celtiques : "Kendalc'h" et "War' l'Leur" (le top des présentations en costumes de nos danses et d'excellents lieux de créations).

www.kendalch.com info : Kendalc'h, née en 1950, regroupe en 2018 150 associations et 15 000 adhérents amateurs sur les cinq départements bretons auquel il convient d'ajouter l'Ille-de-France, le 6ème département. "Il y a un aspect patrimonial de reconstitution fidèle, au plus près des danses, des costumes d'époque, une démarche scientifique menée grâce au collectage. Et puis la création, une carte blanche donnée aux groupes, détaille le directeur Mathieu Lamour. Avec le droit à l'expérimentation : abandon du costume cette année par Moréac et Saint-Nicolas-du-Pélem..." et

www.warleur.org  Info : "War'l Leur" (sur l'aire à battre, à danser) fête ses 50 ans à Quimper fin avril 2017. 60 groupes de danses classés et 20 groupes loisirs, 10.000 adhérents. O.F. dimanche 30 avril : "la présidente fait référence à la présidentielle. Il y a des inquiétudes. Il faut qu'on puisse continuer à parler le breton et créer des rassemblements pour une région qui a une identité et une culture...Le spectacle était rythmé par les arrêts à des gares imaginaires. ... La bande-son était aussi variée que les costumes et les danses. Du traditionnel mais aussi des rythmes tropicaux d'une batucada, de l'électro aussi... Le train, c'est l'ouverture, le rassemblement, la mixité."

     Enfin, n'oublions pas les nombreux Bagadoù, leurs binious, bombardes et ensembles percussions. En février 1946, Dorig Le Voyer et Polig Montjarret fondèrent l'assemblée des sonneurs "Bodadeg ar sonerion". Depuis 2014, la Fédération s'appelle "Sonerion" et regroupe 10.000 adhérents issus de 130 groupes en Bretagne et hors de Bretagne. 50 enseignants épaulent une foule de sonneurs amateurs pour dispenser des cours à 4.000 élèves, sous le nom de "Skol vusic Sonerion". Aidée par les 5 départements bretons et la Région, la Fédération ne reçoit pas un "gweneg" de la Direction régionale des affaires culturelles!  site : "sonerion.bzh" et en 2016 fête du 70ème anniversaire. Site à découvrir : www.heritaj.bzh

En Haute-Bretagne avec "LA BOUEZE": cours, ateliers et stages (chants, contes, danses, musique) avec plus de 400 élèves répartis sur une trentaine de communes en Ille-et-Vilaine et Côtes-d'Armor. A Rennes, animations à la Ferme des Gallets, près de l'Université Rennes Beaulieu. Contact : 26, avenue Pierre Donzelot Rennes 02.23.20.59.14 - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Liste de danses pouvant être présentées en Fest-Noz, Fest-Deiz ou Bal Breton/Folk, parmi celles-ci en "gras" les danses plus fréquentes en "Pays de Rennes" :

  • An Dro, Aéroplane d'Acigné et Aéroplane de St Péran,Andouille (L'), Avocats (Les), Avant-Deux des Auvernés, AV2 de Bazouges-la-Pérouze, AV2 des Anciens,de Broualan, de la Chère, des Chiffonniers, AV2 du Coglais, d'Ercé-près-Liffré, du Guébriand, des Jeunes,AV2 de la Mézière,de Nazareth, AV2 du Petit Bonhomme (Léon), AV2 de Pléboulle,AV2 de Pléherel, AV2 de St Broladre,AV2 de St Cast, de St Herblon, de St Martin,  AV2 de Travers, AV2 du Trégor,de la Ville Grasland, de Vritz, AV4 de Paimpol
  • Baleu, Bal de Broons, Bal de Dinan,Bal d'Erquy, Bal des Hollandais,Bal de Langueux,Bal de Plessala,Bal de Perros, Bal Pontivien, Bal de Rhuys, Bal à 4 sauts,Bal du Lédevant,Bal Treger, Belle anguille (La), Berlingot,  Bigorneaux(les),Boulangère de Ploermël et de Rennes, Bottes (Les), Bourrée, Bourrée des Grandes Poteries,Branle de Noirmoutier, Branle du Rat, Bretonnes de Pornic,
  • Calibourdaine, Carillon (Le),  Cercle Circassien, Chanjtu,Chapelet (Le), Circassienne, Cochinchine, Contrerond de St Laurent/Oust,Contredanse de Pléssala,
  • Danse des Amoureux, Danse des Lapins,Danse des Lauriers Verts, Danse Léon, Danse Sizun, Danse Tréger, Dauvergne, Dérobée de Guingamp, Dérobée de Moncontour, de la St Mathurin, Dessus les ponts de Nantes,  Drao, Drôlette ,
  • Espagnolette de Pléherel,
  • Fileuses de Baud, Fisel suite, Forières, Fougère (La),
  • Galop Nantais, Gavottes du bas-Léon,Dardoub, d'Honneur, des Montagnes, des Notables (An Hini Vraz), Pourlette, de Plougastel, Spézet, Tinduff, Gars de Guilliers (les), de Giauton,  Guédennes de Langueux, G (J)ymnaska,
  • Hanter Dro, Hanter Dro Klamm, Horsay,
  • Jabadao de Locquénolé, du Trégor, Jibidi, 
  • Kas Abarth, Keff Dans et Bal, Kérouézée,Kost er C'hoad,
  • Laridé de Kervignac, de Lanrivoaré, de Pontivy, de St Jean-de-Brévelay, Lavandières (Les), Lucky Seventh,Mains aux genoux, 
  • Maraîchine, Mazurka, Mazurka de Clisson, Menuet de Sautron, Michao, Moulinet d'Acigné et Ercé-près-Liffré,Montfarine, Mr d'La Miranda,
  • Oie (La), 
  • Pachpi, Pascovia, Pas de Sept, Pas des Patineurs, Passe-Pied,,Pastourelle de Rennes, Périgourdine, Pilée Menue,Pilé de Quévert,de St Carné,de St Dolay, Pique dans la rèze, Plinn (suite),Plinn suite, Polka, Polka de Paimpol,Polka de Ploeuc,  Polka-chat, des Lapins,Poule de Châteaubriant,
  • Quadrille de Longchamp, 
  • Rassemblée (La), Ridée de Béganne, de Guillac, de Josselin,de Vannes, RiqueniéeRond et Bal Paludier, Rond balançé de Dol, Rond de Guérande, de Landéda, de Lizio, de Locmariaquer, de Loudéac (suite), de St Julien-de-Concelles, Pagan, de Sautronde St Vincent/Oust, Ronde de L'Avoine, Loudéac (échangée, piquée), de Mûr-de-Bretagne, de St Brandan, de Trégomeur, Rondeau, La Sabotée, Sacristain (Le), 
  • Scottish,
  • Tamm-kreiz, Tour, Tourbillon de Kerlouan, Tour su'l Dré, Tournez en Arrière, Tricot ,Trompeuse du Coglais, Trompeuse de Dinan, de Guémené, 
  • Valse, Valse Ecossaise à 2 ou en rond, Veuze, Violette, Virginia Reel, 
  • 3 Coups d'Talon.
  • (certaines de ces danses peuvent être regardées sur internet; vous pouvez aussi acheter des CD/livrets/DVD; l'idéal étant toutefois d'aller à des cours)

Nouveauté : l'indispensable pour les "découvreurs" et les "débutants": 

PC/DVD disponible : "50 Danses de Fest-Noz en Bretagne" tournage par Christine GAUTIER. 75 mn pour 50 danses présentées au Fest-Noz d'Acigné en septembre 2015 :

AV2 Travers, Keff, Passe-Pied, Cercle Circasssien, Kas Ha Barth, Kost'Er C'hoad, Rond/Bal Paludier, Maraîchine, Pas de Sept, Bourrée, Hanter Dro, Tour, Cochinchine, Pilée Menue, Ridée 6 temps, Rond St Vincent, An Dro, Laridé Lanrivoaré, Ridée de Béganne, Polka, AV2 St Broladre, Ridée Guillac, Rond Landéda, Mazurka, Horsay, Gavotte, Rond Sautron, Gavotte des Notables, Madison, Scottish, Trompeuse Dinan, Rondeau à 2, Bourrée Grandes Poteries, Branle Noirmoutier,Valse Ecossaise, Aéroplane Acigné, AV2 Bazouges Pléherel, Bal de Broons, de Rhuys, Les Bottes, Drôlette, Gavotte d'Honneur, Gymnaska, Kérouézée, Pachpi, Rond Guérande,

     II - ENQUETES "TAMM-KREIZ" :

O.F. 29 avril 2022 : Stéphan JULOU, coordinateur "Tamm-Kreiz", "Avant la CRISE COVID mars 2020, on comptait plus de 1 700 événements par an, puis seulement 252 en 2020 et 236 en 2021. Le chiffre d'affaires annuel généré est passé d'environ 5 millions d'euros à 700 000. www.tamm-kreiz.bzh 

A) Pour la période 2012/13

On recense 1307 fest-noz ou fest-diez sur les 5 départements bretons : 389 dans le Finistère, 382 dans le Morbihan, 290 dans les Côtes d'Armor, 159 en Ille-et-Vilaine et 87 en Loire-Atlantique. La moitié a été organisée par des associations culturelles bretonnes et 358 sont le fait d'une association réalisant l'animation pour la première fois.

     Le tarif est habituellement de 6 à 7 euros, parfois 3 euros pour les moins de 26 ans, étudiants, chômeurs, parfois "libre-participation", et la gratuité est présente principalement de début mai à fin août sur les régions côtières. On compte en général 200 à 300 entrées payantes. Il faut ajouter à ces chiffres la présence des bénévoles, invités et musiciens/chanteurs, sonorisateurs, ... soit 30 à 50 personnes de plus; et celle des enfants. Hors périodes estivales 13.800 personnes viennent danser chaque mois en moyenne et 20.800 en juillet/août.

     On recense 540 groupes musicaux dont 70% réalisent 3 dates dans l'année; 250 couples de sonneurs, 250 couples de chanteurs et 190 duos.

     Pour l'Ille-et-Vilaine sur les 159 dates de fest-noz ou fest-deiz :

  • 52 sont situés dans le Pays de Rennes ( dont 5 à Acigné) - Notons le Méga Fest-Noz de Rennes 3ème samedi de novembre avec 7.000 entrées! devenues en 2019 9.000 entrées! "YAOUANK.COM";Regroupement associatif : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 02.99.30.06.87 www.yaouank.bzh
  • 37 Pays de Redon,
  • 29 Pays de St Malo,
  • 20 Pays de Brocéliande,
  • 11 Pays de Vitré,
  • 10 Pays de Fougères.

B) Pour la période d'Octobre 2013 à septembre 2014 :

     1296 Fest-Noz/Fest-Deiz + 115 Concert/Fest-Noz et Fest-Noz/Bal Folk répartis dans 670 communes par 1.000 structures organisatrices.

     431 festoù-noz (35%) sont programmés dans le cadre d'un festival ou une fête locale. 83% des organisateurs ne réalisent qu'une date par saison; 351 festoù-noz sont le fait d'une première organisation, souvent à but caritatif ou humanitaire.

     On compte en général 150 à 250 entrées payantes par fest-noz (rajoutons 30 à 50 personnes en plus bénévoles/musiciens, ..). La meilleure moyenne se situe en Ille-et-Vilaine avec 270 entrées, département qui attire une moyenne d'âge plus jeune (dans le bassin rennais surtout) que le chiffre global de 45 ans.

     Sur les 1296 Fest-Noz + Fest-Deiz la répartition est la suivante (Gratuités surtout l'été en régions côtières) :

  • Morbihan 403 dont 173 gratuits -
  • Finistère 382 dont 158 gratuits -
  • Côtes d'Armor 275 dont 100 gratuits -
  • Ille-et-Vilaine 146 (baisse de 13 dates) dont 41 gratuits -
  • Loire-Atlantique 90 dont 40 gratuits. 

Chaque mois 12.500 personnes vont danser en Fest-Noz ou Fest-Diez (hors juillet/aôut)

Dans la programmation d' Ille-et-Vilaine on compte 61% de groupes, 17% de duos, 13% de chanteurs et 9% de sonneurs.

Sources : "Tamm-Kreiz" - N'oubliez pas d'y adhérer !